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Penser Plus pour Vivre Plus
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dans notre
FORT INTERIEUR
viktorsberg inspirations 2010
Patrick Lener
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PRENDRE DANS LE MONDE CE QUI NOUS EST NECESSAIRE - Nous laissons venir en nous par continuité, habitude, et peur de les refouler des tas d’informations qui nous sont personnellement inutiles. Notre pensée laissent se sédimenter en nous des lieux communs par lesquels nous nous croyons en communauté mais qui n’ont rien à voir avec nos aspirations. Il s’en suit que nous précipitons nos actes en subissant le monde plutôt qu’en nous préparant calmement pour y agir. Seules l’acquisition d’informations intimement nécessaires, la réflexion pour savoir qu’en faire, le courage, le perfectionnement et enfin la satisfaction d’en jouir sont le déroulement correct de notre fonctionnement. Là uniquement doit être notre action.
L’ACTION EST CE QUI NOUS MONTRE AUX AUTRES - Ce que nous pensons et disons de nous est un amusement. Le beau ou le laid que je ressens de moi n’a aucune efficacité pour me rendre séduisant ou repoussant dans une relation où il faut être au moins deux dont chacun pense par lui-même. L’action seule nous construit et nous rend attractif par les arguments de partage que nous pouvons proposer aux autres
LIBERTE ECONOMIQUEMENT ENCADREE - Les éléments et les faits sont libres et disponibles autour de nous pour que nous les chevauchions délicatement et sans possessivité, le temps de notre vie. Leur liberté les rend insaisissable ; or l’homme veut domestiquer la nature, créer des hiérarchies du fort sur le faible, protéger par des barrières…et insérer ses actes dans une économie ignorante de la liberté de départ qui sera pourtant renouvelée à chaque naissance de nouvelles vies.
SAVOIR ETRE COMPETENT CHEZ SOI - Nous souffrons de ce que nous subissons. Nous jouissons lorsque nous agissons. Comment choisir de ne pas subir et de ne faire que ce que dont nous avons envie ? En voyant clair autour de nous pour distinguer ce qui est à nous et ce qui n’est pas à nous. Nous nous laissons envahir par une marche globale du monde qui nous invective à le suivre pour notre bien, dit-il, sans nous préciser le mal, parait-il, nécessaire. A aucun moment nous ne prenons le temps de dresser le tableau simple en deux colonnes de ce dont nous avons besoin d’un côté, et de ce dont nous n’avons pas besoin de l’autre côté. Le simple fait de prendre le temps de la décision pour ce bon côté signifie que nous ressentons comme une force compétente les moyens de nos désirs sincères ; alors que nous sommes incapables d’entreprendre et de réussir ce que nous aurons senti mal dès le départ. Le distinguo de ce qui est nous et ce qui n’est pas nous est une méthode binaire où l’on ne peut pas se tromper. Et qui pointe clairement la difficulté lorsque nous devons malgré tout résoudre un problème.
NOS ACTES NOUS SUFFISENT - L’angle de vue de nos ambitions doit manier le compas pour voir loin et large, puis l’équerre pour construire juste et carré. Mais l’on ne peut faire les deux en même temps ou ne faire qu’avec l’un ou l’autre isolément. Nos actes dépendent de notre clairvoyance à voir ce qu’il y a à faire puis de nos courage et compétence pour le faire. Ne vient qu’ensuite le résultat et ce que l’on en dit. L’acte c’est nous. Le résultat ce n’est pas nous. Justement la priorité que nous donnons, à tort, au résultat nous fait oublier en quoi il consiste et desquels de nos actes concrets il aurait eu besoin pour exister. Au contraire et en bonne raison si nous commençons par l’acte nous sommes au moins sûr d’avoir la jouissance de l’agir. C’est un acquis que personne ne pourra jamais nous reprendre. Les actes successifs, sans attendre le résultat et son cortège de commentaires, construisent
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notre solide et libre édifice, même si nous devions être le seul à en avoir cette appréciation positive.
LES PEURS VIENNENT DE L’EXTERIEUR - Tous les malheurs et bonheurs du monde ne nous concernent pas alors que l’information aime nous interpeller et nous prendre à parti pour que nous en devenions « formé » ou pour le moins ensemencé. La petite graine tombée dans notre hasard, au lieu d’être filtrée par notre volonté, vagabonde en nous et emprunte tous les chemins de notre sensibilité. Jusqu’à ce que nous soyons en présence d’une montagne effrayante ! Pourquoi cette peur devient-elle un état de « fait » pour nous ? C’est parce que à un moment précis notre attention a baissé la garde et que nous avons incorporé en nous le fait par passivité et émotivité. Le visage douloureux du sidaïque ne risque pas d’être le nôtre si nous n’avons pas de relations sexuelles exposées. Il faut refaire le chemin inverse afin de voir le moment précis où notre imagination a pris possession de ce qui n’était pas à nous. Notre imagination a laissé pousser une peur qui a maintenant atteint notre être sensible. Pourtant dans le profond de nous même cette peur n’est qu’une visiteuse qu’il est facile d’expulser puisque son identité originelle est hors de nous.
NE PAS ANTICIPER NOS FACE A FACE AVEC LA REALITE - Désirer le possible et ne craindre que dans le possible. Le possible est ce qui peut seulement arriver parmi toutes les variations de croisement entre nous et les éléments naturels et humains qui nous entourent. Ici et maintenant, notre positionnement géostratégique est à définir avec une précision extrême. Sommes-nous oui ou non à un point de rencontre inévitable ? Car le croisement, et donc la confrontation, n’existe que si des éléments viennent de nous, que si des éléments viennent à nous ! Dans ce champ magnétique nous sommes des aimants obligés tantôt positifs avec des désirs, tantôt négatifs avec des craintes. Désirs et craintes s’ils sont véritablement les nôtres peuvent être canalisés vers des tâches, vers des actes, dont l’inévitabilité doit nous pousser, quitte à faire, à en être victorieux. Mais tant que la crainte ou le désir ne sont que des imaginations hors de notre champ d’aimantation nous sommes des moulins du vide. Nous pouvons romantiquement nous essayer au désir ou la crainte d’un probable, d’un possible qui ne serait pas encore arrivé. Mais notre ration quotidienne de bonheur se trouve dans les actes que nous réalisons ; alors que notre lot de malheur vient de notre décalage entre désir et réalité.
AGIR QUELQUE SOIT LE MONDE - Tout ce que nous croisons est spectacle de la vie : des personnages, des décors, des situations ; dont nous sommes tantôt acteur donc partie prenante et responsable de ce qui arrive en bien et en mal ; tantôt spectateur donc voyeur passif qui n’a aucune possibilité d’entrer dans l’action et de la modifier puisqu’elle ne nous appartient pas. Qu’est-ce réellement ce qui arrive à untel, ce qui se passe à l’autre bout du monde : sommes-nous responsables et si oui avons-nous l’intention de réparer, demain ? Jouir ou souffrir pour les autres sonne creux : la compassion nous fait passer le temps au lieu de nous consacrer à être concrètement utile au service des autres, pour qu’il n’arrive pas malheur, pour que nous n’ayons pas à pleurer avec eux, trop tard.
CONNAITRE L’EMPRISE DE L’AUTRE - Savoir où l’on est, où l’on va, qui l’on est semble aller de soi tant nous sommes informés d’être, démocratie oblige, des individus libres, égaux éduqués, déterminés. Mais les buts que nous nous assignons comportent leur part de dépendance à autrui, de devoir de respect voire d’allégeance envers nos contemporains. Aller quelque part, faire quelque chose, être quelqu’un dans la société suppose d’en connaître et
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d’en respecter le bon sens et les règles de la vie en commun. L’ignorance de l’environnement nous fait déboucher sur des surprises. Partir en voyage « organisé » implique de se laisser organiser et donc géométriquement de faire de la place dans notre liberté d’agir pour que l’organisation agisse à notre place même si c’est pour nous. Le vivre ensemble consommateur mène le double jeu de la séduction de notre individu en omettons de nous dire que nous ne serons pas seul L’autre n’est pas forcément l’enfer mais il se place géométriquement en limite de notre liberté. Aucun concept humain ne peut nous épargner cette emprise. A nous de savoir utiliser la vie organisée dans notre strict nécessaire, et de retrouver le goût de nous dans ce que nous aimons le plus.
NE PAS SE BATTRE DANS LE VIDE - Penser à ce qui ne nous est pas encore arrivé sert-il à quelque chose ? Le bien ou le mal que l’on imagine en pensant à l’avance est complètement différent de la jouissance ou de la douleur que nous en aurons au moment de l’événement. L’opinion formée par ce qui n’est pas encore arrivée ou par ce qui ne nous concerne pas de près ou de loin tient lieu de mode de penser et d’exister, dans un raccourci involontaire d’un je pense, fut-ce n’importe quoi, donc je suis. Nous nous projetons dans ce qui n’est pas nous ; nous y sommes donc impuissants et par là malheureux alors que nous y sommes rien, nous n’y sommes pour rien. Les vrais événements nous mettent dans un face à face combatif où nos forces sont d’égale à égale avec l’adversité en face de nous, et non avec l’opinion préconçue que nous en aurions. SAVOIR CE QUI NOUS CONCERNE - Ce qui nous arrive est le résultat de faits venant de l’extérieur et de l’intérieur de nous. Sommes-nous pour autant obligés de les laisser envahir toute notre sensibilité au point d’en faire notre malheur ou notre bonheur démesuré. Le report de responsabilité sur autrui ou sur notre manque de chance ne nous renseigne en rien pour éviter de revivre d’identiques déconvenues. Nous pouvons qualifier les faits afin de n’en jouir ou en souffrir qu’en fonction de notre exacte implication. Notre admiration ou notre culpabilité doit se baser sur les origines réelles.
SE REJOUIR DE NOTRE UTILITE - Rien n’est à nous sauf ce qui est nous. Etre et non avoir. Aucun « avoir » ne peut enrichir notre être. Souvent notre démarche et notre discours d’humain consistent en un étalement de ce que nous avons et beaucoup plus rarement en une démonstration concrète de ce que faisons Alors que notre usage des opportunités de la vie devrait être un bien commun aux humains que nous servons et à la jouissance d’être utile que nous en avons. Le bien commun tient par l’équilibre de toutes les mains. Dans cette contribution à l’oeuvre nous pouvons crier gloire au travail dont le nôtre. Les autres biens sont de la consommation dans laquelle nous nous imaginons importants en nous les appropriant alors que nous ne devrions que les utiliser.
L’HOMME LIBRE PENSE A LUI - Nous seuls sommes importants de la naissance à la mort au regard de notre destinée. Nous naissons et mourrons seuls en faisant entre-temps des rencontres. Le seul parcours qui est le nôtre exige que nous ayons envers nous une dévotion absolue. Le divertissement de la vie place sur notre chemin des décors, des faits, des personnages dans lesquels nous nous immisçons volontiers, par besoin social d’aimer et être aimé, au point de nous y oublier. Nous faisons des tas de choses si tant est que l’on ne s’occupe plus de soi. « J’ai pas le temps de penser à moi » entend-t-on parfois sans songer à l’aberration que serait un corps décapité qui courrait sans sa tête. La véritable vie ne
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peut être qu’à soi. Sinon nous ne serions pas dotés de faculté de réception, de réflexion, de décision. Une simple construction motrice et robotisée suffirait s’il ne s’agissait que d’être un élément emboîté ou coagulé avec les autres. Nos facultés de libre arbitre nous délimitent un pré carré qui est un jardin bien à nous, que nous devons entretenir avec de la jouissance et de la disponibilité pour le rendre encore en meilleur état qu’il nous a été donné.
ACCUEILLIR CE QUI ARRIVE - La vie est riche d’une foule de faits, personnages, événements dont l’assemblage nous est toujours imprévu. Nous ne pouvons rien pour que l’ensemble soit tel que nous le voulons. Mais nous pouvons nous disposer dans une position d’accueil pour que nous saisissions la plénitude de ce qui arrive et y agir avec l’efficacité appropriée. Etre prêt plutôt qu’être surpris IL RESTE TOUJOURS UNE PARTIE OUR SE BATTRE - Ce n’est qu’une partie de nous qui ne fonctionne pas lorsque nous sommes malade. La seule maladie totale c’est la mort. A la question au demeurant gentille sur mon genou douloureux je suis toujours surpris que l’on s’intéresse à une si petite chose de moi que j’ai presque oubliée. Cette partie de moi si elle veut avoir mal se fera mal toute seule mais je lui interdis de m’envahir les sens et tout le reste d’un organisme qui a besoin d’être sain pour vivre. L’expérience de la maladie extrême ne m’a pas encore permis d’expérimenter tous les cas. Mais la tête dans son rôle volontaire de faire avec les derniers moyens dont elle dispose reste la pièce maîtresse du dispositif de la vitalité humaine.
REFUSER LES SITUATIONS INUTILES - Notre vie est faite de rencontres désirées ou subies, avec des gens, des paysages, des situations ; avec des sentiments, des convoitises, des opinions. Souvent nous ne pouvons ni nous ne voulons d’ailleurs éviter cette confrontation entre nous et ce qui nous entoure. Mais sommes-nous obligés d’accepter d’être envahi, de nous demander ce qui nous arrive parce que nous ne le comprenons pas. Et parce que nous n’y sommes pas prêts, nous nous y sentons inférieurs. Question de timing peut-être mais il n’est jamais trop tard pour faire le constat lucide des situations dans lesquelles nous nous trouvons. Et à partir des faits que nous constatons, de décider ce que nous voulons en faire. L’imagination ne se développe que dans le vide de notre refus de voir les choses en face. Face à face il y a deux parties dont la nôtre qui est le mieux placée pour accepter, adapter ou refuser les situations dans lesquelles nous sommes confrontés. PAS DE TEMPS MORTS TANT QUE NOUS SOMMES VIVANTS - Je ne fais que passer devrait-on dire à la vie : je vais utiliser tout ce qui me sera mis à disposition, je perfectionnerai, j’embellirai, mais je rendrai en fin de leur parcours. L’essentiel est l’intense usage que nous faisons de la vie. La possession hormis le nécessaire pour vivre nous rend suspicieux de ce que l’on pourrait nous prendre, alors que le libre accès à des biens que nous ne convoitons pas nous rend désireux d’y aller encore plus puisque démonstration est faite que cela est possible. En qualité finale de vie celui qui s’organise pour jouir de tout repart de terre avec des valises pleines d’expériences dont personne ne peut le démunir. Alors que la stricte possession physique exige vigilance et état d’esprit de ne pas se faire voler.
CE QUI COMPTE NE SE CALCULE PAS - Raisonner n’est pas la même chose que calculer. D’où le grand problème de la pensée dominante, unique, et idéologiquement incontestée qu’est l’économie, terme élogieux pour ennoblir ou rendre intelligent l’ancien boulier qui calculait. Tout est devenu économie ; et raisonner est devenu en pays matériellement
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développé choisir le plus avantageux en terme de rapports visibles de ce que l’on investit et ce que l’on en retire, le plus rapidement possible. Nous sommes préoccupés d’acquérir, de ne pas perdre, de spéculer par le jeu de nos informations initiées et privilégiées. Là est l’essentiel de notre comportement et de notre raisonnement qui n’est en effet plus qu’un vil calcul. Par là nous ignorons les règles de la construction humaine, dont les traces architecturales sont pourtant encore visibles mais que nous traitons en anecdotes. L’Humain a besoin d’un plan d’ensemble, de matériaux durables, d’une perspective d’un usage désiré des lieux pour se mettre hors d’inquiétude et de troubles ; toutes choses inquantifiables arithmétiquement et immédiatement
NE PAS RENDRE AU MONDE DE LA PASSIVITE - Nous sommes accusés de nous couper du monde si nous n’écoutons pas ce qui nous est extérieur. Notre volonté pour ne recevoir et agir que selon nos compétences garantit au contraire que nous allons consacrer à ce monde nos moyens actifs et non notre sensibilité passive. NE PAS ETRE AIME POUR RIEN - Ce qui nous vient de l’extérieur ne doit nous affecter qu’après une analyse vigilante de notre part : en quoi sommes-nous concerné, quelle est l’origine, quelle est la finalité ? La flatterie essaye justement de bousculer cette progressive perception pour aller directement à notre subconscient plaisir d’être aimé. L’admiration bruyamment exprimée, sauf maladresse pardonnable, porte une empreinte que nous pouvons déceler facilement, à moins qu’au contraire ce soit nous qui soyons venu la solliciter. Le but du flatteur est atteint puisqu’il a un accès direct avec nous, sans obstacles de notre intelligence. Par voie de conséquence le flatté se retrouve prisonnier d’une admiration, avec une réduction de son espace de liberté.
OCCUPONS-NOUS DE NOS AFFAIRES - Les banalités du langage courant nous font jurer des promesses intenables quand elles concernent ce qui n’est pas nous, ce qui n’est pas en nous. Tu ne mourras point ; je ne permettrais à personne de te faire du mal ; tu seras ; tu feras ; tu diras. Autant de flèches dans le vide puisque projetées dans un espace qui nous est extérieur ! Nous projetons nos désirs dans le comportement d’autrui, fut-il notre conjoint le plus proche, alors que nous n’avons aucun accès opérationnel sur lui ; mais seulement une relation sociale, conversationnelle et théoriquement d’égal à égal. Nous nous faisons du mal et nous sommes de toute façon inefficaces lorsque nous nous élevons en possesseur de la volonté des autres NE PAS NEGLIGER NOTRE ESSENTIEL DE SURVIE - Notre moi n’est pas une auto qui roule toute seule sans règles de conduite ni de besoin de refaire son plein énergétique de carburants. Nous ne pouvons pas fuir cette dépendance. Nous avons besoin de manger, boire, recevoir de l’information, de l’éducation, de l’affection dont nous pouvons ensuite moduler la quantité pour notre alimentation et la qualité pour notre épanouissement. Cet ajustement de nous même, préalable et continuellement actualisé à la mouvance des apports extérieurs, nous garantit de faire des choix qui soient les nôtres. Si nous feignons d’être l’oiseau libre qui ne tient même pas compte des courants ascendants ou descendants nous nous brisons immédiatement les ailes. ICI ET MAINTENANT D’ABORD - Notre existence personnelle ressemble à une grande fresque où se succèdent de multiples séquences, scénographies, aventures, rebondissements. Rien ne commence réellement, rien n’est jamais achevé définitivement. Nous prenons le train
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en marche doucement, alors que nous le quitterons forcément par accident ou par épuisement. Entre-temps chaque instant nous convie à participer à ce qui se déroule devant nous. Nous ne pouvons qu’être prêts à ce qui passe ; qui devient, pour nous, ce qui se passe dans notre vie concernée. Ni avant, ni après ; ni trop, ni pas assez ! Notre disponibilité à cet instant ne doit pas être gourmande mais elle doit mobiliser toute notre énergie distinctive. Nous ne pouvons être ailleurs. Nous ne pouvons regretter le passé ni espérer de l’avenir car l’importance de ce qui est devant nous requiert ici et maintenant l’ensemble de nos facultés bien éveillées. Le rythme du passage, qui va plus vite que nous, demande que nous y soyons modestes et modérés dans la prise de biens qui ne manquent pas si nous ne les accaparons pas et en laissons pour tous y compris pour nous lors de la prochaine fois NE PAS EN RAJOUTER AUX MALHEURS DE L’AUTRE - L’apparence des faits, et la bienséance de leur acceptation habituelle nous précipitent par des automatismes vers des situations non réfléchies, non désirées, et finalement inefficaces. S’il arrive malheur à autrui nous devons distinguer ce qui le concerne et ce qui nous concerne. La distinction prend toute son importance pour ne pas laisser se créer une situation de façade qui ne correspondrait pas à la réalité effectivement vécue par l’autre, ni aux sentiments profonds qui sont les nôtres. Au moment du malheur l’autre a un besoin concret de sentiments ou de moyens qu’il faut savoir identifier et mettre en oeuvre avec rapidité et discernement. Ce peut être de la compassion si généreusement nous savons alléger la peine. Mais ce ne doit pas être de l’accablement supplémentaire où nous stigmatisons la douleur. La précision de notre réponse sera ressentie comme une assise sécurisée sur laquelle le malheureux affaibli pourra s’appuyer. Par une réponse mal pensée et mimétique de pleurs et de gémissements avec les pleurants et les gémissants nous creusons physiquement un trou plus grand de tristesse et d’impasse pour en sortir.
LES JEUX SONT FAITS POUR QUE NOUS Y JOUIONS - Le grand théâtre de la vie joue non stop une pièce dont l’histoire, les décors, les acteurs sont hors de notre mise en scène personnelle. Pour autant nous n’y sommes pas spectateurs. La vie nous dit au contraire à tous moments : c’est à toi de jouer. A tous instants nous sommes sollicités pour participer à une tâche ou un rôle que nous ne pouvons choisir mais pour lequel nous devons continuellement être prêts à jouer. Cette disponibilité de nos moyens ne nous donne aucune prérogative pour décider de l’action globale mais un espace de liberté, une marge de manoeuvre pour nous exécuter selon nos talents et notre tempérament notre partition dans l’harmonie globale. IL RESTE TOUJOURS QUELQUE CHOSE A FAIRE - L’annonce d’un événement ne nous met pas dans l’obligation de le subir sans broncher. La distinction est importante pour considérer que les faits ne sont que prévus , c'est-à-dire non encore réalisés ; et qu’ils englobent indistinctement dans ce moment prévisionnel des acteurs de toutes catégories dont je ne peux pas être assuré de faire partie. Peut-être s’agit-il de mon travail, de mes finances, de ma famille ? Mais il n’est jamais sur que le destin qui ne s’est pas encore accompli veuille s’acharner sur l’intégralité de ma personne. En isolant les parties vulnérables du tout que je suis je peux garder des forces en défense, voire en contre attaque, puis surtout en capacité de retraite pour survivre dans une destinée plus favorable. PLEINS POUVOIRS CHEZ SOI - Tout ce qui dépend de nous porte l’assurance que nous y soyons vainqueurs. Vainqueur de nous-même et cela suffit. A contrario, « j’y vais sans y croire » ou « puisqu’il faut y aller » disons-nous parfois ! C’est en nous engageant dans des
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actions dépendant des autres que nous sommes soumis à une logique externe qui ignore notre volonté de gagner ou de perdre.
LES AUTRES, CE N’EST PAS INTERESSANT - Qu’est-ce qu’il est bien, qu’est que je serais bien ! Admirer ou envier peut-il nous servir alors qu’il s’agit d’un un regard vers ce que nous voudrions être, vers ce que nous souhaiterions avoir. C’est une démarche par l’extérieur de nous alors que la construction de notre nous-même ne peut se faire que par l’intérieur de nous. L’imagination que l’autre, personnage ou situation, est dans une condition heureuse ne peut être, de notre point de vue extérieur, qu’une vision que nous n’avons pas la possibilité de vérifier concrètement. Mais à partir de laquelle, et extérieurement, nous échafaudons de ce que devrait, pourrait être notre bonheur. Cette construction à partir d’une hypothèse a le double défaut d’être incertaine et d’appartenir à une situation qui ne dépend pas de nous. Que ce temps de regard admiratif se réoriente sur nos moyens et nos actes pour déceler en nous ce que nous aimons vraiment pour nous et non pour ce qui brille chez les autres NE NOUS FAISONS PAS DE CINEMA - Dans ce qui nous arrive nous voyons immédiatement son impact sur nous ; lequel va très rapidement aller au coeur de notre sensibilité au lieu de transiter par le filtre de notre analyse. Nous sommes blessés et nous en tenons, quitte à nous y enfermer, à la vision de notre sang qui coule et de notre honneur bafoué. A priori tout affront a une origine belliqueuse de la part de quelque chose ou de quelqu’un qui nous veut du mal ! Et le mal que nous ressentons est bien la preuve, croyons-nous, qu’il y a adversaire déclaré. Sommes-nous si sur que l’intensité de notre mal ait été voulue spécialement pour nous ? Ne laissons-nous pas entrer en nous une exaltation disproportionnée. Notre complaisance à nous sentir victime est un refus de quantifier l’événement pour ce qu’il est ; et en lui donnant plus d’importance nous laissons entrer en nous une hallucination n’ayant plus de relation physique avec le mal initial. SANS PEUR AVEC UNE BONNE APPROCHE - Rien ne peut nous effrayer si nous ne refusons pas que le pire puisse nous arriver. Non point la fanfaronnade de celui qui n’a jamais peur, mais une acceptation humble et digne. Nous ne pouvons pas nous en échapper mais nous pouvons nous y ajuster par la bonne compréhension que ce fait ne dépend pas de nous, qu’il est en quelque sorte plus fort que notre volonté ; mais qu’il n’a pas pouvoir de la changer, notre inébranlable volonté de faire face aux événements.
VOULOIR SANS CRAINDRE LE COMMENTAIRE - Le choix de vie de réfléchir nous expose à un pourquoi de ceux qui ne se posent jamais de questions. Qui c’est celui-là ? Pour qui se prend-il à remettre ainsi en cause des évidences ? Point n’est besoin d’y répondre par un mépris qui marquerait une hautaine différence. Ce que l’on veut pour soi est la seule chose qui compte ; alors que ce que l’on dit de nous vient d’un extérieur qui ne nous connaît pas et qui à vrai dire n’est pas concerné par notre vie. A moins que la critique à notre endroit ne soit la manifestation d’un désir confus qui n’a pas encore commencé à s’informer tandis que nous, nous sommes sur en chemin. Par la continuité de notre cheminement nous pouvons forcer leur envie de réfléchir à leur tour. Alors que si nous rebroussons chemin nous montrons la faiblesse de notre volonté, et pire l’inutilité de la réflexion qui s’arrête aux obstacles.
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NOTRE GROS OEUVRE N’EST PAS DANS LA FACADE - On ne peut pas plaire à tout le monde, a-t-on coutume de dire comme si on devait au moins plaire à un certain nombre. C’est plaire tout court qui n’est pas sain, par le fait de devoir faire façade de soi, de ne plus y toucher afin que notre monde s’y habitue et continue à nous dire je t’aime ! Ou au contraire à devoir changer quand notre public se lasse vite et demande toujours autre chose. Dans tous les cas notre dépendance croissante des autres réduit notre liberté de nous plaire à nous même ! En n’arrêtant jamais notre construction de nous-même pour plaire un instant nous nous indiquons le sens de notre vrai chemin et non tel ou tel paysage plaisant !
PARTAGER LE VRAI QUE NOUS AURONS TOUJOURS - Alors qu’en théorie Etre et Avoir opposent clairement deux positions entre lesquelles il nous faut choisir, dans la pratique c’est souvent par ce que nous avons - Avoir Ŕ que nous croyons exister Ŕ Etre Ŕ aux yeux des autres et à nos propres yeux. Je n’ai plus rien, je ne suis plus rien. Le monde a-t-il cessé d’exister parce que nos poches sont vides ? Ce n’est que le regard du monde et notre propre regard, qui à partir d’une vision d’absence de biens matériels, remontent sans analyse vers notre tête pensante pour la persuader qu’elle aussi n’existerait plus ! La sollicitation extérieure pour nous demander notre identité, notre raison d’être, interpelle ce que nous aurions à lui montrer de concret, de socialement échangeable. L’extérieur nous demande des preuves. Et en même temps par correspondance nous nous conformons à lui fournir continuellement ces preuves de notre utilité. Nous nous forçons à avoir plus que nous le voulons spirituellement, pour être au moins sur d’être matériellement un convive dans la société. J’ai une voiture bien plus grosse que mes besoins qui témoigne aux autres que je suis potentiellement important pour la société. Sans pour autant donner le moindre signe que cette opulence serait au service de la collectivité en cas de besoin. Est-ce ce que me demandent les autres ? Ont-ils besoin de cette apparence ou se sentiraient-ils plus rassurés s’ils savaient que je suis réellement à leur disposition si nécessaire. Ce n’est donc plus Avoir, et paraître pouvoir partager cet avoir, qui compte ; mais Etre et témoigner de notre existence auprès des autres. Etre est un travail de l’intérieur dans une relation discrète entre nous et nous, sans témoin extérieur à bluffer. Alors qu’Avoir est un démonstration d’accaparement du monde extérieur, vers notre fort intérieur que nous devons ensuite organiser pour protéger et sauvegarder. Ce qui montre que tout compte fait celui qui a n’est pas aussi disponible aux autres que celui qui est. L’étalement des richesses n’a pas d’utilité s’il n’y a pas intention de les partager. De même que l’absence de richesse ne signifie pas que nous n’avons rien à partager. Nous pouvons partager notre Etre qui recèle de manière définitive et inviolable un mode d’emploi de la vie que chacun peut utiliser en accès libre. La véritable richesse de coeur qu’il est susceptible d’en faire sera pour lui comme il est pour nous un trésor intérieur qui se fiche de l’échelle de valeurs et du rang social.
LES MOYENS SUIVENT LORSQUE LE DESIR EST FORT - La justice que l’on exige des autres envers nous commence par une clarté dans notre tête pour être juste entre nos désirs et nos moyens pour les réaliser ! La progression de notre idée de désirer passe par le circuit fut-il court de la validation de notre envie puis des moyens, des efforts, des obstacles à aplanir pour s’en rendre maître. Aussi ne suffit-il pas de dire que l’on n’a pas de chance ou que le monde est injuste lorsque nos envies ne sont pas satisfaites immédiatement. Plutôt que d’accabler le sort Ŕ qu’est-ce que le sort d’abord, si ce n’est un vocable pour assimiler tout ce qui nous échappe - …plutôt que d’accabler le sort il importe de décortiquer ce que nous voulons réellement ! Dans l’absolu un désir dont nous n’obtenons pas la réalisation est une projection insuffisante de notre volonté qui en regard d’un souhait n’aligne pas les moyens. Ces deux
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plateaux inégaux de notre balance interne feront pencher par pesanteur irréversible vers l’impossibilité que le désir s’accomplisse. Notre regard sur cette balance interne rend inutile toute critique vers le monde externe qui ne nous serait pas favorable. Car à vrai dire dans ce désir sans moyens nous ne faisons que demander au monde, aux autres, une faveur pour qu’il se départisse d’un bien commun en faveur de notre petite personne en particulier. PARTAGER DU VRAI SUFFIT A ETRE AIMABLE ET UTILE - Une même situation, comme un malheur qui arrive chez les autres ou qui arrive chez nous, ne nous donne pas une réaction identique. La distance entre nous et l’autre semble nous autoriser à avoir un regard de perspective, avec un champ de vision plus large ayant pour effet de relativiser son cas particulier. Pourtant l’événement est qualitativement le même. Sauf que dans un cas une perte - un deuil par exemple - n’est pas pour nous alors dans l’autre cas la perte est pour nous. Ce n’est pas mes affaires ! Et chacun de repartir l’un avec son vide ; l’autre avec son plein. Comment être réalistes au sens d’utile dans ces situations où ce que l’on appelle nos intérêts divergent ? En s’élevant au dessus de ce vide ou de ce plein pour envisager comment se précipite le vide, comment se maintient le plein. Ni le vide ni le plein ne nous appartiennent puisqu’ils sont des résultats d’une évolution de circonstances sur lesquelles nous n’avons pas eu prise, qui nous sont extérieures, que nous ne pouvons que voir passer pour finalement constater leur échec ou leur succès. Cette étude attentionnée du parcours des actes est neutre de jugement, sans effet de possession, sans que nous puissions attribuer une responsabilité à l’un ou à l’autre. Ayant vu ensemble les mêmes choses nous sommes dans un partage avec celui qui souffre parce que nous pouvons lui témoigner d’un véritable vécu avec lui.
NATURELLEMENT CAPABLE - Puisque ce qui nous entoure est beau, grand, depuis si longtemps force est de constater que le but de cette bonne nature est bien rempli. Partie intégrante de cette force Ŕ de quelle autre viendrions-nous ? Ŕ nous ne pouvons qu’y jouer de la même façon et réussir ce que nous entreprenons. Encore faut-il regarder comment la nature fait et ne pas craindre de l’imiter.
GARDE DE CORPS, GARDE D’ESPRIT - Ce que nous pouvons voir et toucher nous est très cher ; et nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux. Alors que l’invisible et l’impalpable plane bien au-dessus de nos préoccupations. Nous ne supportons pas les brimades physiques mais nous laissons nos esprits être envahis, manipulés, prêts à penser ce que nous ne savons pas et que nous ne voudrions pas si nous en avions connaissance. Ce viol de notre intérieur spirituel est en cours, sauf si nous mettons notre volonté au service de notre esprit et plus seulement en défense de notre corps. PLAISIR INSTANTANE, CONSEQUENCES DIFFEREES - L’animalité dont nous faisons pourtant partie réagit par instinct en tenant compte des tenants et des aboutissants ; peu libre mais quelque part sécurisée dans sa catégorie. L’Homme dont nous sommes aussi, mais au-dessus, choisit de se libérer de ces trop étroites réactions pour prendre le plaisir tout de suite, sans considération des avant et des après. Même si le cri de la Liberté est un proclamé il n’a jamais été ajouté que c’était un état définitif. L’exercice de la liberté ne peut se limiter à un écartement systématique des contraintes de l’amont et de l’aval que contient toute situation. Ce que nous écartons dans l’avant et l’après, en ne voulant pas voir, reste quelque part, comme un tas de gravats portant toujours notre empreinte. LE LONG CHEMIN DE LA GLOIRE - La gloire est un sommet dont on doit voir, en même
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temps que la réussite d’un achèvement, tous les chemins qu’il aura fallu parcourir pour y parvenir. Désirer la gloire tout de suite est donc un raccourci qui oblige à l’acheter, à l’emprunter, à la copier sur quelqu’un de l’autre. Mais elle ne sera jamais véritablement la nôtre. Nous y paraîtrons passagèrement le temps que nous nous en lassions parce que ce n’est pas notre vrai choix ; jusqu’à ce que nous en retombions parce que derrière cette étiquette de gloire il n’y aura jamais aucune expérience pérenne. Parvenu pourra-t-on dire de nous puisqu’ en effet nous y serons venu par un subterfuge extérieur et non par un travail intérieur abouti. Pour qu’elle soit nôtre il faut se la construire depuis le premier petit caillou élément de nous-mêmes que nous polirons et ajusterons avec un deuxième pour former progressivement un chemin. La rigueur du travail à accomplir, la lenteur de sa progression, les va-et-vient de succès et d’échecs ne s’encaissent en nous que si nous en formalisons d’abord la méthode, l’humilité, l’abnégation, la réalité quotidienne. La perspective du sommet glorieux est trop lointaine pour que nous la voyions, trop imprécise dans ses contours pour que nous la bâtissions déjà. C’est l’automatisme, la répétition, l’entretien de la forme et du fond qui construit notre édifice au sommet duquel s’accroche ensuite et tout seul le mot éventuel de gloire. Désirer être réputé est différent de désirer la réputation. CHOISIR CE QUE NOUS OFFRONS ET CE QUE NOUS DEMANDONS - Choisir la vie qui nous correspond c’est d’abord faire l’inventaire exhaustif des moyens dont nous disposons, de ceux que l’on peut acquérir. C’est ensuite faire l’inventaire des exigences de la vie que l’on a choisie. Qui trop embrase mal étreint bien sur ; car les forces et les qualités manquent. A moins de croire pouvoir les trouver dans l’immense supermarché de la société dont les étales nous allèchent avec une disponibilité totale, un accès à crédit, un savoir faire prêt à agir voire à penser à notre place. Comment refuser une telle offre affublée de surcroît d’une aura de civique conscience d’échanges économiques : ce que nous achetons fait par un autre lui permet de nous acheter ce qui est fait par nous. Est-ce bien notre but ? Sommes-nous obligé de devenir le pion de ce grand échiquier de l’offre et de la demande sans pouvoir savoir où nous allons, mobilité oblige ? Avant de choisir la vie compétitive laissons d’abord parler nos exacts souhaits d’existence. Rien ne nous oblige à la course si la marche nous convient. Soyons d’abord conforme, comme une matrice dans son moule, à notre forme originelle. La trace projette notre vie probable. Pour changer la probabilité il faut remonter au moule et envisager si l’on peut en faire autre chose, sans changements majeurs, sans casse irréparable. Ce n’est qu’à partir de cet état des lieux et des structures à modifier que le choix de vie peut repartir. SE SERVIR DES AUTRES POUR MIEUX SE VOI - La liberté prend trop de liberté dans notre comportement naturel lorsqu’elle nous inculque que nous sommes libres de tout. Sommes nous libre de notre pesanteur, de notre lenteur, de nos attributs physiques ? Nous les acceptons parce qu’involontairement s’est tissé en nous depuis notre naissance un sentiment de lien et de solidarité entre toutes nos parties. Par prolongement ce qui nous environne est aussi une extension de ce qui nous compose : la nature qui nous accueille, le père et la mère qui nous engendrent, les frères et les soeurs qui nous suivent et précédent, les voisins qui nous socialisent, la communauté qui nous rassemble. Avec ces faits et liens incontestables il vaut mieux cultiver que contester. L’amélioration du lien rend l’ensemble des maillons de la chaîne plus fort, alors que la contestation de la qualité, la remise en cause du fait établi n’est qu’un cri de désespoir, ne pouvant aboutir dans le fond ; et contagieusement violent dans la forme. La conscience des faits incontestables des liens de la vie est un donjon dominant toute forme d’activisme personnel qui voudrait en contester l’évidence. Et du haut de cette perspective de vue de nous avec les autres nous pouvons nous regarder vivre avec
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eux, indépendamment et respectueusement. DIEU OU LA SCIENCE : LE COMBAT DE NOTRE MOI INTIME CONTINUE - Les règles des religions d’autrefois ont craquées parce que leur temporalité s’est heurtée à la connaissance rationnelle qui apporte un flot libérateur de nouvelle croyance selon laquelle il n’y aurait plus rien à respecter aujourd’hui ! Ce n’est qu’un changement de foi ! Respect des dieux hier, allégeance aux mécanismes de fonctionnement de notre terre aujourd’hui. La bonne connaissance remplace la respectueuse croyance. Question de dénomination lorsqu’il s’agit de Dieu ou de la Science. Mais en dessous, à notre niveau d’évolution dans des phénomènes qui n’ont pas changé, nous avons le même devoir de respect, d’identification des tenants et des aboutissants, d’inventaire de ce qui dépend de nous et de ce qui ne dépend pas de nous. Ni les Dieux, ni la science ne peuvent régler nos problèmes internes. Pas plus que nous pouvons, avec les Dieux ou avec la Science nous occuper concrètement de ce qui n’est pas à nous et de ce dont nous n’avons pas compétence à traiter. Notre relation avec les autres, humains ou éléments, est un rapport frontal et direct que personne, ni les Dieux hier ni la connaissance aujourd’hui, ne peuvent traiter à notre place. Et même les progrès dans la connaissance psychologique de l’homme ne font que confirmer ce caractère essentiel de comportement libre en tant qu’individu mais de règles collectives en tant que membre d’une société. Rien donc n’a profondément changé dans la répétitive et inexorable appropriation que nous devons avoir de nous-mêmes : qui sommes-nous, qu’est-ce qui est à nous, qu’est-ce qui n’est pas nous, que voulons-nous faire de nous ? Dans ce cadre volontariste ainsi défini nous n’avons pas plus qu’hier à nous plaindre des Dieux ou de la Science puisque par ces croyances ou connaissances disponibles nous est donné par la foi hier, l’expertise aujourd’hui, la possibilité d’entreprendre, de nous prendre.
NOUS SOMMES NOTRE DESTIN - La rumeur du monde distille tous les jours de nouveaux signes qu’en bon voyeur passif nous sommes enclins à interpréter pour notre propre vie. A nos liberté et désir de faire seul s’adosse comme un contre tuteur cette inclinaison, inclination, vers ce qui serait notre destin ; ignorant et faisant abstraction de ce que nous sommes déjà et réellement. Le tuteur agit à notre place ou plutôt prend une place de direction de notre vie pour laquelle il n’est pourtant pas fait puisqu’il nous est extérieur. Mais qu’il est confortable de se laisser porter, de se laisser pousser, dans un destin qui ne vous demande ne plus réfléchir, de ne plus réagir, mais tout simplement de suivre ! Jusqu’au moment de la découverte que la voie n’est pas la nôtre, que les moyens ne nous correspondent pas. Car le destin suggère toujours, avec une force qui trouve sa limite dans notre liberté réveillée, notre vrai moi. La disponibilité à la liberté pour agir doit être notre préoccupation intérieure principale même si nous pouvons entre-temps nous divertir de signes extérieurs. FAIS-TOI TOI-MEME - La recherche de soi est une manière d’atteindre le moment de notre découverte. Qui suis-je ? Où vais-je ? Pour y parvenir et en chemin nous ne pouvons être démunis de l’instrument de soi : un soi non pas sur de lui, mais sur de sa volonté d’une méthode de recherche. PARLER PLUTOT QU’EXISTER - Parler pour ne rien dire est une évidence dont on veut se garder mais le problème est que le bruit de nos mots nous est plaisant et précède la signification de leur dire. Sans parler, c’est le cas de le dire, de l’occupation sociale apparente que représente l’expression orale et le vide apparent aussi que représente le silence. Pour autant il existe les mots sur rien qui ne sont que du bruit de mouches à nos oreilles. Notre parler doit comporter un but, une volonté émanant de nous de transmettre un sentiment
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pouvant être intéressant pour notre auditeur. L’étalement d’états désordonnés, de ce qui n’est même pas notre pensée mais seulement des sensations en vrac, forme un champ chaotique incompréhensible de mots lâchés comme des gravats blessants. SENS ET NON SENS - Nos paroles doivent aller en forme dans le sens de l’autre, par la langue, le rythme, la mesure ; et en fond avec ce qui peut lui être audible, compréhensible, sensible. On ne peut forcer le langage sans ces précautions à moins de tomber dans l’éructation quasi animale qui ne convient pas entre membres du genre humain criant ainsi comme des bêtes ! S’AMUSER EST SERIEUX - Rire est le propre de l’homme dans un règne où ni le végétal ni l’animal ne s’esclaffe. Parce que l’homme est le seul à se voir et à se trouver parfois ridicule. Cet amusement de soi est précis et rare, en corrélation exacte avec ce moment pudique d’introspection. LES ACTES SUFFISENT- Il n’est point besoin de jurer ni même de promettre voire de parler de ce que l’on fera. Nul ne peut nous lier à l’autre. La promesse n’engage que celui qui l’écoute. Savoir de nous, par le comportement quotidien, que nous agirons juste en nous-mêmes garantit à nos interlocuteurs la satisfaction de leur attente à notre égard.
LES AUTRES NOUS MOUILLENT TOUJOURS - La fréquentation des autres implique physiquement et psychologiquement que nous y mélangions nos manières. Nous ne ressortons jamais d’une rencontre dans le même exact état que celui dans lequel nous y sommes entrés parce que ce que nous ressentons se grave tout seul et à jamais dans notre mémoire. Il importe de vérifier ce que l’on est devenu après : enrichi ou souillé mais de toute façon transformé. Car notre attribut de sensibilité nous empêche d’être étanche et ne pas recevoir l’influence qui est comme un effluve dont on ne peut empêcher la respiration.
DEFILE DES MODES EXTERNES - Les artifices de la vie extérieure doivent se limiter à la construction et à l’entretien – Etre bien ! - de notre vie intérieure. Ils ne doivent pas devenir un Avoir plus important que l’Etre. Les nourritures nous alimentent mais ressortent, les habits nous couvrent mais s’usent et se démodent, les richesses se font et se défont, le confort et les honneurs flattent puis se dégonflent. Ne doit finalement rester des choses extérieures qu’une synthèse positive propre à nous maintenir et nous développer par le seul intérieur.
ANIMAL HUMANISE - En envisageant notre corps et ses parties comme une extension de notre moi intime nous sommes plus vigilants pour ne pas le laisser aller là où ne le voulons pas. Les comportements corporels en marge de la loi du bon sens commun sont une gestuelle que nous sommes obligés d’assumer en tant que décideur de départ. Notre normale animalité doit s’accepter comme un état naturel mais non comme un genre de vie au dessus de notre humanité.
SE VOIR POUR SE CROIRE - Nous sommes dans un paysage social qu’il appartient à tout le monde de voir comme il le veut, en bien, en mal ; en totalité ou en partie. Pour ne pas se froisser d’être mal perçu il faut compléter la relation qui nous est faite par celle de notre
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impitoyable analyse personnelle forcément encore plus lucide que le coup d’oeil extérieur. Notre oeil interne ne nous cache rien !
FAISEUR D’IDEES ET PAS DE BRUITS - Les attractions sont des phénomènes qui nous viennent de l’extérieur pour nous divertir. Elles entrent en nous et vont opérer une transformation de notre moi interne, par le filtre de notre sensibilité, de nos faveurs ou de nos aversions. Ce qu’il en reste s’insère dans notre culture. Ainsi enrichi par cet apport nous sommes souvent tentés, nous nous sentons socialement obligés, de déborder d’éloges ou de critiques qui sont plus un jeu rhétorique qu’une véritable émanation de notre réflexion. Ces paroles qui de nous s’envolent participent à un air du temps devenant incontrôlable dont nous sommes pourtant responsables. Nous alourdissons la charge symbolique par un commentaire qui n’est pas forcément réfléchi. De ce qui est donc attraction extérieure il faut se garder de faire du bruit et ne s’exprimer qu’avec une contribution sensée portant une marque intelligible. CHERCHER - Etre bon public des phénomènes culturels de son temps exige d’être un spectateur averti et volontaire dans sa démarche. Ce n’est pas le spectacle qui pervertit mais c’est notre passivité qui nous en rend le prisonnier. Il faut s’y rendre la tête bien informée de façon à ce que les messages, même avec leur effet de surprise, trouvent les voies de l’intelligence vers notre compréhension. LE PLUS IMPORTANT C’EST NOUS - Aucune situation, aucune rencontre ne doit nous impressionner au point de nous donner un sentiment d’infériorité. Pour éviter ce cas mettons-nous dans la peau de quelqu’un renommé supérieur. Comment nous parlerait-on dès lors ? Qu’oserait-on nous dire et surtout ne pas dire. Par cette forme de personnalisation empruntée à autrui nos arguments nous apparaissent devenir plus présentables auprès d’interlocuteurs désormais tenus dans une distance de respect à notre égard.
IL N’Y A PAS QUE LE RESULTAT QUI COMPTE - Nos démarches, y compris auprès de ce qui nous est socialement supérieur, trouvent leur force et leur raison d’être dans la bonne analyse préalable que nous mettons en oeuvre : notre cause est juste, nos moyens sont bons, la situation est ce qu’elle est mais nous l’avons bien appréhendée dans toutes les hypothèses d’y être mal reçu, mal perçu. Ainsi blindé nous portons en nous une charge énergétique qui nous mène comme un élan au bout de l’effort nécessaire. Quelque soit l’issue nous resterons porteur du travail bien fait que nous avons accompli. Ayant apporté à la tâche toutes les capacités intérieures dont nous disposions nous pouvons attendre serein que le rapport de forces nous donne la faveur d’un résultat que nous désirons. ECOUTER L’AUTRE NOUS DEMANDER DE PARLER - Lorsque l’on s’écoute parler en bien de nous il n’est pas sur que les autres nous entendent dans le même sens admiratif. La parole doit être demandée pour être bien perçue ; elle doit être précisée vers l’auditeur, pour que celui-ci s’en nourrisse à son exact niveau de compréhension des mots et d’intelligence cérébrale. Sans cette démarche nos propos ne sont que des émissions soliloques sans perceptions à l’autre bout de la ligne !
PRESERVER NOTRE INATTENDU - Les bonnes manières nous inclinent à être agréable en société : présent en drôlerie mais léger sur le fond des choses. Inévitablement un jour ou l’autre, ce climat doucereux trouve sa limite quand une question sérieuse se pose ; sans penser à nous pour y répondre puisque nous sommes définitivement dévolue à la seule
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plaisanterie. EN PENTE, EN PEINE - La galéjade est bien accueillie pour créer ou détendre une atmosphère de bonne humeur, et pour témoigner du tempérament bon vivant de son auteur. Mais très vite le conteur applaudi est en prise avec un auditoire qui en redemande en le faisant puiser dans un répertoire ne pouvant glisser que vers le bas... Où s’arrêter, où commencer ? Dans le doute de nos limites il vaut mieux rester réservé plutôt que de se laisser aller sur une pente que nous ne contrôlons plus au moment des paroles mais qui resteront dites et interprétées dans leur signification au moment du souvenir. TOUJOURS PRETS AUX PLAISIRS - De tous les plaisirs de la terre celui de la chair est le moins facile à contenir. Il nous va droit au coeur et aux sens. Comment y résister et le faut-il d’ailleurs ? La nature qui se reproduit nous indique sans ambages le chemin mais la volupté qui s’en suit y est le supplément de l’homme. Qu’en faire ? L’immédiate réponse aux pulsions nous ouvre le chemin du plaisir sans passer par l’analyse de ce que nous voulons. Pourtant ici comme partout c’est nous qui sommes acteur même si l’expression dit que notre corps s’abandonne. La solution est que ce soit nous, dans notre entière volonté de l’esprit et du corps, qui allions à la rencontre de ce plaisir. Que nous en ayons préalablement les sens aiguisés et éveillés pour qu’ils vivent la plénitude de la rencontre avec l’instant plaisir. Si au contraire notre corps en cavalier téméraire s’aventure seul sans notre consentement nous voici devant le fait accompli d’un plaisir de l’instant, incontestable. Mais après il ne nous en reste que le souvenir et la transgression de l’acte réalisé sans notre consentement. Dans l’échelle de notre mémoire cette désobéissance entre nous et nous est difficile à admettre et encore plus à oublier. Alors que le plaisir et la volupté peuvent être remis en scène au gré de nos désirs assumés par notre volonté.
CE N’EST PAS LA RUMEUR QUI DECIDE - La justesse de la cause sociale que nous décidons de faire nous galvanise pour y être sans peur et sans reproche. Ce que l’on dit de nous n’a aucune importance : seul le résultat juste escompté est important. Peu importe que les chiens aboient pourvu que notre caravane passe. Notre attention ne doit pas se soucier du jugement extérieur mais se concentrer en notre intérieur sur le devoir de faire la cause juste, sur l’obligation de prendre les bons moyens pour la réussir. A moins que la cause ne soit mauvaise auquel cas il faut procéder à la même scrupuleuse analyse en négatif, faisant fi là aussi du jugement extérieur !
DETENDRE CE QUE NOUS VOULONS CHANGER - Notre tête fonctionne en déclenchant un but particulier pour chaque situation ou personne que nous abordons. Nous savons ce que nous voulons. Nous voulons l’obtenir au plus vite et avec le moins de détours. De l’autre côté abordé la tête fonctionne aussi mais dans une atmosphère différente et presque diamétralement opposée. Bien sur l’explication et l’énoncé de notre démarche éclairent sur ce qui est en jeu . Mais les deux parties se présentent différemment et celui à qui l’on demande de jouer ne montre pas facilement ses cartes. Il faut continuellement avoir a l’esprit que l’autre est d’abord dans son environnement dont il attend respect et égard. Et que ce n’est que dans un état apaisé qu’il est susceptible de commencer à entendre notre question, de comprendre notre raisonnement, d’incorporer dans son schéma ce qui lui est posé, et enfin d’y donner un commentaire qui n’est pas sur encore d’être la réponse que nous attendons.
MESURER SINON REFUSER - Nos forces ne sont pas une prétention mais une réalité quantifiable. Que faut-il pour affronter telle situation ? L’avons-nous. Si oui allons-y ! Si non
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passons à autre chose où nous serons capable et qui elle aussi nous attend. UNE FOULE DE PETITS DETAILS IMPORTANTS - Le diable se cache dans les détails dans la mesure où une toute petite anomalie peut contrarier une grande aventure. Tout est important sinon il n’existerait pas. Comment veiller à tout sinon qu’en ayant un profond respect pour la moindre particule de ce qui nous entoure, et avant même de nous poser la question de sa consistance et de son utilité. Le fait que quelque chose existe nous commande une considération externe, voire interne pour savoir si le détail est inséré dans notre fonctionnement. POUR QUE CA MARCHE - Il faut trouver chaussure à son pied et s’y tenir une fois adoptée, car le pied ne changera pas et la chaussure ne bougera pas non plus. Ce bien aller ensemble permet d’entreprendre de grandes chevauchées dans l’aventure de la vie, sans craindre que notre pas puisse défaillir. Il est ainsi des choix de vie qui sont comme des outils pour avancer au-delà des modes et l’humeur du temps. C’est avec le bon équilibre de la démarche que l’on peut embraser toutes les facettes du monde. Tandis que la préoccupation de s’adapter continuellement aux modes changeantes détourne forcément le regard de l’horizon.
BEAU DE CORPS ET D’ESPRIT - Parure du corps et beauté de l’esprit ne s’opposent et vont au contraire ensemble pour constituer la complète séduction. Le « sois belle et tais-toi » n’a jamais pu être sérieusement de mise pour quiconque a une connaissance et un respect de la personne humaine. L’humanité biologiquement constituée d’êtres égaux ne peut fonctionner correctement s’il est entretenu dans les usages sociaux des distinctions réductrices, des limites de comportements, des inégalités. Séduction pour la sagesse continue poursuit et renforce la première attractivité exercée par le corps de cet esprit. UN ESPRIT CORPULENT - Le corps comme un champ de manoeuvre de notre esprit se doit d’être entretenu, réparé, conditionné pour l’action. Sa visibilité palpable lui donne un poids physique démesuré par rapport à la légèreté de l’esprit. Esprit, es-tu là peut-on d’ailleurs se demander sans humour ? Et pourtant l’esprit est bien là dominant théoriquement le corps mais ne pouvant pas en tant qu’esprit libre l’empêcher de s’abandonner à ses instincts primaires : se cajoler, se nourrir, se parer au-delà de la nécessité de bon entretien. Son exercice de la liberté peut même aussi agir pour conseiller, suggérer, faire savoir que le bien-être corps et esprit ensemble est le meilleur service que l’on peut mutuellement se rendre.
LES RAISONS D’AVOIR TORT - Il croit avoir raison ! Et en effet l’autre est sincèrement convaincu de sa raison contre la nôtre ! Au point que l’exposé des faits évidents n’y sert plus à rien. Pour se sortir de cette situation il faut franchir le cadre des évidences qui ne sont plus d’aucune utilité puisque une des parties ne veut pas les voir. Peut-être a-t-il ses raisons qui n’ont rien à voir avec la situation, peut-être a-t-il des intérêts, des affections, des manques d’informations qui l’obligent aveuglément à prétendre absolument sa priorité sur nous et surtout sur les faits. A ce point de l’analyse on ne peut que le laisser en son état et relativiser entre d’une part les faits sur lequel il a tort et d’autre part le jugement d’avoir raison dans lequel il s’enferme. Réconforté de la sorte nous ne repartons pas les mains vides et nous souffrons moins du choc frontal que nous imposait sa seule proclamation d’avoir contre nous raison !
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LA VOIE - Prendre la vie du bon côté est beaucoup moins fataliste qu’il n’y parait puisqu’en effet toutes choses a plusieurs facettes tout en ne constituant qu’une seule entité. L’important c’est de faire bouger les choses car il sera vite oublié le sens par lequel nous les avons appréhendées. La logique des poids et bonnes mesures commanderait de manipuler les objets ou les personnes par leur côté le plus solide. Il est douloureux de se faire toucher là où l’on a déjà mal ! Doigté donc au sens propre et figuré pour voir les points d’accroche qui seront assez forts pour supporter l’effet de levier en même temps qu’assez aguerris pour ne pas craindre l’inévitable friction. Et pour être tout à fait clair, contrairement à un volontarisme primaire, il ne faut faire du « rentre dedans » PROGRESSIVITE - La présentation de nos arguments respecte un parcours de compréhension logique sinon il ne s’agit plus que d’une imposition de notre pensée. Je dis cela et j’ai raison ne montre que la supériorité que l’on veut à tout prix imposer, quelque soit ce que l’on dit qui n’aurait d’ailleurs même pas besoin d’être exprimé. L’explication de la raison dans le but d’emporter l’adhésion emprunte toutes étapes déductives l’une de l’autre. L’affirmation de la réussite est insolente ; alors que l’explication des étapes qui y ont mené est pédagogique. Ainsi exprimé le cheminement mène à une conclusion courtoise d’acceptation du fait et non au rapport de force obligé. COMPRENDRE AU DELA DE CE QUE L’ON VOIT - Ce que nous disons anticipe une situation que nous ne voyions que partiellement. C’est comme un coup d’oeil qui croit tout voir à partir d’un seul endroit alors qu’il se passe encore quelque chose hors de l’angle de vue. On ne peut pas tout savoir ! Aller plus loin et plus large pour saisir et comprendre d’où vient l’action et où elle va ; plus profondément voir les faits et celui qui les accomplit dans une appréciation de liberté de comportement. Nos sens ouie, vue, odorat, toucher sont des instruments qui remontent de manière simpliste des impressions que nous devons intelligemment interprétées et ne pas renvoyer brutalement en boomerang par nos jugements hâtifs et dès lors incomplets.
PERFORMANCE PERSO - Si l’on doit montrer artificiellement ce que l’on est c’est que notre processus de fonctionnement ne trouve pas en interne la facette de nous attractive toute seule par elle-même. La publicité est faite pour les objets inanimés. L’humain bien construit a une liberté d’expression qui montre naturellement ses voies, et incite celui qui veut les suivre a les emprunter. Par la conduite que nous nous efforçons d’être bonne nous donnons certes un spectacle mais nous n’en sommes qu’involontairement les héros. En ne forçant personne on réalise une exécution intègre pour soi-même et on donne à l’autre une fenêtre qu’il peut librement ouvrir. SIMPLE A DECOUVRIR, FACILE A COMPRENDRE - La société égalitaire précipite tout un chacun dans une course à tout savoir, tout dire, tout commenter tout de suite. Il y faut une totale disponibilité, une accessibilité, un désir de participer sans relâche. Le résultat déçoit car pour qu’il en soit à peu près ainsi la pensée se réduit à un dénominateur commun dès lors en effet partageable par toute la communauté. Néanmoins personne n’y est formellement forcé. On n’est pas obligé d’être au centre de tout ce qui se passe. Chacun peut se tenir en réserve pour capter l’information qui lui convient : attendre patiemment ce qui lui sera compréhensible, prendre les moyens d’apprendre ce qui l’intéresse mais qui demande des accès spécifiques, passer pour ignorant sur des sujets qui sont effectivement inconnus. En société le plus agréable comportement est celui du témoignage vivant à nos contemporains sans que nous ayons à leur en expliquer le mode d’emploi. Laisser notre comportement étaler
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ce que nous sommes sans fausse modestie ce qui serait un manque de générosité ; ne pas débiter notre désir de paraître ce que nous ne sommes pas et que nous ne serons jamais. LA VIE POUR SOI - Les méthodes que nous employons pour performer notre corps et notre esprit sont une recette de notre cuisine personnelle. Ces petits secrets de notre moi intime n’ont aucune assurance de fonctionner chez quelqu’un d’autre, parce qu’il n’a pas faim de la même manière. Chacun voit midi a sa porte. Notre bien aller est un constat à un moment précis de notre évolution qui doit toujours être commandé par un esprit supérieur au corps et aux habitudes. Le comportement du corps et le fonctionnement de l’esprit sont une hygiène indispensable que chacun doit comprendre et apprendre en prenant d’abord conscience de ses besoins, et ensuite en en cherchant les moyens que personne ne peut anticiper à sa place.
NOTRE TERRAIN DE JEU C’EST NOUS - Qui est notre principal interlocuteur dans la vie, avec qui passons-nous le plus de temps ? Avec nous bien sur ! De nous seul dépendent les bonnes questions que nous nous posons. Les autres ont des avis, des éclairages, des compétences, voire des aides qui resteront toujours exogènes, extérieures. N’y passons pas trop de temps car nous en manquerions pour nous. Pour être homogène les réponses doivent venir de nous. Fouillons en nous. CIRCULEZ, Y A RIEN A VOIR - La visibilité de l’homme en progrès sur lui-même réside dans le paradoxe que justement on ne voit pas ses actes mais on en ressent les effets. Ce n’est pas un effacement ou une humilité voulue. C’est un véritable résultat de prestidigitateur faisant disparaître à l’oeil ce qui existe toujours mais qui n’a plus besoin de se montrer pour agir. Le maître d’oeuvre en progrès pousse la virtuosité jusqu’à être dissimulé derrière ses actes sans qu’aucune félicitations, encouragements, flatteries ne parviennent à venir l’en débusquer. Naturellement il n’est ambitieux que pour ses actes, pas pour lui-même. Au point qu’en bon connaisseur de la nature humaine, à laquelle il n’échappe pas, il incorpore en plus un réflexe de révulsion sur ceux qui le regarderaient trop favorablement. Il craint par-dessus tous les ingrédients qui nourriraient son autosatisfaction. L’extérieur lui parvient et l’informe à travers son esprit exacerbé pour qu’il n’en retienne que les matériaux avec lesquels il pourra continuer à se construire et se rendre utile. Il ne retient pas et donc rejettera les commentaires passagers de louange ou réprobateurs car on ne sait que faire de ce qui vient de l’extérieur sans apport concret pour notre intérieur. De cet intérieur justement, de lui-même mais avec quelle force précisément, peut venir la pire menace de le déstabiliser lorsqu’il commence à se trouver bien au lieu de voir ce qu’il doit encore faire.
ACCOUCHER DE NOUS - Un grand chez soi vaut mieux qu’un petit chez les autres. Ainsi pourrait-on inversement dire de ce que l’on croit devoir emprunter aux Grands inaccessibles qui ne nous donnerons que des miettes de leur savoir, alors que les Petits nous donnerons tout à un niveau que nous comprendrons. Ce que nous retirons d’un enseignement ou d’une expérience de la vie est ce que nous pouvons mettre en pratique dans notre vie. Alors qu’un savoir qui nous reste impraticable sera pour toujours un vernis inutile devant sans cesse être actualisé pour rester dans l’attitude mode du paraître comprendre. Nos voies vers le pourquoi de la vie ne sont pas obligées d’emprunter les grandes allées de la connaissance institutionnalisée. A l’origine Ŕ et il n’y a pas de changement Ŕ chaque naissance est une nouvelle demande d’explication du monde en va-et-vient, le temps d’une vie, entre expériences et recherches de fonctionnement. L’anticipation du monde par l’éducation et les connaissances formelles nécessaires à tous ne sont que des outils qu’il
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appartient à chacun de manier selon ses aspirations pour tenter d’ouvrir le coffre de son trésor personnel. Le temps d’une vie devrait être bien délimitée pour que l’on puisse apprendre, puis prendre avec les moyens mis en oeuvre par la société, et enfin comprendre c'est-à-dire prendre avec soi dans son coeur et son intelligence avec les aides personnelles que nous trouvons sans tabou les mieux adaptées justement à notre niveau atteint de compréhension. NOTRE TIGRE DANS NOTRE MOTEUR - La ligne de conduite que l’on s’est librement choisie est en nous une matrice incontournable d’où partent toutes nos motivations, où se valident tous nos comportements, où reviennent en résultat nos actions. Notre roue ne peut tourner que sur notre route. Le commentaire extérieur ne peut mécaniquement lui être utile parce que notre moteur fonctionne avec ses propres pièces d’origine qui ne sont que de notre propre fabrication. TOUJOURS PRET - Trop tôt, trop tard, alors pourquoi pas maintenant ? Les projets d’entreprendre se ressemblent tous si nous en concluons toujours que prêts nous n’étions pas ou que prêts ne serons pas . C’est confondre le bagage et le voyageur. Ce dont on a besoin d’emmener varie selon les circonstances imprévisibles ; alors que notre volonté de partir est une nécessité morale impérieuse. Partez en voyage : même si en partant vous ne savez pas ce que vous allez voir soyez sur qu’en revenant vous aurez vu quelque chose. Notre hésitation à nous lancer dans notre grande aventure se complait dans une revue de détails qu’il ne faut pas examiner individuellement. Le petit trou par ci par là n’entame en rien la solidité d’un grand projet consistant par la somme et l’entrelacement de tout ce que nous y avons entrecroise et tissé ; de même qu’il est tendu comme une flèche par notre volonté de voyageur. Qu’attendons-nous alors ? La peur de partir n’est qu’une manifestation émotive d’un excès de raison que nous érigeons en esprit maître de nous au-dessus de ce que nous qualifions de passion déraisonnable. L’état des lieux, en tous points et tous lieux de tout ce qui fait notre moi interne doit dépasser l’analytique qui n’est qu’une méthode pour envisager le global. Tout ce que nous avons appris, tout ce pourquoi nous nous sommes disposé, tout notre entraînement débouchent un jour sur un précipice qui nous dit de sauter. Encore jeunes et sans expérience de la gravitation nous ne voyons que le trou et la pesanteur qui va nous y entraîner comme une lourde pierre. Alors que nos bagages quel qu’en soit l’état nous ont appris à voler, à trouver les courants, à amortir les chocs, à parler aux oiseaux peut-être. A l’analyse pro statique qui nous ridiculise nous devons opposer le goût et l’appel de la vie dynamique. Ni les bagages ni le voyageur ne se cassent jamais les reins dans l’expérience de la vie. Ils prennent des coups. Les voyages forment la jeunesse et ne déforment que les valises.
LE DROIT DE REPOSER LES QUESTIONS - La théorie et la pratique ont la fâcheuse tendance d’arriver inversées dans notre cycle d’apprentissage de la vie. On apprend par coeur et ensuite on applique en essayant de comprendre ce que l’on fait. Ce déroulement est obligé tant que les générations se suivront avec leur bagage de savoirs faire précédents. Mais savoir n’est pas devoir sans essayer de comprendre, de prendre avec soi, pour qu’une vérité dans l’absolu devienne la nôtre en particulier. Tous les commandements, les dix par exemple, sont des lieux communs sur lesquels personne en général ne veut revenir mais qu’il est intéressant de penser individuellement. Tu ne tueras point ! Très bien, mais en fait quelque fois j’ai une envie de tuer… attitude mentale auto permissive qui entraînerait à ce que d’autres aient peut-être aussi envie de tuer… quelqu’un comme moi. Qu’aurais-je gagné si ce n’est d’être mort à côté d’un autre mort. Convaincu ? D’où nécessité de l’interdiction et de son autoritaire commandement. Je comprends pourquoi je ne suis pas autorisé à tuer. Ainsi en est-il de toutes
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les règles dans leur état de perfection finale fermée si nous ne nous en expliquons pas le pourquoi de l’origine, à notre niveau. C’est en osant confronter les règles d’aujourd’hui à notre animalité éternelle que nous nous ressaisissons inlassablement en homme ne faisant pas juste après ce qu’il s’est interdit de faire juste avant !
INCAPABLE D’EN PARLER - Le destin et le plus fort que nous rejoignent un domaine étymologiquement sur-naturel sur lequel je ne sais penser avant même de m’exprimer. C’est dire ou plutôt ne pas savoir dire l’embarras pour commenter ce qui serait plus fort que nous. Inexistant, Invisible, impalpable mais magnétiquement attractif pour nous indiquer une orientation naturelle dans laquelle quitte à faire nous nous sentirons mieux en symbiose que dans une orientation contrariée par notre simple propension méfiante à faire l’inverse de ce qui se présente.
PLUS TARD - Respecter l’invisible n’est pas une soumission mais une remarque sur la limite de nos perceptions que nous acceptons toujours de perfectionner dans les chemins de la connaissance. Chercher n’est pas croire.
SE LAISSER FAIRE - Qu’importe que nous ne connaissions pas par la raison toutes les voies de notre accomplissement. Laissons devenir ce que nous sommes invisiblement. Une fois vérifié notre bon fonctionnement les chemins d’accès mènent tous à notre point central. LA STATUE DE NOTRE LIBERTE - Le bon usage à notre gré de ce que nous pensons et de ce nous avons en nous est la chance caractéristique de notre humanité. Riche par ce qui nous est intérieur. Un grand merci à tout ce qui concourre en plus de nous à cet aisance, à cette possibilité de remplir notre moi de sensations de la vie dont nous pouvons jouir sans être assujettis à leur obéissance.
LE PRE DU VOISIN - Nous avons tout en nous, à l’image de notre corps qui est autonome. Rien n’est de trop sauf sans doute le plus social qui nous attire, nous repousse, nous confronte en tous cas avec les autres, hommes, espèces ou objet. L’expérience que nous seul pouvons quelque chose pour nous ne nous décourage pas d’aller essayer de picorer ailleurs sur le pré que nous croyons plus vert que le notre, à côté. Manque d’appréciation et de justesse à notre égard ; ou défaut de fabrication irréversible de notre humanité ? ATTENDRE LE JUSTE TEMPS -Il ne sert a rien de s’exciter au sujet des éléments qui ne dépendent pas de nous. Puisqu’ils nous sont extérieurs ils font après tout ce qu’ils veulent sans avoir à nous demander notre avis. Que faire contre leurs volontés imprévisibles sinon que leur être patient si l’on peut attendre ou imaginatif d’autres solutions si l’on ne veut pas attendre. L’appel à notre ingéniosité est une voie personnelle par laquelle nous fouillons en nous une adaptation, par laquelle nous tentons de substituer un élément indisponible par un autre que nous pensons rendre disponible. Le renversement de tendances nous est constructif si nous savons rester humbles dans la recherche, au contraire d’être exigeant dans la satisfaction à tout prix. Car dans sa liberté empêchant par principe l’idée de limite, l’homme peut se croire libre de ne plus attendre, pourquoi pas, et libre d’exiger, ce qui est abusivement arbitraire.
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VOYAGE AU BOUT DE NOUS-MEME - La puissance de notre moi interne n’est jamais assez éprouvée pour que nous en ayons un jour une exhaustive et exacte connaissance. Les véritables épreuves ne se racontent qu’après ne pas avoir été désirées. Pourtant il est des relations d’exploit où l’on a pu voir des hommes non seulement ne pas faillir devant l’adversité mais s’en trouver encore plus galvanisés. Les Hommes meurent debout ! Ce n’est pas une question d’endurance du corps ou de l’esprit qui s’habitue aux coups par insensibilité. Au contraire le mal fait de plus en plus mal pour éveiller en soi une statue spirituelle insubmersible de nous qui décide de ne pas reconnaître à quiconque le droit de nous abattre tout de suite en entier. Les coups pleuvent sur les parties du corps duquel l’esprit se désolidarise pour sauvegarder jusqu’au bout l’essentiel.
LA MORT, QUELLE COULEUR - Le seul choix que l’on est sûr de ne pas avoir est celui de la saveur de notre mort. Douceur ou châtiment, ce ressenti d’après coup n’est chronologiquement pas racontable. Reste pourtant une faveur que l’on peut s’accorder en choisissant la plénitude de vie jusqu’au bout. Qui vivra verra…jusqu’au black-out.
WANTED : NOUS - On peut tout empêcher des autres puisque physiquement ils nous viennent de l’extérieur vers notre intérieur qu’il suffit de bien garder. Mais quid de ce qui vient de nous ? Nous ne pouvons nous faire obstacle à nous-même que par l’usage d’une raison externe. En nous il vaut mieux laisser faire pour que le meilleur d’entre nous Ŕ c’est le cas de le dire Ŕ gagne ! DECIDER DE SA FIN - Les condamnations extérieures nous concernent dans notre sensibilité corps-esprit puisque leurs effets coercitifs peuvent entraver notre liberté de mouvement. Mais notre esprit n’est véritablement atteint que par la représentation que nous nous faisons d’être ainsi abaissé. En prenant les restrictions pour ce qu’elles sont physiquement il nous reste spirituellement un esprit clair et entier, inventif dans les opportunités qui restent de rebondir, capable de se ré épanouir en pleine liberté partout et toujours. Il reste toujours quelque chose à faire. N’est pas encore promulgué le jugement dernier qui pourrait décider d’absolument tout sur nous et exécuter cette sentence définitive.
SIMPLE ECHANGE - Partir de la vie Ŕ mourir - c’est rendre posément les affaires que l’on nous a confiées au départ augmentées de ce que nous avons trouvé. Un rendu pour un prêté ! Le reste est interprétation c'est-à-dire un abus subjectif du prêt dont nous avons joui pour transiter sur cette terre.
DANS QUEL SENS - Tout peut se comprendre pourvu de comporter un point de départ et un point d’arrivée. Qui nous parle ? Que veut-on nous dire ? Ce sont des précautions logistiques oubliées dans un monde où bruisse, comme une liberté du rien, de l’informé ne se voulant aucune destination. ON PEUT TOUT FAIRE, CA DEPEND COMMENT - Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens ; car le vertueux « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers » passe d’abord par une réalité de « débrouilles-toi toi-même et tu débrouilleras ton univers ». Notre souhaitable réflexion ne s’épanouit que dans un organisme vivant et donc nourri biologiquement par le fruit d’un travail ; et psychologiquement par le fruit d’expériences concrètes. Notre confrontation avec les réalités, qui semblent à priori nous obliger, passe en
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fait par des étapes d’interprétation où nos intelligences et sensibilités peuvent retourner notre champ de vue. La même réalité selon qu’elle est subie ou accompagnée n’a plus du tout la même saveur. A nous de savoir comment nous voulons manger de la vie, y compris dans un ascétisme refusant sa compromission avec des obligations contraires à ce que l’on croit sincèrement valoir.
UNE VIE, C’EST COMBIEN - Le prix que l’on donne de moi n’a aucune correspondance avec la valeur que moi je me donne. Je connais ce que j’offre. Je ne peux pas tout savoir de ce que l’on demande. Entre-temps je dois vivre à un prix de marché que la demande m’exige. Cet opportunisme fluctuatif n’est qu’une référence ponctuelle dans le cours d’une action de toute une vie dont le prix en fin de bilan ne sera connu de personne y compris de moi.
DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE - Sortir du lot pour s’en distinguer ou pour sortir ce lot de l’anonymat en lui donnant de la distinction. La communauté des hommes requiert notre complémentarité active pour anonymement maintenir l’oeuvre et pour individuellement oser par notre audace de nouvelles voies. La brillance de ce qui est nouveau ne doit pas troubler la quiétude de l’oeuvre en cours. Le contraste des textures brillantes ou non brillantes est un effet optique pour un observateur extérieur ; alors que l’acteur intérieur sait ce qu’il apporte et ce que les autres lui permettent ainsi d’être. Personne n’empêche l’autre d’être ce dont il a envie et se félicite au contraire que toutes les envies ne soient pas les mêmes.
LE POUVOIR DE DIRE OUI - Les opportunités de la vie transgressent notre faculté de leur dire oui ou non. Tout ce qui existe doit d’abord nous demander si cela nous intéresse avant de nous embarquer dans son convoi. Nous ne devons pas être des passagers involontaires voire pire, inconscients. En éveil de ce qui arrive il y a toujours un instant qui est celui de notre consentement ou de notre refus.
CAISSONS ETANCHES - Notre environnement nous accule dans une chaîne de décisions dont la suivante dépend toujours de la précédente que nous aurions acceptée. Puisque tu as dit cela tu dois faire çà…et ainsi de suite…sur ce toboggan où nous sommes une masse qui s’alourdit toujours de son passé. Qu’est-ce qui nous met sur cette pente glissante irréversible ? La prise à partie à laquelle nous sommes sujet doit se limiter à une remarque précise sur telle situation, tel fait dont nous nous sommes rendus responsables ; de sorte que nous devons refuser d’être embarqué dans notre entier dans une critique globale. A chaque point reproché peut être apporté un commentaire voire une reconnaissance des faits autosuffisant pour arrêter l’incendie. S’il y a plusieurs points distincts il faut les traiter un par un de façon à ne donner lieu à aucun effet de propagation. Si malgré tout on veut à tout prix nous maintenir au bûcher il faut laisser l’incendiaire allumer une à une toutes ses pièces dont il veut nous faire nôtres ; il faut lui laisser la responsabilité, ne serait-ce que par devant lui, de faire tout seul ses liaisons de cause à effet fausses et que nous refusons. Il se peut qu’à la fin nous brûlions malgré tout corps et âme et que les cendres de nos refus successifs d’admettre ne vaillent plus rien dire. Il reste un déroulement de l’histoire, dont notre histoire est à nos yeux la plus importante, qui n’aura pas accepté que le faux pénètre notre vie. Ce n’est pas rien, c’est même tout. C’EST TROP POUR MOI - Les adoubements flatteurs de la société à notre égard risquent de faire déborder la coupe de notre bien-être qui est déjà satisfait naturellement et qui en est reconnaissant. Humble dans la joie d’être ce que je suis.
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MERCI LES LUMIERES - Notre corps est sorti de l’ère sauvage et nous en sommes gré aux civilisations qui nous en ont extirpés, de progrès techniques en bonnes manières civilisées . L’homme de Cromagnon ne nous fait pas envie. Mais notre esprit se situe mal dans cette évolution. Il est en va-et-vient entre croyance et raison. Les découvertes et remises en cause des dieux n’y font rien. On admet les faits mais on en regrette leur froid réalisme car on ne peut y mettre de l’espérance. C’est injuste par rapport à tous ceux qui se sont battus pour ouvrir les fatalités ténébreuses et y mettre à la place tous les horizons du possible, y compris comme par masochisme celui de nous dénigrer dans un nouveau schéma de raison à rebours
INSTINCTIVEMENT HUMAIN, BASIQUEMENT ANIMAL - L’imagerie ancienne d’animal à tête d’homme parait être un cliché souvenir d’une période d’obscurantisme qui s’exprimait grossièrement. Comme si cela n’avait jamais existé et en tous cas ne pourrait se représenter aujourd’hui. Cette mythologie était beaucoup plus clairvoyante que notre propension contemporaine à nous croire tellement supérieur aux animaux. A moins que notre esprit se soit animalisé, se soit bestialisé à un point où nous serions, pour finir, les moutons grégaires qu’une pastorale globalisante ferait paître là où elle y trouverait les plus gros intérêts économiques. Sans délire il faut quand même se demander lequel de nous fait l’ange, lequel autre de nous fait la bête ? Le comportement instinctif nous rapproche de l’animal, le comportement réflexif nous rapproche de l’esprit. La voie est de mettre la réflexion en amont de nos instincts non pour les brider mais pour les exacerber dans une meilleure appréciation et exécution de nos besoins. Nous ne pouvons nier ni l’esprit ni le corps animal qui cohabitent en nous selon une harmonie bien faite. Nous nous ménageons inconsciemment à l’intérieur de nous pour que l’esprit puisse dominer le corps : en donnant à la chair des bonnes choses ; en élevant l’esprit dans un rôle éclectique d’appréciation. L’animalité prend le dessus lorsque que nous laissons le corps envahir l’esprit et décider tout seul par son seul instinct, comme les monstres des temps anciens.
BLING-BLING - Montrer ce que l’on a est le procédé grossier pour se donner une valeur d’échange au lieu de fournir une véritable prestation utile. On fait ainsi croire sans avoir à exécuter son oeuvre. Question d’efficacité dans la démonstration, pour emporter plus vite une adhésion à notre cause. Dans l’absolu le procédé n’est pas un abus de confiance si derrière la façade affichée il y a une véritable construction fiable. Dire ce que l’on fait ou faire ce que l’on dit ? L’acrobatie éloquente de notre parade peut induire en erreur celui que l’on convainc mais aussi et plus grave notre propre constitution. La promesse bien faite est un préambule qui ne mobilise pas nos véritables compétences, qui masque peut-être bien de réelles incompétences. Passé favorablement le cap de la première étape nous voici dans l’obligation de réaliser ce que nous ne savons peut-être pas faire ; et en ne pouvant plus contredire notre brillante promesse. Il est trop tard pour apprendre ou expérimenter. Nous avons dit savoir faire alors que nous n’avons su que mentir. Nous ne pouvons que continuer à mentir ! Et nous voici embarqué dans le tunnel dont seule la lassitude ou la colère sont l’issue. Au contraire, et en reprenant par le début, lorsque au lieu de montrer ce que l’on a on montre ce que l’on est la ligne est toute droite. Nous ne pouvons y tromper personne en chemin et nous nous retrouvons en pleine lumière de l’autre côté du chantier qui n’aura jamais été tunnel mais échafaudage construit.
LES PIERRES NONT PAS D’OREILLES - Que faire de ceux qui ne veulent pas admettre l’évidence ? Les laisser à leur condition de sous homme sans faculté d’entendre et de comprendre. Le constat de ces dispositions manquantes a du mal à ne pas dépasser pas le cadre de l’évidence en question ; car en matière d’intelligence à participer à la communauté
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on est clairement volontaire ou réfractaire LE SOUFFLE DE L’ESPRIT - Le corps qui se décompose est une affaire bien visible qui déconcerte le vivant craignant la perspective de sa mort. L’esprit qui ne se décompose pas échappe par la même occasion à notre hantise de son devenir. Il part tout seul, je ne sais où ? C’est pourtant lui qui a tous les secrets. Sans expression corporelle pour se faire entendre sous notre contrôle l’esprit est enfin libre de nous. Cela vaudrait la peine de l’y préparer tant qu’il nous est encore lié !
INOFFENSIVES DIVAGATIONS - Il n’y a que l’Homme pour inventer des mots bateau qu’il fait voguer là où il croit ne pas pouvoir naviguer tout seul : destin, providence, chance. Qui vivra verra sa vie. Ces passages à vide de notre activité intelligente ne sont que des passés ou des futurs de ce que nous engendrons concrètement au présent.
CHAPEAU A TOUT CE BEAU ET BON - La nature que nous trouvons jolie ne sait pas qu’elle est belle. Le soleil que nous trouvons si majestueux ne sait pas qu’il nous chauffe et éclaire. L’eau qui coule sans penser ne sait pas qu’elle est fraîche. Tous ces inconscients de leurs facultés bienfaitrices tournent autour de nos perceptions dans un brillant ballet où nous ne sommes que danseurs parmi d’autres, végétaux, animaux, minéraux. L’étonnant de cette ronde des éléments c’est son intégrité et sa continuité qui se fichent des évolutions. C’est plus fort que nous ! Cà se respecte !
PLEIN DE CHOSES A VOIR, PAS DE QUOI S’ENNUYER - S’il nous été donné de remettre nos pendules à zéro pour recommencer la découverte du monde nous serions béats d’admiration. Plutôt que de courir immédiatement comme un jeune chien sans conscience dans le prêt-à-vivre des modes d’aujourd’hui entreprenons l’inventaire de tout ce qui est à notre disposition : de la nature qui ne nous est plus hostile, à la civilisation qui s’approche de mieux en mieux de nos besoins, en passant par nos congénères humains qui cultivent bon an mal an une volonté de bien être ensemble avec nous, le spectacle est étonnant, permanent et accessible par notre intelligence. Quelle merveilleuse place de qualité occupons-nous. Quelle responsabilité d’être attentif à ce que le show continue de se dérouler bien pour d’autres que nous !
MOI ICI ET MAINTENANT - Là bas je ne suis pas alors qu’ici je suis. Ou plutôt pourquoi aller chercher ailleurs ce que suis déjà ici, ce que je ne ferai qu’amener avec moi là-bas ? Notre jardin secret s’éclaire avec toutes les variations de nos voyages ; il se ressent avec tous les parfums de nos expériences ; il s’appauvrit ; il s’enrichit ; il fleurit ; il flétrit. Mais ce « il » est toujours à nous, où que nous allions. C’est en partant de ce que nous sommes dans notre univers d’aujourd’hui que nous pouvons voyager et espérer voir encore plus. N’anticipons pas nos découvertes qui ne peuvent rien nous révéler tant que nous n’y amenons pas nos facultés de voir et comprendre préalablement constituées. Là bas n’existe pour moi en effet que si j’y suis compétent comme ici! REFUSER LA VIE - A considérer objectivement toutes les facultés mentales et physiques dont nous disposons nous sommes plutôt bien équipés pour affronter l’adversité. D’autres espèces sont moins loties. Il est injuste de laisser notre gémissement accuser notre manque de moyens pour nous battre. Le mal est ailleurs dans les perspectives que nous ne savons plus
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voir, dans la merveille de nous même dont nous ne savons plus nous servir tant nous nous sommes laissé servir.
S’OBEIR A SOI-MEME - Le réflexe de prendre soin de soi n’a pas besoin de longues explications ni interrogations pour qu’il n’en soit pas ainsi. La manoeuvre nous appelle sans nous demander d’en remonter l’origine. D’une manière mécanique ce qui est fait n’est plus à faire, comme une hygiène de vie obligatoire qui nous permet d’être tout simplement bien et fin prêt pour l’action. NE PAS NOUS LAISSER EN FRICHE - C’est en allant chercher l’action que nous ramenons ce qui nous constitue. Nous ne pouvons tourner à vide sans matériaux à mettre dans le fourneau de notre creuset. Non point qu’il faille aller chercher les ennuis mais il faut ne pas craindre de transporter notre savoir faire toujours en cours vers de nos nouvelles découvertes. Nous ne naissons pas expérimentés mais dotés d’une envie d’étendre notre domaine humain. S’y refuser c’est ne rien vouloir apprendre, c’est accepter l’idée de repartir comme nous serions venu, voire même plus démuni puisque nous ne nous défendrions pas
TOUJOURS EN PISTE - Notre construction intérieure n’est pas un édifice achevé pour nous y prélasser. Esprit et corps sont en ordre de marche et non pas en repos du guerrier. Ces facultés préparées à l’exercice de l’intelligence et du geste vont fatalement à la rencontre de nouveaux chantiers, voire de nouveaux apprentissages préparatoires à l’exécution de nouvelles oeuvres. Notre boule de neige dévale la pente et nous devons la maintenir dans la piste.
CONSCIENCE SOUS PERFUSION - Dans le doute de nous et de nos facultés, notre vie - ne serait-ce que végétative - ne s’arrête pas pour autant. Ne sachant ni croire en nous, ni concrétiser nos envies, nous survivons ou plutôt sous-vivons en ruminant un mal être qui a besoin d’être cajolé. Sans ressources internes pour nous soigner nous quémandons la compassion externe qui est ignorante de nos vrais besoins et qui est incompétente pour guérir. Aide-toi, le ciel t’aidera pourtant ! Confusion, inefficacité, pente fatale vers un abandon de la conscience de soi. CE N’EST PAS DE MA FAUTE - Curieux phénomène que celui de se disculper, de se cacher à soi-même. Stratégiquement il se conçoit en théorie que l’on puisse feinter avec autrui. Mais avec soi-même, à quoi cela peut-il servir, quel spectacle de double jeu laissons-nous faire en nous en nous inventant deux moi : un qui reçoit vrai, un qui interprète en faux. La subtilité de notre hypocrisie consiste à nous donner des interprétations d’un acte clair, de façon à le minimiser ou le grandir selon l’intérêt immédiat. Méthode auto persuasive Coué ! Nous croyons par l’opinion que nous nous donnons à nous même transformer une réalité qui ne peut fondamentalement ne rester que ce qu’elle est. Il n’empêche que ce travail irréel d’autosuggestion d’un faux plus favorable qu’un vrai infirme et salit la pureté de nos moyens pour le futur. SE PROTEGER DE LA PROTECTION d’AUTRUI - Notre humanité nous semble incomplète, voire incompétente lorsque nous nous croyons impuissants à résoudre nos problèmes et lorsque nous quémandons protection et assistance. Au lieu de nous précipiter tout de suite en externe vers une couverture sécurisante un tour d’horizon de la terre et des
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hommes autour de nous révèlerait des ressources et des abris qui sont naturellement à notre disposition, sans que nous ayons à faire allégeance à un protecteur patenté. La soumission à ce qui accepte de nous sécuriser a un prix qui est la réduction de notre liberté. La découverte par nous même a une récompense qui est l’augmentation de notre domaine. POUR QUE LE MALHEUR S’ARRETE - La protection, le parrainage, la recommandation sont des ponts que se jettent les hommes entre eux comme si ce lien artificiel pouvait transfuser d’un corps à un autre l’énergie nécessaire à chacun. Peut-on prêter ou recevoir en don ce qui nous est intime et vital ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une interprétation que se donne le plus fort qui protège sur le plus faible. Le secours au démuni devient un business dont on garde le mode d’emploi. Son geste ne serait pas blâmable si au lieu de donner il entreprenait d’apprendre à être fort, à se protéger, à ne pas dépendre des autres. Une espèce de protection préventive en amont qui regarde avant la peur ce dont les hommes ont besoin.
AIMER C’EST ACCEPTER DE SOUFFRIR - Aimer à en perdre la raison arrive lorsque notre amour se laisse aller dans le sens de nos basiques instincts. Le territoire de l’amour est un champ de sentiments qui ne se donnent pas de règles, qui veut au contraire explorer l’infini de la passion. Dans cette perspective vertigineuse tout est envisageable mais tout n’est pas permis. Au nom du statut social que nous avons les uns vis-à-vis des autres l’amour doit s’arrêter à la folie de faire du mal à l’autre. Notre relation d’amour est une suite de circonstances que nous devons toutes assumer. Il ne peut y avoir de bons moments si nous en refusons d’avance les mauvais. Il vaut mieux ne pas être aimé plutôt que de l’être sous la condition d’être toujours désirable. SOLIDITE DE L’ETRE DANS LA VARIATION DU TEMPS - L’analyse juste que l’on se fait d’une situation, dans un espace calme et réfléchi de sa vie, doit pouvoir rester serein aux sirènes voluptueuses qui viennent ensuite l’inciter à changer d’avis ; si la dite situation n’a pas changé ! Ne jamais dire « Fontaine je ne boirai pas de ton eau » illustre exactement cette permanence d’une circonstance qui ne change pas et dans laquelle c’est nous qui admettons de peut-être changer. Les bonnes raisons prises de ne plus boire devenues caduques rendent notre ancienne détermination inutile : alors n’ayons pas crainte de changer d’avis. Mais à raisons identiques la variation de notre humeur n’est pas pertinente pour justifier un revirement qui devient un délestage de notre personnalité. Nous ne sommes plus Ŕ Etre Ŕ par la justesse de notre analyse ; nous avons Ŕ Avoir Ŕ une opportunité qui nous remet en selle. Cette mutation interne de notre Etre en Avoir signifie que nous abandonnons la réflexion pour nous même et lui préférons la jouissance grâce au jeu courtisan avec les autres. LIBERTE DEVIEE - Il est des lettres formant un mot auxquelles il nous semble que tout soit permis : aucun tabou, aucune limite, aucun interdit. Ainsi s’écrit L-I-B-E-R-T-E, liberté ! Franchir, toucher, escamoter le moindre iota de ces sept lettres assemblées devient un viol de la conscience. Sans doute faut-il un grand élan pour propulser une liberté dont on se dit qu’il vaut mieux qu’elle aille trop loin que pas assez. En thème de réflexion d’idées nous avons raison de nous accrocher la notion sur la tête pourvu que nous sachions individuellement l’utiliser et la raccrocher au quotidien avec les impératifs de l’expérience et de la raison. Le rapport avec l’autre qu’est la vie en société a constaté et érigé des formes de vie communes, avec des règles et des codes pour que nous nous comprenions. L’outrepassement trouve immédiatement sa limite dans le refus qu’y oppose l’autre qui vous répond s’il est élégant « ne me fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » En persistant comme un fou à vouloir imposer quand même au nom de la liberté on enferme notre exigence dans notre
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circuit interne exigu et contradictoire. CONSTANCE DANS LE CONTENTEMENT - Notre état de bonheur ou de malheur est le résultat d’une confrontation basique entre notre moi interne et le monde qui nous entoure externe. Si l’environnement nous est favorable nous sommes bien, s’il nous est défavorable nous sommes mal. Profonde erreur que de se laisser ainsi enfermer par cette éternelle dépendance de choses sur lesquelles nous n’avons pas prise. L’extérieur social est notre terrain d’évolution obligée dans lequel nous pouvons mener notre propre stratégie d’être, quelque soient les faveurs ou les défaveurs du temps. Le monde est de toute façon un spectacle de tragédie, de comédie, ou de cirque dans lequel nous pouvons passer sans prendre à chaque fois des postures de circonstances. C’est une fête avec ses vrais et ses faux, ses grandeurs et ses petitesses. Soyons reconnaissant à ces alternances de nous donner la possibilité de les apprécier sans que pour autant nous y noyions. En y voyageant avec notre vrai et seul moi profond nous sommes sur d’être toujours bien accompagné.
ISOLER LE MAL, LAISSER DE LA PLACE AU BIEN - Le défaut qui nous fait mal est tout petit par rapport au grand ensemble des détails réunis qui concourent en tous temps, en tous lieux, à ce que le monde que nous respirons aille bien. Il faut soigner le mal seulement là où il est sans le laisser propager l’idée qu’à partir de lui tout irait en catastrophe. Laissons de la place pour que les belles choses puissent s’épanouir sans avoir à s’excuser de ne pas être laides.
LA PESEE DE SOI - Les arguments « de poids » ou les esprits « mesurés » ne font pas référence à des supériorités chiffrables mais à des perceptions ressenties par l’intellect. Quelle paradoxe dans une société d’économie monétaire où au contraire tout s’additionne ou se soustrait ; alors que le fonds de nos motivations humaines ne peut venir que de que nous sommes en tant que conviction intérieure et comportement extérieur. RETOUR AU PASSE INTERDIT - La chaîne de nos origines ne doit pas sortir de la curiosité anecdotique et du constat. Plus loin, le pourquoi devient un jugement dans une remontée du temps sans possibilité de réparation. Avec des « si » on refait continuellement le monde, en avant, en arrière, mais jamais au présent qui n’accepte pas les « si » de nos conditions. Sans assurance d’autre part que l’application de notre hypothèse à rebours aurait donné le résultat que nous affirmons péremptoirement. Dans toute situation de la vie bien nommée évolutive il faut partir de la situation trouvée aujourd’hui qui est le seul terrain sur lequel nous pouvons bâtir.
OBLIGATIONS MUTUELLES - La Force de la loi concerne les affaires entre des partenaires de la société qui se sont donné des règles à suivre, dans le seul but de rapports harmonieux et profitables entre les uns et les autres. Il y a une notion d’échange d’égal à égal bien avant l’égalité, un égale un, biologiquement questionnable. La situation obtenue des uns dirigeant la loi et des autres dirigés par la loi n’inclut aucune hiérarchie humaine de supériorité des premiers par rapport aux seconds. Les deux sont dans une position d’exécution de leurs prérogatives de donner ou de recevoir, sans aucun abus qui pour le coup contreviendrait la loi et qui serait dès lors punissable. Non pas seulement par les dirigeants sanctionnant les dirigés, mais par les dirigés sanctionnant les mauvais dirigeants. Les deux sont obligés à une conduite de respect au genre humain global dont ils sont. PARTOUT A LA FOIS - La prouesse technologique de pouvoir se voir et s’entendre en
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instantané de n’importe quel point du globe est une conquête de deux de nos cinq sens. Qui l’eut cru il y a seulement quelques années ? Peut-être n’est-ce pas fini quoique que le « toucher », la caresse à vingt mille kilomètres par exemple, semble à tout jamais impossible. Entre-temps le phénomène du voir et de l’entendre à distance doit être relativisé à son exacte dimension technique qui est une retransmission. Ce que nous voyons est l’image reconstituée d’une image perçue, bits numériques grouillants entre les deux. Entre nos neurones, à l’intérieur de nous, point besoin d’impulsions numériques quoique les flux nerveux transportent bien nos perceptions externes pour en faire une réflexion interne dans un champ connectif quasi illimité. La variété des va-et-vient est non seulement qualitative avec des milliers de choses à la fois mais qualitative avec des passages d’un étage à un autre du sol au plafond ; d’un phénomène de vue, sens de voir, déclenchant une réaction olfactive, sens de l’odorat. Ce mélange dans lequel notre cerveau s’y retrouve pourrait être la partie individuelle nous concernant d’une globalité collective qu’est la marche harmonieuse du monde. Des tas de phénomènes arrivent, repartent, laissent des traces dans une chronologie ahurissante qui nous semble dispersée sinon chaotique. Et pourtant Elle tourne ! Se souciant peu ou pas de nos appréhensions, de nos imprécations, et même pour le moment de nos insouciances à son égard. La vision panoramique que nos sens nous donnent intérieurement de la vie nous met en situation de témoin qui ne peut dire : je ne savais pas. Nous pouvons tout savoir de nous. Pouvons-nous tout savoir du monde est une entreprise plus vaste qui exige des introspections dans des sphères extérieures à nous, dont l’accès ne nous est pas permis, dont la gestion ne nous est pas demandée. Au-delà du souhait possible à notre niveau que tout aille bien pour le monde et pour tous, il incombe à chacun de vérifier sa vision et ses moyens, pour que juxtaposés nous formions un grand tout qui n’empêchera jamais qu’Elle tourne.
QUI EST LA - L’isolement que nous éprouvons est un sentiment imaginatif de notre décalage par rapport à un milieu. L’autre qui ne nous regarde pas n’est pas pour autant évaporé. C’est pour cela qu’il fait encore plus mal. Il faut constater qu’un phénomène n’existe plus pour en faire son deuil et recommencer sans lui. Toute vie extérieure devrait disparaître pour que nous soyons effectivement seul
LE CENTRE EST LA OU JE SUIS - Nos promesses aux institutions qui nous gouvernent concernent notre vie de citoyen, dans la cité ; alors que le lien, pour ne pas dire l’identité, que nous entretenons avec notre moi intérieur concerne notre vie dans sa globalité. La distinction est hiérarchiquement très forte pour se considérer d’abord redevable à nous-même et ensuite à la société. Le serment que nous nous faisons et renouvelons sans cesse par notre vitalité est un contrat d’homme à homme à l’intérieur du seul et même homme que nous sommes. A y regarder de très près cette promesse de prendre soin de nous, de nous sauver d’abord plutôt que de faire allégeance à autrui, n’est pas un retrait de la vie mais un ciblage sur le seul centre de notre activité, c'est-à-dire nous. Ce n’est pas se croire le Centre du Monde que de commencer par se bâtir, se fortifier, se rendre inattaquable. Cette dévotion à nous même est si forte qu’elle fait de l’ombre à toutes les autres. Ce qui n’est notre but pour être inattaquable de l’extérieur !
SALLE D’ATTENTE - Le prêt-à-vivre qui s’installe dans nos modes de vie est un contre outil pour l’être humain que nous sommes, qui est arrivé petit pour devenir grand. Homme est synonyme de capacité d’acquérir, d’apprendre, de progresser. Le vouloir tout tout de suite est une aberration puisque déjà, pour vouloir, il faut que se soit formé par maturation une somme
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de connaissances et de préférences. Pourra-t-on un jour trouver de la volonté au kilo sur les étales de la société qui veut tout nous vendre. Un nouveau produit tout prêt s’imposerait dès lors et promis à un succès immédiat : un kit d’attente progressive du bonheur, avec variation du temps du plus court, moins cher forcément, au plus long possible, ce qui serait un vrai luxe. Attendre, quel privilège de riches ! A moins que court-circuitant les marchands nous cultivions calmement notre nous-mêmes dans l’attente naturelle de nos éclosions. LE DROIT D’AVOIR MAL - Notre mal être ne veut pas chercher en nous intérieurement ce qui ne fonctionne pas. La cause est forcément extérieure. C’est le monde, c’est les gens, c’est les événements qui nous empêchent. Nous ne nous posons pas un instant la question de ce que nous serions sans le monde, les gens, les événements. Qui croyons-nous être pour nous mettre non seulement à la marge mais pour critiquer. Personne ne vient à ce moment là nous dire que c’est être schizophrène d’être en même temps dehors et dedans de ce qui doit de toute façon continuer d’exister avec nous ! On devrait nous dire qu’avoir mal en soi n’est pas interdit au contraire. Mais ce mal doit être circonscrit à une situation, à un temps, sans dégénération sur un ensemble de causes et d’effets qui n’en peuvent rien
Y A DE LA JOIE - Et si le cours de notre vie consistait à constater et à dire tout le bien que nous ressentons des phénomènes qui nous environnent. A y bien regarder des tas de choses sont disponibles autour de nous dans un accès libre à notre espèce supérieure humaine au-dessus de l’animal et du végétal. Imaginons la tête que nous ferions si nous étions mouche, caillou, ou brin d’herbe. Ils ne pensent pas direz-vous ! Eh justement la pensée qui appréhende tout sait bien tout ce qu’il y a à notre disposition. Pourquoi alors ne nous le disons pas ? Quelle mesquinerie nous pousse à ne voir que le verre à moitié vide alors qu’il est à moitié plein ? Quelle appréhension avons-nous de nous déclarer heureux de vivre ? Il n’y a pourtant aucun risque qu’une main aveugle nous reprenne le beau jouet parce que nous en aurions avoué la jouissance.
CHAÎNE D’UNION - Chacun selon ses voies exalte ses moyens pour épanouir son temps de vie. Les registres d’activité individuels ne se ressemblent pas pour justement former une chaîne de compétences complémentaires. L’union fait la force et la joie. L’égalité c’est que tous puissent faire quelque chose et en retirer profit, gaieté, et reconnaissance pour ce tissu social de l’entre nous avec son décor de vie. RAISON TRAIT D’UNION - Comment peut aller la raison quand le n’importe quoi a droit réel de cité ! Elle peut et elle doit être beaucoup plus active pour s’imposer comme la seule mécanique qui permet aux êtres et aux choses de se rencontrer sans friction. VIDE DE L’INTERIEUR - Le faux par la force est la condamnation de la condition humaine. Nous ne sommes plus rien lorsque nous sommes forcés à faire du faux notre vrai intérieur. L’esprit capitulé n’est plus qu’un habitacle dépersonnalisé, déconnecté de toutes connections amont et aval dont il n’a plus besoin pour percevoir ; puisqu’une fois pour toutes le faux fait office de conscience. UN HOMME, UN VRAI - La définition de ce qu’est un Homme se suffit par le mot Homme qui contient tout. Les adjectifs ayant pour objet direct ou indirect de le qualifier, les circonstances de lieu ou de temps pour le situer sont contre productives car il faudrait les mettre tous sans en oublier aucun pour que cet Homme ne soit pas diminué par des mots insuffisants. Qu’est ce que l’Homme alors ? C’est celui qui se tient debout corps et esprit
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droits dans une attitude toujours prête à l’action de conquête et de défense de son humanité. Intouchable par ce qui ne serait pas pour l’homme, prêt à tout pour tout ce qui concerne le mieux de l’homme. C’est notre Homme, ce doit être Nous.
ABUS DE SOI - Pour ne pas abuser d’un avantage qui semble être nôtre il ne faut pas se laisser tenter ; ne pas le laisser à portée de main ou d’esprit pour le brandir en trophée. Ce que je suis n’a pas besoin d’être étiqueté comme étant ma propriété. Nous pouvons vivre au milieu de notre environnement en ne considérant nos facilités que comme des outils à notre disposition agile sans nous les approprier possessivement.
LIMITE DU POUVOIR NOUS CONCERNANT - Les hommes naissent libres et égaux dans un état premier qui veut donc, dans l’esprit, les affranchir de conditions et dépendances. Mais très rapidement des embûches pleuvent sur le parcours de la vie pour y mettre de la contrainte. Un fataliste « c’est la vie » explique trop rapidement qu’il faut que des uns s’instaurent en commandeur des autres. Le fond nécessite en effet que des chefs se prennent l’ambition d’entraîner ceux qui n’ont pas le goût d’être meneur d’hommes. Mais la forme du commandement n’inclut pas le pouvoir coercitif sur autrui. C’est le manque de savoir commander du chef qui lui fait adopter une forme violente. C’est la fragilité de sa stature de chef qui l’enferme dans un besoin d’être respecté, admiré, craint. A ne regarder nos dirigeants que pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils se croient être nous pouvons rester bon citoyen et ne pas les craindre. Lui et nous chacun à nos places nous sommes sensés remplir notre rôle. Je n’abuse pas de lui et il ne peut abuser de moi. Les déchaînements de chef autoritaire ne peuvent avoir d’effet sur celui qui ne veut que suivre la loi, ignorant de la dévotion et de la soumission qu’un culte du moi dirigeant voudrait s’arroger.
SIEGE EJECTABLE - Le regard ne sait pas se concentrer sur la seule importance qui est à voir chez l’homme c'est-à-dire son esprit. Notre considération englobe les fastes ou les vicissitudes de son environnement comme si ces objets inanimés autour de lui avaient une âme qui parlerait à sa place. Ce qui est autour de nous nous enrichit ou appauvrit sans qu’il ne se passe quoi que ce soit à l’intérieur de nous même. L’apparat extérieur ne peut nous rendre intelligent. L’illusion ne dure que le temps des opportunistes faveurs dont nous sommes l’objet. TOUT CE QUI BRILLE N’EST PAS OR - L’ère des produits jetables n’a pas commencé hier et ne se limite aux objets. Les conduites intéressées considèrent en matière d’influence ce qui leur est utile et rejette ce qui leur est inutile. Pourquoi fréquenter untel qui ne sert à rien alors qu’il faut se faire voir auprès d’untel pour être assimilé à sa sphère de pouvoir ? Cette aimantation pour ce qui brille n’est pas assurée d’être autrement efficace que pour flatter l’intéressé subjugué. Sa versatilité pour toujours être du côté brillant l’oblige à des reniements et revirements qui lui enlèvent à la longue toute crédibilité. Car seul est important et donc efficace celui qui tient les cordes de la réflexion et de la décision. SAVOIR SE DIRE MERCI - La providence est encensée de louanges par celui qui soudain bénéfice de largesses qu’il n’attendait pas. Loto, mort miraculeusement évitée. La vie est belle avant et après ces instantanés du hasard sans que nous songions à reconnaître la permanence des bienfaits dont nous jouissons. La nature du monde n’a que faire de remerciements formels, car il ne semble y avoir personne au bout de la ligne pour prendre
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note. Là n’est pas la question ! Il s’agit de l’autosuggestion que nous nous faisons ou ne nous faisons pas par rapport au bien être de nos vies. Notre regard admiratif n’est pas une complaisance superflue mais un entretien, un dialogue entre nous et nous pour se constater dans un remerciement mutuel.
VOIR SOI-MEME CE QUE NOUS SOMMES - Faut-il se payer des récompenses pour être important. Car tout s’achète, l’honneur et même la sainteté. Question de prix mais surtout de regard que l’on porte sur soi. Si l’on voit ou ressent de soi un vide il est tentant de le combler par un apport extérieur. Sinon pourquoi mettre une étiquette sur ce que l’on sait déjà être, comme si nous avions peur de nous perdre ; avec le risque d’être assimilé avec tous les porteurs du même nom qui ne le mériteraient pas de la même façon. Quitte à se distinguer allons plus loin dans un élitisme de soi en créant une hiérarchie de valeurs ne s’appréciant que dans l’espace clos de notre conscience. Les autres, que savent-ils de moi ? Qu’ils se contentent de voir la marque de ma voiture qui personnellement ne sert qu’à me déplacer ! SUPPORTER LES NUISANCES - Ce qui est vil ne peut être respecté. Il faut faire stratégiquement avec si l’on y est obligé mais en en préservant son esprit pour qu’il ne s’habitue pas à la soumission et pour qu’il donne à la circonstance sur la forme seulement le courage de tenir bon.
INTERIEUR BIEN RANGE - Nous sommes dans un état de méfiance maladive pour tout ce qui vient de l’extérieur. Qui est celui là ? Que me veut-il ? Que va-t-il me soutirer ? Au contraire pour ce qui se passe dans le circuit intérieur de nos réflexions et de nos décisions tout baigne si bien que nous ne soupçonnons pas un seul instant la pureté de nos démarches. Nous sommes laxistes envers nous-mêmes et nous nous laissons filer le courant de nos sentiments comme si ce qui est nôtre était si irréprochable que cela ne nous regardait pas. La paille dans l’oeil ne l’autre nous intéresse plus que la poutre dans la nôtre. C’est pourtant notre introspection qui est la pierre angulaire de notre fondation pour agir envers nous et pour inspecter, seulement après, ce qui nous vient des autres. Nos mauvais outils d’appréciation de nous même seront identiquement mauvais quand il s’agira d’examiner les situations extérieures.
LE TEMPS NE COMPTE PAS - Entre le plaisir d’Etre et le plaisir d’Avoir la comparaison doit s’examiner dans la durée. Etre s’acquiert, s’entretient et se solidifie dans un cheminement dont la progressivité procure dès les premiers pas un plaisir concret de franchir des marches, d’accéder plus haut et de voir plus loin. Avoir est un renouvellement permanent de besoins réels en même temps que de futilités, dans une fuite en avant sans fin puisque son idéologie comprend l’obsolescence et la lassitude, imposant toujours de recommencer le cycle de la consommation. Etre propose donc tout de suite une jouissance crescendo, alors que l’Avoir est toujours en attente. Le bon sens, lorsque l’on pense à soi et à la satisfaction de vraies joies en nous, est subtil en nous indiquant ce un tiens tout de suite Ŕ tu peux Etre Ŕ plutôt que un demain tu l’auras Ŕ tu posséderas - . Ce n’est pas de la philosophie mais de la comptabilité basique de soi-même. PRET A TOUT - Nous continuons souvent à jouer dans une cour qui nous répugne. Nous jouons des coudes pour accéder aux places que nous haïssions hier. Nous ne sommes pas mieux que ceux que nous conspuons. Pire, nous sommes plus dangereux qu’eux qui se trouvent placidement bien dans leur fange. L’inconscience les innocente alors que notre conscience nous responsabilise. Il nous en sera fait plus grand grief car notre volte face est
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un vol, une falsification, une dangerosité pour tous nos agissements futurs dont nous savons désormais qu’ils sont imprévisibles et opportunistes dans le seul sens de l’intérêt individuel. OBLIGE DE VENIR AU MONDE AURAIT ENFREINT NOTRE LIBERTE - Le plaisir absolu ne peut exister que dans un environnement tout aussi absolu : sans pesanteur, sans contrainte, sans limite, sans charité, sans…sans rien, rien. Tous ces riens ne peuvent s’additionner pour faire un homme. Donc le plaisir total qui se délivre de tous les attributs de la relation humaine ne peut être accessible à un homme vrai. Il faut abandonner son humanité en trahissant sa conscience et ses devoirs si l’on veut choisir la voie du plaisir qu’absolument rien ne viendra déranger. Ce choix même assumé par mille précautions pour n’occasionner aucun dégât collatéral s’oppose au principe d’existence de son auteur. Sa présence et sa capacité pour décider son plaisir absolu d’aujourd’hui sont bien la conséquence d’une société antérieure qui l’a fait naître, éduqué, laissé vivre, exacerbé ses plaisirs dans un but générationnel de continuité ; et non dans un but d’assouvissement du plaisir une fois pour toute consumé et rompant définitivement la chaîne
CUMUL DE DETAILS - Les grands mots cachent bien les petits faits, tandis que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières et la somme des particuliers qui fait le général. Le plus grand commence par le plus petit alors que les Grands événements, hommes, situations mettent un couvercle global sur un amoncellement de petits détails qu’ils ne prennent plus le temps d’inventorier. Derrière l’idée tout serait sensé suivre ; à condition qu’au contraire les détails soient connus, identifiés, qualifiés pour devenir une cause restant claire même lorsqu’elle sera globalisée. Chaque détail pourra exalter dans sa vitalité quotidienne les idées de justice, sincérité, intégrité qui ne font pour le moment que la postérité factice des grandes causes nationales. Si les détails sont justes et bons leurs sommes additionnées et leurs idées synthétisées n’auront plus qu’à claironner et à remercier. Mais les Grands serviraient-ils encore à quelque chose s’ils ne pouvaient plus que proclamer que tout va bien ? GRAND ANGLE SUR LA VIE - Nous ne pouvons pas tout savoir de ce qui se passe à l’extérieur sans faire appel à de bons informateurs. Les éclaireurs que nous envoyons au front de l’actualité doivent nous rapporter le vrai des faits, la vue factuelle de leurs origines, et éventuellement les hypothèses comparées de leurs probabilités d’évolution. Les commentateurs qui nous ramènent leurs opinions ne sont pas des informateurs mais des parleurs, sans que cela soit péjoratif, que nous ne devons respecter que pour leurs idées personnelles. Les faits rapportés ne peuvent jamais se terminer dans un état définitif. Ce qui est vu est toujours un instantané, un arrêt sur images d’un grand film en cours de tournage. Seule l’histoire rapportée nous élargit subjectivement le champ. Mais la continuité de l’oeuvre de la vie dont nous percevons par l’information ou l’histoire une brève vision est un immense grand angle que nous ne pouvons embraser, qui n’a que faire de notre jugement de valeur à ce moment précis de notre petite existence. Son long cours est une pérennité dont notre jouissance devrait nous incliner à un compliment plutôt qu’à un dénigrement. Notre propension à savoir ce qui se passe requiert que nous envoyions au front de la vie des éclaireurs et non des colporteurs. Nous devons avoir un rapport sain avec l’actualité du monde pour que soit bien éclairée notre petite action.
DES HAUTS ET DES BAS - Ce sont les affaires des grands qui occupent le devant de la scène comme si les affaires des petits n’intéressaient personne y compris les petits. Nature
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humaine ainsi faite qui va de plus petit au plus grand dans une ascension irréversible de désirs pour qu’ils deviennent réalités. Ce constat ne nous oblige pas à courir derrière cette inclinaison mais à méditer que les sujets qui intéressent doivent monter et non descendre. Quitte à savoir en complément qu’il y a en bas comme en haut des ruptures et des chutes inévitables et souhaitables pour pouvoir mieux recommencer.
LE PRE DU VOISIN - Réflexe basique que de ne pas regarder ce que l’on n’a pas ou ce qui est à l’autre. C’est une contorsion du corps et de l’esprit de regarder ainsi par-dessus l’épaule ce que de toute façon on ne peut pas saisir.
INSTINCTS DIRECTS - Le maillon faible en nous est celui qui n’a pas la possibilité de réfléchir, ni même de dire oui ou non. Il n’est qu’instinctif aux caresses et aux souffrances que l’on lui fait. Si nous laissons notre corps réagir ainsi toujours en premier mieux vaut battre en retraite tout de suite, nous dire que nous n’avons plus d’esprit, et se précipiter vers le maximum de plaisirs
PLACE ASSISE - Le désir d’une place d’honneur doit se mesurer selon que l’on veut être assis ou que l’on veut des honneurs. La reconnaissance des autres par les honneurs nécessite une première naissance en nous d’un talent et d’une volonté. Il faut travailler, compléter, assumer et seulement après en appeler à être reconnu et à s’asseoir parmi ses pairs. S’il ne s’agit que de parader à côté d’autres mieux vaut acheter sa chaise au meilleur prix du marché, sans avoir à faire des courbettes hypocrites et porteuses d’ambiguïté sur notre valeur et notre personnalité.
POUVOIR ABSORBANT - Si les murs avaient des oreilles ils nous en raconteraient de bien belles. Quel plaisir donc d’être couvert par ces pierres qui phonétiquement absorbent nos bruits et élégamment ne nous les rendent pas. Peut-on être pierre soi-même pour prendre la rumeur du monde mais sagement ne pas la renvoyer. MOTIVATION DU MALFAISANT - Lorsque le couteau de la méchanceté humaine nous blesse essayons de voir l’esprit qui guide notre agresseur. Est-il dans son état normal ? Quelques neurones en lui ne sont-ils pas en train de le lâcher. « Ils ne savent pas ce qu’ils font » disait quelqu’un sur sa croix. Il n’avait pas tort car personne ne se souvient du bourreau alors que la victime compréhensive reste pour toujours une énigme historique. ON NOUS VOIT COMME CA - Le réseau de nos informations, de nos éducations et de nos actions forme en nous une toile complexe illisible à l’oeil nu. Et pourtant se dégage de nous, avec ou sans notre consentement telle est la question, une manière unique de recevoir, voir et faire les choses. Notre opinion portée devient l’identité par laquelle nous serons socialement reconnu. Il est comme ça, celui-là. Nous sommes réductibles à « ça » !
REFLECHIR FAIT LA DIFFERENCE - Les méandres des aventures humaines ont hanté les mythologies jusqu’à ce que le rationalisme remette chaque chose à sa place. Nous savons donc que nous n’avons plus besoin de croire. Physiquement l’homme par rapport aux autres
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forces ne compte pas pour grand-chose ; mais c’est oublier son pouvoir spirituel de diversion face à des éléments qui ne réfléchiront quant à eux jamais. LE SENS AVANT LES FAITS - L’Histoire nous brosse en grandes fresques ce qu’il reste dans la mémoire des grands événements et de leurs protagonistes. Et de nous emmener dans une opinion toute faite de ce qu’il est bon d’en penser en bon citoyen. Nous sommes rarement conviés derrière le paravent de l’histoire, dans son antichambre pour voir comment les hommes s’y sont comportés. Avaient-ils bien préparé leur travail, s’étaient-ils entourés de bons conseils, avaient-ils pris le temps de la réflexion, agissaient-ils en âme et conscience pour la seule cause. Des tas de questions qui dépassent la curiosité pour aborder l’étude de l’homme éternel. Ainsi pourrions-nous nous demander ce que personnellement nous aurions fait à leur place, nonobstant la victoire ou la défaite qui justifierait n’importe quel comportement. Le comportement juste ou injuste n’est pas raison d’état mais sa pérennité dans la conscience humaine est inoubliable. LE GRAND PLUS DE L’HOMME - Le langage dit que l’Homme est un animal supérieur ce qui est suffisant mais malgré tout pas assez. Notre plus supérieur ne précise pas la grandeur de l’écart alors que les tâches qui attendent le genre humain sont autrement complexe que celles binaires de vivre ou crever du genre animal. L’esprit qui qualifie l’homme doit se construire en informations, en compétence, en volonté, en appréciation du bien et du mal, en affection de ses frères humains, en respect de tout ce qu’il trouve sur Terre et devra remettre à son départ. On est loin de l’animal dont on partage pourtant beaucoup des attributs du corps. REBELLE A L’HABITUDE DE NE PAS CHANGER - Certains hésitent à se lancer dans le chemin de leur liberté parce qu’ils perçoivent la menace qu’ils y deviennent des rebelles. La révolte, la rébellion ce n’est pas eux ; eux des légalistes avant même d’être des libéraux. Leur besoin pathologique d’ordre préfère renoncer plutôt qu’essayer. C’est vrai que la voie est étroite et que les bons conseillers de l’ordre préviennent avec une autorité affectée des dangers certains. Fais pas ci, fais pas ça ! Pourtant la liberté n’est pas une libertine qui s’affranchit des règles ; elle ne dit rien de qu’il faudrait faire ou ne faudrait pas faire. La liberté se contente de nous interpeller pour qu’en toutes circonstances nous examinions les champs du possible : que savons-nous, que pouvons-nous, le voulons-nous, alors allons y. Il n’y a rien là de révolutionnaire ni de hors la loi. Simplement une extension permanente du domaine de la lutte grâce à une pulsion d’aller plus loin et parce qu’il y a en nous une graine naturelle de croissance qui nous pousse à nous épanouir. Il est d’abord question de nous remuer nous-même et d’agresser nos habitudes parce que la liberté est une lueur qui nous indique un accessible que nous serions fou de ne pas saisir. Il n’y a là qu’une oeuvre naturelle d’éclosion sans aucune volonté préméditée d’explosion d’un monde socialement accepté.
FORT EN RIEN - La soumission du faible au fort nous touche comme une gifle que nous ne pouvons éviter. L’affront doit nous révolter pour que, faible ou fort d’un moment, nous remettions le principe d’égalité d’accès en pratique et replacions le compteur de temps en temps à zéro. But humanitaire en même temps que notion de bon sens ; car le résultat de trop de forts entre eux affaiblit la force tandis que trop de faibles entre eux augmente la faiblesse.
L’OMBRE ACTIVE - Il y a toujours des volontaires pour accomplir des tâches bien en vue d’un auditoire qui les applaudit ou de personnages importants dont ils espèrent être reconnus. Les oeuvres plus à l’ombre des projecteurs sont délaissés sans que n’y soit porté un regard lucide sur ce que leur exécution nous apporterait : pratique de nos talents, contribution à un
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but, excellence prévisible d’un résultat. L’ambitieux de soi ne peut laisser une telle chance de mettre concrètement pour une fois en valeur sa véritable capacité SAVOIR S’ENCOURAGER - Une sonde plonge en nous-même pour interroger notre travail dans le bien ou dans le mal. Aussitôt nous nous braquons d’être suspecté puisque en extérieur notre belle façade est irréprochable. Sommes-nous utile ou inutile aux autres la sonde insiste ? La question ne se pose pas puisque déjà nous nous débattons comme de beaux diables dans les affres de la vie. Ce n’est pas à nous qu’il faudrait venir faire des leçons de morale ! Pourtant on ne nous demande pas grand-chose d’autres que tout en ayant déjà fait bien, ce que personne ne conteste, nous ne pourrions pas faire encore mieux de tous ces merveilleux outils de conscience, de réflexion et d’action que nous ne manions pas trop mal. Notre coup de sonde n’est pas une critique extérieure. Son introspection est une vision d’harmonie qui tempère notre suffisance et renvoie nos actions futures dans une gratitude et un esprit de partage avec ces éléments si bons qui nous entourent. AUSSI FORT QUE N’IMPORTE QUI - La stature de l’homme lui permet un positionnement égal à égal avec tout ce qu’il rencontre. Ce que les décors ponctuels de la vie nous imposent pour nous mettre en scène d’infériorité est une entreprise d’illusion dans laquelle nous nous laissons prendre. Le besoin d’être protégé par les éléments ou par les hommes puissants nous amène à ne même pas nous projeter dans un face à face où nous nous donnons d’avance le rôle de perdant. Le rapport de force souvent nous est en effet défavorable. Mais nous y ajoutons tout de suite un fatalisme de la défaite avec lequel même un puissant aurait toutes les chances de perdre ! Alors nous qui sommes en effet plus faible ! Le fait que nous soyons seul face à l’adversité est un défaut en nombre de combattants disponibles et une qualité en tant que rapidité et unicité de décision. Nos arguments de combat simples et clairs nous pétrissent dans une fermeté naturelle et une joie initiale d’être à la tâche mais libre. De l’issue de l’affrontement dépend notre survie physique tandis que nous avons déjà gagné intellectuellement la bataille de l’esprit.
FETE INTERIEURE - La cour des hommes en vue autour de nous parade et nous incite malignement à la ronde. Il suffit de faire bonne figure et bons actes pour suivre un rythme qui ne nous appartient plus ; alors que continuera toujours à frissonner en nous les beautés de notre construction intérieure désormais étouffée par le vacarme extérieur.
LIBERTE LIBREMENT CONSOMMEE - La société nous convie à sa fête de la consommation en nous proposant des liens libres apparemment entre esprit interne qui désire et notre corps externe qui pratique. Nous n’en prendrions que ce que notre volonté décide ! Pour nous convaincre de cette liberté de nos actes l’esprit doit rester vigilant pour n’être lui pas aussi convié à bien consommer. Car sinon corps et âme sont définitivement esclaves.
FORT INTERIEUR, OUVERTURE EXTERIEURE - La méfiance envers soi est une qualité qui permet de ne pas s’illusionner sur la qualité de nos informations, sur la pureté de nos réflexions, sur la détermination de nos décisions. Ce qui sort de nous doit être sûr ; et nous le pouvons car nous en détenons la clé d’entrée et de sortie. A l’extérieur on ne peut que croire ce que l’on voit d’une manière large et à priori confiante ; puisque de toute façon c’est dans notre analyse intérieure vigilante qu nous déciderons quel usage nous ferons de ce qui se passe autour de nous.
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FUITE ECLAIREE - Méfiance interne et confiance externe permettent d’évoluer sans crainte de l’obstacle petit ou grand, puisque c’est à l’intérieur que se passe toujours le rejet de ce qui ne convient pas. La fuite devant l’adversité doit toujours passer par la case interne de notre analyse pour ne pas nous précipiter vers pire de ce que trop rapidement nous voulions éviter.
AGIR CONCRETEMENT COMME ON VIENT DE LE DIRE THEORIQUEMENT - La description n’est pas l’action. La consigne de nos idées sous forme de propos, d’écrits, de témoignages n’a pas d’autre valeur que celle de la bonne intention ; puisque nous exposons sommes toutes ce que nous aurions à faire si placé dans une occasion demandant une action concrète. C’est un début louable à condition qu’il soit accompagné par l’exécution d’actes réels. Il y va de notre crédibilité extérieure de ne pas être qu’un conseilleur ; mais surtout de notre maturité intérieure qu’il faut cimenter avec des matériaux réels. N’attendons pas la grande aventure qui peut être rare alors que le quotidien nous demande de désirer selon une analyse sincère, de régler notre opinion avec la seule vérité à notre disposition, d’oser affronter la critique houleuse ou le bannissement de nos contemporains, d’accepter la pauvreté si la richesse nous rend esclave, de souffrir en silence plutôt que de gémir avec la compassion d’autrui. Tant que nous ne sommes pas performants dans l’exercice à vif de la vie nos expressions sont des intentions, comme si nous commencions par raconter ce que nous aimerions bien faire quand nous en aurons le courage. BRILLONS DIRECTEMENT, SANS RECOMMANDATION ENCOMBRANTE - Tout ce que l’on dit de nous en bien ou en mal n’a aucune efficacité mécanique pour nous rendre bien ou mal. Ceux qui nous rencontrent savent apprécier le vrai de nous qu’il est trop tard pour masquer derrière les meilleures recommandations. Plutôt que de chercher le compliment et le soutien appuyé qui n’engagent que l’auteur laudateur le travail sur nos réels biens et mals est le premier pas pour se rendre visible. Ce qu’éprouve naturellement l’interlocuteur est définitif, sans allégeance ni contrepartie. Parlons immédiatement à ses sens, qui ne le trahiront pas, alors qu’il se méfiera à juste titre de ce qu’un autre aurait dit de nous dans un contexte qu’il ne connaît pas, et dont la seule réalité est la faveur que nous sollicitons.
ENLEVEMENT - Désirer et séduire méritent que nous y ayons un parcours vraiment innovateur. Constituer notre offre, la rendre attractive, la mettre en bonne visibilité d’autrui, lui donner une impulsion conquérante, choisir son champ d’action, repérer les obstacles, détruire les défenses, avancer en conquérant, et enfin seulement le repos du guerrier. Ce travail se construit, sur et avec notre véritable identité puisque c’est elle authentiquement que nous voulons projeter sur l’être ou le territoire convoité. Prendre à l’autre sa possession, comme par exemple piquer la femme de son meilleur ami, n’est plus de la séduction mais de la confiscation à autrui. Le rapport de force du séducteur est facile puisqu’il s’agit de faire extérieurement le beau alors qu’il n’y a eu nul travail de naissance, conquête et maintien de la chose aimée. On vient simplement enlever, kidnapper.
LES LOUPS MANGENT N’IMPORTE QUOI - Communauté désigne un partage accepté entre des êtres vivant ensemble en bonne compagnie. Ils y produisent et échangent ce que chacun sait faire de mieux pour aboutir à une nouvelle donne dans la répartition des richesses. La valeur ajoutée par chacun définit le début d’un concept de propriété. Dès lors les biens
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produits et enrichis ne peuvent plus être récupérés vulgairement comme si il ne s’était rien passé entre ces hommes de la communauté. Les éléments mis au départ en commun prennent par l’habileté de chacun une destination personnelle liée à leur transformateur. Les êtres et leur bien autrefois commun deviennent relations courtoises particulières de respect de l’espace de l’autre, sauf quand intervient le retour du sauvage dans une animalité première toujours renouvelée. De véritables loups carnassiers, se jettent sur les proies comme si elles n’étaient qu’une masse quantitative qui n’aurait pas de qualité. Ainsi les reprises à la casse illustrent encore mieux que ce que l’on va ramasser n’a d’autre valeur que celle de la destruction vers une seule et même fosse commune. Le retour au commun de ce qui a été grandiose au sein d’une communauté stigmatise douloureusement le dépeçage des apports de civilisation, dans ce que nous avions pourtant décidé de produire ensemble pour échanger et respecter nos valeurs ajoutées respectives.
NOUS SOMMES EMBARQUES - Nous sommes dans le bateau de la vie un passager ordinaire qui doit attendre sagement l’arrivée prévue. Nous n’avons pas compétence à faire aller plus vite le navire, à larguer la cargaison, à conjurer le vent. Stoïquement nous ne pouvons que nous tenir coi en nous ménageant la situation de passage la moins inconfortable. L’achat de notre billet ne nous a donné aucune prérogative dans le déroulement des opérations. L’exigence consommateur qui râle quand il y a dérèglement de la promesse de fonctionnement a sa limite puisque réparation de préjudice ne peut intervenir qu’une fois la prestation de passage achevée. S’embarquer c’est donc faire confiance car rien ne dépend de nous. Nous ne pouvons intérieurement que nous occuper d’une seule chose : être bien pour que les soubresauts extérieurs s’amortissent en douceur sur notre moi interne bien apaisé. Tout ce qui peut arriver doit être vécue dans cette ambiance de nous être confié, comme un paquet, que l’on ne pourra pas ouvrir pendant la traversée. Inutile de râler, de crier, d’avoir peur, de manifester, de conspuer en menant la rébellion. La force des éléments si elle se décide à être déstabilisatrice emmènera l’embarcation et tout son contenu sans distinction ni hiérarchie de mécontentement. Notre disparition, corps âme et biens, dans une chute collective étonne notre aspiration à un destin individuel. Nous mourrons, certes, mais pas comme cela ! Eh bien si, parce que notre fonctionnement n’est pas garanti. Nous partons et ne choisissons pas la procédure.
LA FETE N’EST PAS UNE MASQUARADE - La fête doit garder sa fraîcheur d’occasion vraie de distinguer parmi les hommes et les événements ceux qui font heureuse exception au déroulement quotidien. De même les honneurs dispersés aux moyens et médiocres ne les rendront pas performants alors qu’ils troubleront les méritants de se voir confondus dans une étiquette commune illisible. NOTRE INSTANT EST NOTRE MANIFESTATION - En toutes occasions nous sommes une entité obligée de se contenir comme un vase qui doit rester debout. Nous sommes faits d’informations réelles mais aussi d’incessantes interprétations. Nous broyons allégrement du noir ou buvons goulûment du petit lait. L’humeur ainsi changeante dépend des échéances proches auxquelles nous sommes confrontées. Le ciel gris annonce notre morosité, le ciel bleu notre félicité. Ce fonctionnement météorologique nous met en grande dépendance alors que nous pouvons rester intégralement attachés à une constante de nous même, à un but, à une activité dont rien ne peut nous distraire. Le pire qui s’annonce pour demain ne vaut pas que l’on s’y intéresse aujourd’hui, ni demain d’ailleurs, puisque nous ne pourrons pas physiquement nous y opposer. Mais ne lui laissons pas grignoter nos précieuses occupations qui constituent pour le moment encore la forme et le fond de nous tenir droit
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LA MORT SUITE LOGIQUE DE CE QUI PRECEDE - Le cycle de notre vie s’oppose à notre plaisir de rester bien à l’aise et au chaud là où sommes présentement. Oh temps suspend ton vol. Alors qu’il n’y a aucune réalité à ce que nous soyons les seuls à pouvoir rester pareil dans un monde qui n’est jamais pareil : ce qui bouge naît, grandit, mûrit, puis disparaît. L’exception nous déclasserait de la nature dont nous serions pierre inamovible accrochée à jamais. Sans mort il faut considérer qu’à rebours il n’y aurait ni maturité, ni adolescence, ni enfance, ni naissance. Sans mort il n’y aurait aucun besoin de corps à entretenir justement pour ne pas mourir trop vite ; il n’y aurait aucun besoin d’esprit à stimuler puisque nous aurions l’assurance de survie. Le parcours de notre vie est un accomplissement qui s’arrête lorsque nous nous sommes tout donné, que la moisson peut battre notre don et en sortir le grain de notre expérience.
EN ROUTE VERS LA FIN - L’étirement du temps vers la mort commence à notre naissance. Puis en mûrissant on appréhende la proximité proche ou lointaine de la fin. Les supputations ne nous ont jamais rien appris. C’est un écran que l’on sait devoir traverser un jour à petit pas ou au galop. Cà se vaut, sauf si l’on préfère souffrir court ou long pour avoir l’opportunité réelle de se voir partir. On ne choisit pas. On subit Et on ne racontera rien qui puisse changer cette impossibilité de savoir.
DEVINONS CE QUE NOUS SOMMES -Point n’est besoin pour nous d’aller chercher à l’extérieur une information que nous avons en nous. Qui mieux que notre intime savoir de nous-même peut trouver les mots et le moment propice pour nous parler de nous. Nous confronter. Nous réconforter. Osons nous parler et laissons l’imprononçable, l’indicible s’emparer de nous sans ambages, sans préséance ni précautions puisque nous sommes entre nous prêt à tout entendre de nous
L’AUTRE SERAIT MIEUX PLACE QUE NOUS POUR VOIR EN NOUS-MEME - Le conseil vient nous dire ce que nous devrions faire et nous le croyons avant tout par le fait que cette parole nous vient de l’extérieur. Sa position géométrique distante, qui physiquement est un inconvénient, devient au contraire une garantie qu’il ne soit pas trop en intimité ou en symbiose avec nous. Nous nous satisfaisons qu’il soit loin alors que nous, nous nous suspectons de nous voir de trop près. Cet égard à ne pas trop nous voir est paradoxal au moment même nous devons essayer de nous analyser et comprendre. Aduler ceux qui nous voient de loin et suivre leurs conseils est un raccourci pour ne pas d’abord s’aimer et se voir bien soi même. Sans doute refusons-nous de nous écouter pour ne pas avoir à supporter la responsabilité de nos erreurs et pouvoir se reporter sur le conseilleur.
CE QUI SORT DE NOUS EST FORT - Le geste que nous prévoyons de faire trouve son origine dans une motivation forte que nous avons en nous. Qu’importe les obstacles, les préventions, les risques qui de toute façon existent partout. Alors qu’ici, dans notre volonté, nous voulons faire ici et maintenant l’acte fort qui émerge du profond de notre être.
DEMANDER AU BON ENDROIT - Savons-nous que nous demandons l’impossible lorsque nous implorons le destin de nous protéger ou de nous rendre invincible ? Nous formulons des mots vers une destination qui ne s’est jamais vérifiée et dont les protagonistes supposés n’ont jamais prouvé concrètement leur existence et leur efficacité. Qu’importe nous
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semble-t-il puisque nous continuons à croire que cela est possible ; et que nous reportons à plus tard le vrai travail pour en effet construire la protection de nous-même et l’audace d’entreprendre. Pourquoi demander à d’autres d’accomplir ces tâches à notre portée et dont nous connaissons si bien les matériaux et le mode d’emploi pour peu que nous voulions lire, que nous acceptions de nous prendre en main. Que peux nous donner de plus une main extérieure que ce qui est déjà à notre portée et qu’il nous suffit de saisir ? NOUS SOMMES EN CONTINUITE - Ce qui nous environne se regarde dans la longue perspective des origines jusqu’à nos jours ; et même plus loin puisque la prolongation semble évidente. Lorsque l’on met du calme dans cette vision il apparaît une continuité d’ordre, de raison, de phénomènes techniquement et scientifiquement bien emboîtés, d’intelligence que tout aille bien ensemble. Ce grand panorama est un tout qui nous contient et dont nous sommes la très petite partie en taille mais l’identique nature dans la composition microscopique. Cette appartenance n’est pas une allégeance mais une fierté d’en faire partie. NOTRE AMI DE L’INTERIEUR - Il ne faut pas avoir peur de sentir en soi une force qui nous dépasse parce que sa motivation nous est intérieure et spirituelle. C’est un robot bienfaisant qui nous parcourt en labyrinthe aléatoire pour dynamiser notre fonctionnement. L’inquiétude nous vient de cette origine et de ce destin inconnu donc immaîtrisable qui nous veut sans doute du bien mais que nous ne pouvons extirper et identifier. Alors qu’il est beaucoup facile et visible de parler de nos parents, de nos origines, de nos relations qui modèleraient croit-on une fière filiation. Le bon sens commande d’utiliser d’abord les richesses que nous avons en nous plutôt que d’emprunter à l’extérieur des recettes brillantes mais qui ne peuvent pas nous être parfaitement adaptées. Notre réticence à suivre à notre voyageur intérieur s’explique parce qu’il est en nous, avant même que nous ayons décidé de l’avoir. Cet invité obligatoire nous gêne et se pose en empêcheur d’actions mauvaises que nous voudrions entreprendre. Faisons-nous en un ami qui nous explique de plus en plus tout le bien de la nature qu’il porte et qu’il veut diffuser en nous. SOUS SURVEILLANCE - Il est une veilleuse en nous que nous pouvons pas ne pas voir mais qui nous prévient toujours quoiqu’il advienne. Liberté nous est donnée de ne pas écouter ; ou plus, à force de l’ignorer, de nous auto suggérer que la petite lumière n’est pas là, n’est plus là. A ce moment nous n’avons plus d’homme que le corps mais qu’importe puisque nous avons décidé de ne plus nous voir. Nous ne nous regardons plus en Etre mais en animal acrobate pour Avoir. Nos actes qui s’en suivent sont amoindris, délestés de réflexion spirituelle. Nos yeux ne nous voient plus puisqu’il n’y a plus d’éclairage. Plus de honte de nous même, plus d’appréciation possible du mal ou du bien. Nous avons fui notre nature humaine.
BIEN TRAITE NOTRE NATURE INTERIEURE - La matière physique et spirituelle dont nous sommes fait nous vient du coeur de la nature, dans une expression corps et esprit merveilleuse. Cette filiation qui se renouvelle à chaque naissance depuis la nuit des temps nous initie dans un processus d’apprentissage puis de maîtrise pour respecter ce morceau architectural de nature que nous sommes. Toute dérogation à cet état permanent d’équilibre entre nous et la partie de nature qui nous est prêtée est une agression à l’ensemble en même temps qu’à nous-même. Nos actes contre nature déshonorent la dite nature dans sa globalité même si elle a le dos large pour amortir le coup ; mais c’est surtout individuellement que nous voilà assommé. Inconsciemment sans doute puisque ce déshonneur ne semble pas nous toucher.
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ORGANISATEUR DE NOUS MEME - Nous aurions pu naître ailleurs que chez nos parents ou, en allant plus loin, nous aurions pu éclore dans un environnement autrement hiérarchisé. Beaucoup d’espèces de la nature nous illustrent combien leur espace est délimité, leur épanouissement restreint, leur encadrement barricadé dans des règles infranchissables. La nature a voulu autre chose pour nous en nous proposant un espace dont nous sommes le seul guide accompagnateur de ce que nous sommes. Cette confiance en nous nous a été donnée parce que nous avons tous les ingrédients pour nous conduire bien. Qu’en faisons-nous lorsque nous nous gâchons en actes incorrects ? Nous démontrons que la confiance en nous est mal placée. Nous laissons l’opportunité à des influences extérieures de venir nous mettre sous leur emprise. Nous sortons de notre rôle humain fait au départ pour être le meilleur tuteur de lui-même. EN DEVENIR - Ne vous moquez pas de moi qui suis en train de chercher. Vous pavoisiez du haut de vos riches certitudes sur mon errance que vous ne comprenez pas. Vous êtes tellement habitué aux résultats, à la bottom line comme vous dites dans votre jargon où tout se compte, que si je ne gagne pas je ne vaux rien à vos yeux. Encore moins vous ne pouvez voir mon édifice en cours puisque vous ne vous intéressez qu’aux statues terminées, indéboulonnables autour de laquelle vous commencerez à faire le paon quand l’appât du gain titillera vos oreilles avides. Statue vivante ne me déplais pas si elle incarne la permanence de ce dont elle est faite, du regard qu’elle porte sur le monde, du chemin qu’elle indique, de l’imputrescibilité de ses matériaux fondements. Mais humaine stature surtout pour poursuivre courageusement le chemin insensible aux troubles de surface, debout devant les accidents, prudent avec les émotions…vers l’accomplissement de toutes les étapes biologiques de la naissance à la mort en passant par la souffrance, les deuils, les maladies, la pauvreté, la richesse aussi car tout passe et repasse. Mes nerfs me servent à ressentir ce qui vient de l’extérieur et non à expulser sans contrôle des convulsions externes qui ne vous regardent pas, vous qui de toutes façons ne me comprenez pas. RAISON, QUAND TU NOUS TIENS - L’homme est animal raisonnable en tant qu’espèce sauvage rehaussée et tenue en laisse Ŕ renversement de situation Ŕ par la raison. Chaque fois que nous voulons nous affranchir de cette dépendance de raison, au nom justement d’un usage inverse de la liberté, nous errons dans les bas côtés où rien ne tient debout et dans lesquels ne prévaut que la bestialité pour la survie et pour la gagne.
QUE FAISONS NOUS DE NOS RICHESSES - Pauvre de nous pourrait-on se dire quand on voit le peu d’usage que nous faisons de nos richesses. Ces joyaux qui forment en notre fort intérieur ce noyau d’information, de réflexion, de raison installé dès le départ de notre conception. Puis qui se développe concentriquement au fur et à mesure que nos sens lui ramènent l’expérience du monde extérieur. Cette grossesse interne se fait biologiquement sans presque besoin que nous la poussions. Voilà pour le constat des beaux préceptes que nous définissons et analysons tout en les laissant en état. Seul notre fouet personnel de cocher qu’est notre volonté complémente l’impulsion et donne, sous forme de liberté de choix, de la direction. Sans acte délibérément décidé nos paroles sont préceptes morts. C’est à la fois de la vantardise d’avoir un bon bagage intellectuel et de la fainéantise de ne pas le porter.
CHARGE DE MISSION - Toutes les places que nous occupons dans la vie sont des postes concrets de fonctionnement dans une communauté d’hommes. Mandaté par nos collègues humains notre mission est claire pour y appliquer des savoir faire que l’on nous a reconnus, dans le but de réaliser une tâche et d’atteindre un but. Honneur représentatif et responsabilité
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effective. L’atteinte du résultat doit nous obséder en tant que confiance et honneur qui nous sont faits. Il n’en faut point faillir et mettre en oeuvre tous les moyens à notre disposition.
PERTE INTERIEURE -Tout perdre est impossible car on ne peut pas tout nous prendre à la fois. Si l’on parle de biens matériels que la mauvaise fortune vient de nous dérober nous n’avons perdu que du quantitatif intéressant mais extérieur à notre intime influence. Une fois comme cela, une fois autrement ; la roue de la vie retournera et s’arrêtera à nouveau en face de nous. Il n’y a pas de casse humaine Si l’on parle d’avoir perdu nos illusions cela devient autre chose moins tangible qui n’est malgré tout que de l’ordre imaginatif sans concrétisation réelle. Mais si en avançant ce sont nos valeurs internes qui ont disparu là il y a véritable péril. C’est le coeur de notre dispositif qui est touché si nos instruments intimes, de modestie, douceur, pudeur, fidélité, sont anesthésiés par notre déception de la vie. Leur anéantissement ne peut être définitif puisque leur nature interne prolongement de la nature externe les rend morphologiquement éternels. De même que notre affaiblissement ou laxisme les a laissé choir, de même notre reprise en mains de nos fonctions vitales peut les remettre à la vie.
MAUVAIS JUSQU4AU BOUT DE NOUS-MEME - La liberté ou plutôt l’incontrôlé de nous consistant à être méchant trouve sa limite dans l’accueil social que nous réserve les autres et aussi inconsciemment nous-même. Il est un moment où nous sommes insupportables et devenons d’un usage impraticable en société. Nous sommes bête inapprochable.
REPONDRE A L’ ORIGINE DU MAL - Je n’ai jamais compris pourquoi cela m’aiderait de tendre la joue gauche si l’on vient de me violenter la droite ! Mais de là à rendre coup pour coup la claque je préfère penser que le mal est d’abord un ressenti d’affront que je peux ranger ailleurs que dans une réaction de riposte. Mon opposant ne m’a pas transmis une douleur mais m’a exprimé une opposition dont le geste blessant n’est qu’une incontinence de sa part. Je ne suis pas d’accord avec cet argument qu’il m’oppose et je dois trouver une manière de lui répondre percutante dans le message mais sécurisante et contenue pour que je n’augmente pas à ma première douleur.
DOUTER N’EST PAS FAILLIR - Prendre conscience de ne pas savoir ouvre les voies d’entrée. Pratiquer la certitude bouche les sorties. A ce carrefour commence l’idée d’aller vers la recherche, en acceptant l’ignorance puis le doute qui seront signes positifs que nous avançons.
TABLEAU DE MESURE DU BIEN ET DU MAL - Le bien et le mal se manient à la louche par tout le genre humain qui aime cette opposition facile. Le bien est évident. Le mal est horrible. Tout le monde est du côté du bien. Personne n’est du côté du mal. Qui pourrait séduire en se présentant comme le mal. Qui pourrait ne pas se laisser séduire lorsqu’on lui veut du bien. Pourtant cette unanimité contre le mal et cet engouement total pour le bien se voient maltraités dans la pratique quotidienne par des gens de bonne foi, comme vous et moi, qui se trompent dans les définitions du bien et du mal qu’ils ne connaissent pas. Cette ignorance ne les excuse pas mais elle explique la confusion. Que ne dispose-t-on pas d’un dictionnaire avec des commentaires clairs de ce qui est bien et de ce qui est mal dans chaque situation de la vie. En attendant il est possible, entre gens qui le décident entre eux, de définir ce qu’est une conduite à la fois efficace et acceptable par autrui. Un critère venu de notre moi profond serait de ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse. Cette
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barre fixe entre deux partenaires rejette de part et d’autre, vers le bien ou vers le mal, les comportements qui conviennent à autrui et ceux qui ne conviennent pas. Telle pratique est d’usage dans un couple décidé à vivre ensemble non seulement sur un consensus mais sur une acceptation du comportement du conjoint. De proche en proche nous pouvons élaborer des périmètres de gens se définissant ce qu’ils acceptent de l’autre et ce qu’ils refusent de l’autre. Connus de part et d’autre acceptations et refus deviennent un début de définition acceptée du bien et du mal.
A QUI PLAIRE - Impressionnés veut dire que nous sommes submergés par nos impressions qui inondent par noyade nos facultés de nous présenter aux autres sans peur et sans reproche. L’impression à l’avance de ne pas convenir nous asphyxie ; quand elle ne nous précipite pas vers des attitudes empruntées que nous croyons plaisantes. Et nous voilà dans tous les sens du terme hors de nous. Car nous ne sommes en effet plus nous lorsque avant de plaire aux princes nous les craignons. Que les autres nous jugent bien ou mal comme ils le veulent sera leur problème. Alors que si par notre impossibilité d’être nous-même nous les trompons c’est nous qui commettons le faux en en faisant usage. Supposons que le stratagème prenne et nous voici embarqué eux et nous sur une fausse piste. S’ils nous jugent pour ce que nous sommes réellement ils font de toutes façons une première bonne affaire puisque ce qu’ils voient est vrai ; et nous faisons une bonne affaire aussi puisque c’est en étant vrai que nous pouvons pratiquer notre vie sans rougir.
DEGAGEONS LA VUE SUR CE QUI PEUT SEULEMENT ARRIVER - Le contentement de soi a mauvais genre. C’est presque un nombrilisme socialement incorrect nous faisant passer pour des inconscients et inactifs alors que le monde bruisseraient de partout d’orages et d’incertitudes. Alors que se contenter de voir ce qui arrive est une attitude neutre, ne faisant que mettre à leur juste place l’acteur de la vie que nous sommes et l’ensemble de notre environnement qui continue autour de nous son imperturbable évolution. Monter dans la vie chaque jour demande de ne pas se poser de questions sur ce qui ne dépend pas de nous ; mais au contraire saisir la portée de ce qui se passe et y participer avec les authentiques outils de nos personnalités respectives. La conscience que ce train de la vie en marche ne va pas s’arrêter spécialement pour nous sollicite à tous moments notre participation : sommes-nous oui ou non partant ? Les attitudes intermédiaires ou d’attente sur le quai s’appellent crainte, peur, prémonition, chagrin, trouble. Elles sont psychologiquement compréhensibles comme des ratées passagères de notre fonctionnement mais jamais elles ne peuvent constituer une attitude de vie puisqu’elles restreignent et freinent, en place opposée à l’enthousiasme et l’encouragement. Cette position dynamique d’enfourcher la vie pour ce qu’elle est et non pour ce que l’on voudrait confusément qu’elle soit est que toutes les possibilités de l’existence nous sont ouvertes voire acquises ; et que dans cette aisance de mouvement nous pouvons exercer nos préférences de citoyen, père, frère, artiste sans appréhension qu’il nous arrive quelque chose de mal puisque nous envisageons d’abord de participer et composer avec tout ce qui arrive. TRESOR CACHE - La nature est tombée en nous dès notre conception pour ne plus jamais nous quitter. Sa vie intérieure nous est mystérieuse voire complètement cachée ; mais elle est là , prête à nous aider si nous lui parlons, prête à nous empêcher du pire lorsque nous ne la bridons pas. Ce microcosme de perfection est toujours sur la ligne de départ des opportunités de la vie mais il n’intervient que si notre volonté l’interpelle en lui fournissant les informations vraies venues de l’extérieur. Sachant la situation externe et nos possibilités internes la réflexion en marche retourne à notre volonté qui décide d’agir. La fluidité de ce
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parcours est si juste qu’aucune entrave n’a de prise sur son accomplissement naturel. Filtrer la vie à travers notre beauté intérieure n’est pas de l’alchimie mais un laisser faire naturel de nos éléments dès lors que nous y mettons de la qualité, du refus d’interférer au nom d’être libre à tous prix, de l’encouragement à bien faire
JE NE VEUX PAS ME CONNAITRE - Les hommes se promènent dans le cortège de la vie en s’affublant des plus beaux habits : influence, amis, relation, richesse, bonnes pensées, croyances convenues, civisme ordinaire...rien ne manque à leur respectabilité extérieure. Parce qu’en effet tous ces attributs correspondant aux critères de valeur communément admis par la bonne société. Sauf que la personne concernée dans tout cela finit par ne se voir que comme cela : bien pensante et lisse ; alors qu’il lui arrive souvent d’entendre sourdre en elle des convulsions se demandant qui elle est vraiment. Hallucination pense-t-elle ; comment croire que je n’ai pas tout, que je ne suis pas bien ! Dans sa brillante réussite sociale cette personne a zappé la première étape de son « connais-toi toi-même » qui lui aurait permis avec la même énergie mise pour ses habits extérieurs de continuer dans la foulée sur la suite de ce « connais-toi toi-même » qui est « et tu connaîtras l’univers ». Au lieu de dévier sur la seule vie matérielle, et sans pour autant dénigrer celle-ci, qui est un champ d’action pour l’homme juste, le « connais-toi toi-même » permet de filtrer la vie telle qu’elle est par la pertinence de notre analyse interne. Cette réappropriation de l’action est moins visible que d’étaler ses moyens mais elle garantit une adéquation totale entre la situation et nos capacités.
LE VISIBLE ET L’INVISIBLE - Le corps nous parle avec des signes clairs de bien ou de mal aller provoquant nos réactions instinctives et immédiates ; alors que l’esprit demande à être interrogé pour exprimer son état. Question de liberté et de volonté d’intervenir que selon une décision libre de son acteur et arbitre de lui-même. Les civilisations sont issues du fait que le corps a eu besoin de l’esprit ; et qu’il y a donc une urgence dans chaque être, pour continuer l’espèce civilisé, à aller chercher en lui l’esprit qui seul peut éclairer son action. C’est un acte intimement personnel qu’aucune automaticité spirituelle ou éducative extérieure ne peut faire à la place de l’intéressé. Sa contribution individuelle est requise en tant que dépositaire de matériaux naturels uniques que lui seul peut identifier et faire fructifier dans le melting pot sociétal suivant.
ENTRE LES DEUX - Le monde grouille d’acheteurs et de vendeurs entre lesquels ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre se sentent mal à l’aise. Comme s’il fallait absolument s’agiter pour exister. La contemplation du monde n’est pas une activité respectable ; pire elle est douteuse et porteuse de suspicion. Pourtant qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous et qu’au contraire la vue se dégage, au-delà des marchands agités, sur un monde vaste et presque parfait. Que l’on songe à tout ce qui est à notre disposition sous nos yeux vers l’extérieur, et en nos yeux vers l’intérieur de nous. Le fonctionnement des éléments entre eux et en nous relève d’une machinerie extraordinairement bien huilée et coordonnée. Même dans les ratées des éléments de la nature ou de l’espèce humaine la faculté de rétablissement, comme un athlète qui retombe toujours sur ses pieds, est extraordinaire. Cette vision de la grande roue de la vie qui tourne n’a rien de contemplatif puisque chaque petite nacelle élément de cette vie a besoin que nous montions dedans. Nous sommes actifs au bon déroulement dans le sens que notre contribution alimente l’envie de continuer tandis que notre défiance freine le mouvement. Le badaud de la vie, qui donne et reçoit l’enthousiasme du monde, est tout aussi utile que l’acheteur ou le vendeur qui s’échangent des biens
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VERIFICATION A L’ALLUMAGE - La construction de soi ne commence pas par le choix des méthodes mais par la vérification des matériaux de notre origine. Si le recueil des informations et le réseau connectif de la raison sont bons en nous nous sommes parés pour aborder le monde. En expression externe, nos décisions et les actes qui s’en suivent ont en effet besoin de courtoisie, de fermeté, de continuité qui ne seront qu’une continuation d’un élan intérieur seul responsable de la bonne lancée initiale. C’est notre vérité intérieure qui met le feu aux poudres de notre propulsion. Alors que si le creuset de départ rumine d’informations incertaines et de raisons alambiquées le jus qui sort de nous ne pourra que grossir en mal sous l’impulsion des mêmes méthodes de courtoisie, fermeté, continuité etc… La méthode prend l’homme comme il est et agit comme l’amplificateur que nous lui demandons d’être.
MISSION IMPOSSIBLE - Il est des gens que l’on ne change pas, qui ne sont définitivement pas faits pour nous. Il faut changer de trottoir lorsque l’on les côtoie. Dommage ; mais c’est quelque part une liberté de notre part de ne pas importuner leur folie
MIROIR - Peur de rien sauf de moi et plus exactement de la peur de me voir. Tout ce qui m’est extérieur est abordable car je peux toujours arrêter l’agression pour qu’elle ne franchisse pas la limite de mon intime intérieur. Intouchable dans le sens extérieur vers l’intérieur. Mais à l’intérieur, que peut faire mon esprit si je ne veux pas me regarder en face ? Inutile, abandonné et perdu il se réfugie dans ses fonctions premières inaliénables de maintien de mon ordre interne ; et il brinqueballe comme il peut sur le désordre externe.
GARDER LES PROPORTIONS - La disproportion physique entre notre petitesse humaine et la grandeur physique des éléments n’arrive pas à nous situer correctement dans la hiérarchie de la nature. La suffisance de l’homme avec ses sens panoramiques lui fait assimiler tout ce qu’il embrasse comme si un lien s’était automatiquement établi entre lui l’observateur possessif et l’observé passif. Ce que je vois est à moi, ou pourrait le devenir. Envie, comparaison, convoitise. Ce qui arrive autour de nous est une grande marée permanente dont quelques écumes uniquement peuvent nous mouiller, nous concerner. N’exagérons pas notre stature humaine qui est là pour participer à sa place et non pour s’interposer partout.
NOUS ALLONS VOIR LA BAS SI J’Y SUIS - Attendre occupe une grande partie de notre existence. Attendre autre chose. Attendre forcément ce qui n’est pas là sous nos yeux. Ici et maintenant nous sommes à juste titre physiquement mal à l’aise puisque notre esprit vagabonde hors de nous et attend un ailleurs invisible de l’endroit où l’on est. Nous laissons filer le magnifique spectacle qui est là devant nous et ne se reproduira pas. Nous attendons toujours ce que nous ne verrons même pas occupé que nous serons à attendre encore autre chose.
COUPONS LE CORDON - Il se peut que nous nous soyons jusqu’ici laissé dorloter par les nourritures doucereuses pour le corps et l’esprit. Cette alimentation manque de consistance pour tremper notre temps arrivé de la maturité, de l’exercice plein et entier de nos facultés internes et externes. Ceux qui veulent continuer à nous nourrir prolongent leur possessivité à notre égard et inconsciemment ils ne veulent pas que l’on vive complètement. Ne mangeons plus de ce pain là infantilisant.
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EXPULSER HORS DE NOS FRONTIERES - Déplacer des montagnes ou mettre à bas des monstres n’est pas à la portée physique des frêles corps humains que nous sommes et cela n’arrive pas souvent. Mais il est d’autres forces dangereuses qui rôdent autour du fond de nous et rugissent pour nous incliner vers le faux, en laissant venir de l’information déformée, de la raison facile, de la fatuité à ne rien faire. Ces monstres là sont partout et toujours, prêts à nous pousser vers le chemin apparemment facile duquel il est ensuite difficile de revenir. Non point que le beau et bon ne puissent être que difficiles. Mais il est aisé de valider si les stratégies faciles qui nous séduisent sont bien les plus appropriés à notre état. Et d’éconduire en les domptant les mauvaises méthodes pour que les bonnes puissent s’épanouir sans danger.
JOUIR SANS CONTRAINTE - Une fois libre de toute attache nous pouvons nous consacrer à la grande oeuvre de notre passage sur terre qui se définit comme une jouissance active de tout ce qui existe. La contrainte peut être levée ; nous en avons les outils et la possibilité de la volonté. L’endurance de la souffrance corps et esprit ne saurait constituer une justification de toujours différer de vivre vraiment, sans attendre demain ni un au-delà.
SE PROJETER DE BELLES IMAGES - Le défilé des idées qui nous passent par la tête emmènent dans sa cavalcade des informations objectives, des montages de notre réflexion et des imaginations de toutes sortes. La censure n’est pas de mise ; et au contraire le jeu naturel des va-et-vient Ŕ associations d’idées Ŕ crée véritablement de nouveaux concepts. Dans le lot nous nous attardons parfois, allez souvent, sur des images de plaisir ou de luxure nous mettant physiquement dans un état d’abandon de notre respect habituel de nous-même. Il n’y a toujours pas là péril en la demeure si ce n’est que nous nous encombrons de chimères qui ne nous font aucun bien spirituel parce qu’elles nous ramènent à un comportement animal pavlovien réagissant sans contrôle. Cette occupation de notre espace prend la place d’images nobles et belles dont l’efficacité est prouvée pour nous projeter vers de l’action valorisante.
SE FAIRE LE PLAISIR DE NOUS PLAIRE - L’ascète résiste au plaisir mais en même temps il s’en prive. Savoir dire non tout en gardant intact son envie de manger n’est pas un défi impossible à condition de monter en puissance conjointement ses envies d’une part et ses moyens de les assouvir d’autre part. Cette recherche parallèle de l’excellence présente l’obligation d’être sélectif avec une mise au point et une attente du résultat qui est déjà une satisfaction. Le conquérant du plaisir conduit patiemment sa séduction propre en faisant appel à ses plus profonds ressorts internes de juste pensée et de réflexion, d’intégrité et de pureté. Il s’analyse, se corrige, se fortifie pour devenir plaisant à lui-même, ce qui le rendra plaisamment à l’aise avec son entourage. Réalisant ainsi la gageure de plaire deux fois d’abord à lui-même puis ensuite aux autres.
COMMENCER A SE BATTRE AVEC SOI - Les grandes causes extérieures nous font marcher à grands pas pour se garder de l’ennemi et anticiper l’attaque ou la défense. Ce sont des moments de grande inspiration où nous invoquons et convoquons nos forces et notre volonté transcendante pour innerver toutes nos facultés. Nous avons au-dedans de nous des batailles encore plus vives et vitales à mener contre notre laisser-aller, nos tentations, nos hallucinations, nos peurs. Mais sans tambours ni trompettes pour nous mettre en rang d’attaque, sans public nous saluant en héros, sans honneurs et sans gloire puisque nous doutons encore. Osons être le chevalier de notre cause, le Don Quichotte de notre moulin ayant préalablement bien identifié les points fragiles de ses ailes.
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TOUT DE SUITE CE QU’IL Y A A FAIRE ET A NE PAS FAIRE - Ne pas remettre à demain ce que l’on peut ou doit faire aujourd’hui indispose la tendance cool décontractée de notre société alors que l’on peut démontrer au contraire que c’est une mesure de facilité. Dès qu’un problème nous advient il est plus simple d’examiner une seule fois et sur le champ les informations et les analyses y afférant, dont découlent ensuite réflexion, décision et action. Encore plus vrai est le cas des phénomènes de tentation qui nous inclinent sur l’instant à ne pas leur dire non alors que par même processus interne nous pouvons statuer et dire quel sort, de non ou oui, nous leur donnons. Qui ne dit pas mot consent est une évidence physique de la nature en horreur du vide et qui s’installe là où il y a indécision. Il se peut que cette radicalisation très concentrée de la procédure de décision passe à côté de nuances subtiles non immédiatement visibles. On y objectera que ce qui n’est pas très clair immédiatement ne doit pas être très déterminant. Et que tout choix est une réduction de tenants et d’aboutissants dans lequel il n’en ressort qu’un seul efficace pour agir le plus rapidement.
PEUR DE RIEN PARCE QUE TOUT PEUT ARRIVER - Tout endurer s’illustre par une épreuve où une victime obligée reçoit sans broncher tous les coups furieux de la terre, avec parfois un masochisme de martyr qui en redemanderait. Un langage approximatif appelle cette attitude être stoïque ! Il faut être bizarre pour aimer cet enfer que l’on oppose donc vite fait à la situation opposée, consistant à s’écarter de toute entrave et de tous soucis en devenir. Cette préservation préventive n’est pas dans la logique de la vie qui ne sait pas ce que veut dire être prévenue ou se prémunir de ce qui arrive naturellement. L’homme qui vit autrement serait un imprévoyant alors qu’en fait c’est lui qui a tout prévu. Dans son champ de vision, la vie existe complètement avec tous les défauts tels que la maladie ou la calomnie et toutes ses qualités telles que la beauté ou la douceur. C’est un prévoyant malgré lui qui incorpore tous les scénarios et les accepte d’avance. Au lieu de se lamenter ou de rire, il apprécie en continuité le long cordon de la vie en songeant à y maintenir là où il se trouve son maillon costaud et brillant. Son imprévoyance c’est paradoxalement de ne rien exclure, de tout inclure non dans un mou laxisme d’indécision mais au contraire dans un chaud creuset de fermentation des nouveaux matériaux dont il ne loupe aucun. Son ouverture d’esprit n’est pas une passoire mais un pressoir dont rien ne se perd du bon grain dont il distingue l’ivraie. Qui est donc dans tout cela l’irresponsable ? Celui qui prévoit tout et évite de se commettre ou celui qui ne prévoit rien mais fait que tout arrive.
CRISE DE CONSOMMATION DE PLAISIRS - La vie facile, qui ne se soucie que d’elle-même, a ses adeptes qu’il est facile de mettre en porte à faux avec leurs agissements. Mais dès lors que seul leur plaisir prime ils n’entendent pas, dans tous les sens du terme, quelque argument de l’autre. Difficile donc de les coincer sauf que l’expérience par le seul souci de jouir égoïstement pour soi trouve sa limite par l’épuisement rapide des victimes consentantes ou non que l’on consomme. A la limite le jouisseur absolu n’a même pas besoin de naître puisque cette vie va l’encombrer de contraintes qu’il ne saurait supporter. L’inconscience de notre nécessité d’Etre dans un rapport de justice avec les autres est une démence définitive menant à l’extinction de la société.
VOYAGE AU BOUT DE SON LUI - Notre plaisir ultime est au bout d’un chemin nous menant sincèrement au fond de nous-même ; en en débarrassant constamment les embûches qui parsèment, en améliorant toujours la fluidité de nos pistes pour agir correct. Plus encore, ce plaisir se hume au cours d’un on-going-process, d’une procédure en train de s’accomplir, par le phénomène de la satisfaction du beau travail qui avance vers son but.
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GRANDEUR DU DOUTE - On ne peut jamais rien prétendre. La vérité du dictionnaire n’est qu’une version passagère de nos connaissances, et non comme on l’assimile souvent de nos croyances. Nous savons aujourd’hui ceci ou cela devrait-on dire. Y compris quand nous disons qu’il n’y a pas de vérité. Qu’en savons-nous aujourd’hui ?
VOEUX PIEU - Les actes et les intentions d’agir sont comme les bras et les jambes d’un même corps qui ne peuvent se contredire au risque de trébucher. Ce que nous faisons mal est une pierre responsable qui laisse sa trace dans l’édification de la société. Nous ne pouvons nous en amender ensuite en plastronnant une volonté de faire le bien, et encore moins de mentir effrontément en vantant l’homme de vertu que nous serions. Même si le spectacle aux autres peut faire passagèrement façade amusante, nous saurons à jamais que c’est un dialogue de sourd puisque nos actes ne veulent pas entendre nos intentions
PARTAGER DU VRAI POUR EN FAIRE DE L’AMITIE - La liaison et l’union convergent vers un état final d’amitié entre deux personnes qui s’aiment. Leurs raisons de se joindre s’appuient sur qu’elles trouvent bien ou mal ensemble dans leur compagnonnage. Même à un point presque irraisonné de fusion passionnelle il y a des points communs qui sont les territoires de jonction. Sans éducation du bien ou du mal l’amitié n’est qu’un rapport temporaire instinctif sans accroche et donc sans possibilité de s’y retenir.
LE PREMIER QUI DIT LA VERITE PEUT SE FELICITER - Le détachement des biens matériels fait figure en société d’ascétisme suspect et carrément d’incompétence. Les situations précipitées de dispute autour de l’argent que plusieurs personnes s’arrachent exigent pourtant qu’un premier se dévoue pour faire entendre une autre voix que celle de l’intérêt immédiat. Il y a dans tout conflit un verrouillage consensuel de l’affrontement où chacun reste dans une agressivité défensive par rapport aux autres. Personne n’ose mettre bas les armes alors qu’il y a déjà dans les consciences lassées une petite place qui se fait pour baisser les exigences. Le premier qui en saisit l’instant doit par sa parole commencer le message d’apaisement qui est sur les lèvres de tous les autres. Son détachement n’est pas sans risque d’être pris au pied de sa seule lettre et de refermer aussi vite les égoïsmes rassurés. Le solutionneur de conflit perd un peu en biens mais gagne beaucoup en capacité de réunir et de partager plus grand demain
TU N’ES PAS A MOI - Nous employons abusivement le verbe avoir pour situer des personnes de notre entourage qui au pied de la lettre nous appartiendraient. J’ai un fils, un gendre, un ami, un employé, une relation bien placée…etc…Ce n’est pas seulement mal exprimer notre liaison familiale, amicale, professionnelle, relationnelle ou autre. Il s’agit dans notre inconscient de pièces de l’échiquier que nous posséderions et manoeuvrions. Mais sûrement c’est la conviction que ces gens dont on parle servent ou doivent servir notre intérêt. Habitude sans conséquence efficace mais intention inutile dont il faudrait mieux se débarrasser avant d’être confondu dans un flagrant délit d’utilisation abusive d’autrui.
L’AMITIE CONTIENT TOUT - Là où je ne mets que du moi et que je veux l’imposer aux autres il n’y a mécaniquement aucune possibilité de partage et donc d’amitié. L’ami n’est pas un spectateur distant, membres liés, avec défense de toucher et goûter librement ce que nous lui offrons. L’ami est une pièce de puzzle avec ses détails qui s’insèrent dans ce qui devient un paysage global d’amitié. Les quelques points communs du hasard de la jonction initiale ne peuvent pas rester une sélection élitiste excluant d’autres aspects. C’est toute la personnalité
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de l’autre qui est à prendre… ou à laisser si l’on s’est trompé. Les amis doivent s’aimer tout entier.
COMME UNE PLUME AU VENT - Le manque de connaissance de notre contenu intérieur nous met en situation d’indécision et d’actes inconstants. Nous existons extérieurement comme une flèche lancée dans l’air sans direction ; au gré des opinions tourbillonnantes nous sommes projetés vers des confrontations humaines, incapables de voir en nous un ami potentiel apportant quelque chose de clair.
L’AMITIE ECHAPPE AUX COMPTES - Le point d’accroche d’une amitié ne peut se contenter de jouer au golf ensemble. Mais à fin de respecter les golfeurs et pour se faire bien comprendre le véritable fair-play exigé sur les green commence à ressembler à ce que deux amis peuvent se partager. Ce que l’on a de part et d’autres en termes de biens ou de relations éphémères ne peut constituer un témoin à se passer entre deux amis. Ces éléments qui ne font que passer entre nos mains ne nous appartiennent pas définitivement pour que nous puissions en offrir une partie à notre ami. A l’inverse ce qui dépend de nous, c'est-à-dire ce qui nous appartient pour de bon est le gage que nous faisons réellement à l’autre cadeau d’une partie de nous-même, voire de nous-même totalement. Les valeurs intérieures sont un tout que l’amitié partage en terme de jouissance mais qu’il est impossible de scinder en deux parts égales. Ma générosité ne peut pas être à 50 % chez lui, et 50 % chez moi. Tout ce qui dépend de nous est un, entier, enfoui comme un trésor au fond de nous mais avec des tentacules de visibilité et d’action efficaces dans la vie courante. L’ami qui passe profite de ces caresses et leur envoie l’induction de ses propres pulsions.
PETAGE DE PLOMB - La nature humaine la mieux constituée garde toujours en elle, tant qu’elle sera biologiquement femme ou homme, cette déconcertante possibilité d’accident, de rupture de comportement habituel. Notre conjoint s’en va ! Nous mentons ! L’ami déçoit ! De la plus grande catastrophe au plus petit accroc il nous faut faire bonne figure car la vie juste après continue.
BEAUTE FATALE- L’égalité de chances ne peut nier que nous partons les uns et les autres de situations inégales, en matière de beauté par exemple. Les meilleures réflexions sur tous les goûts qui sont dans la nature ne doivent pas masquer les hiérarchies et les préférences qui font le mérite de l’art. Cette institutionnalisme est justement là pour que respections les différences et fixions le comportement correct à avoir en regard de la beauté : la regarder, essayer de lui ressembler, en faire en nous une source d’inspiration de nos actes ; sans besoin d’être entraîné dans la luxure d’une vie qui voudrait se l’accaparer.
LIBRES EMETTEUR & RECEPTEUR - Nous sommes vase communiquant : au premier degré, lorsque nous parlons, et au deuxième degré, lorsque nous laissons passer en nous des informations qui dès lors communiquent. La communication moderne se contente, mais avec force, du premier stade de bien parler… en incluant un un-bis virus-brouillage de notre juste réceptivité, réflexion et liberté d’action. Ce parler là fait que nous n’entendons plus. Nous nous laissons amputé notre faculté, notre art de bien entendre
PRESTIGE DE LA PAROLE, CONSISTANCE DE L’ACTE - La forme ne précède pas le fond pas plus que le contenant ne pourrait être plus important que le contenu. Il en va de même de nos actes parce qu’ils viennent d’un moi profond que nous ne pouvons trahir par
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des paroles, écrits ou démonstrations faisant illusion. Notre expression extérieure est le haut-parleur, derrière elles, de nos intentions, réflexions, actions intérieures.
LOGIQUE AVEC SOI-MEME JUSQU’AU BOUT - Le bien et le mal comme le bon et le méchant ne peuvent rester dans un neutre spectacle du monde de sujets facultatifs de réflexion. Ces notions ont besoin de prises à parti vigoureuses de notre part. La méchanceté ne s’éradique que si nous lui rentrons dedans, dans le vif de ceux qui sont méchants, pour expliquer au malfaisant ce qui va et ne va pas, ce qui est acceptable ou inacceptable, dans son comportement. De quoi je me mêle dira-t-on ! Eh bien de lui ce malfaisant qui jusqu’ici n’a pas rencontré d’obstacles à ses actes. C’est plutôt gentil de s’occuper de lui devrait-t-on ajouté. Mais sans attendre le compliment d’autrui notre rempart dressé à l’extension du mal est un acte de bon sens que nous commandent nos valeurs internes. Ne pas le faire nous contredit.
LE COEUR INTERNE DE L’OEIL EXTERNE - Les cinq sens primaires donnent un accès au spectacle du monde autour de nous avec une telle acuité que nous nous en extasions et même en remercions la disposition et le bon usage. Que ne voit-on, ressent, entend avec ses merveilleux organes de perceptions de la vie : vue, ouïe, odorat… . Mais ce ne serait que remercier les jambes d’un athlète sans féliciter le psychisme et l’esprit de gagne qui lui bande les muscles si nous en restions là. Il faut poursuivre en remontée inverse le fil conducteur de ces sens -la vue par exemple Ŕ pour trouver à rebours dans notre caverne interne les niches de l’action de voir, de la réflexion de quoi voir, de la mise en comparaison avec d’autres visions, de l’intention de voir, du bon sens de désirer voir. Ce complexe réseau fonctionne avec une volonté spirituelle de bien voir qui est la plus précieuse ; qui est le fond de l’acte quand la vue et l’oeil en particulier en sont l’instrument.
DESOBEISSANCE A SOI-MEME -Quand les hommes n’en font qu’à leur tête on signifie plutôt qu’ils se comportent instinctivement comme des bêtes, sans faire appel justement à leur tête réceptacle habituel de leur réflexion intérieure, de leur analyse du bien et du mal. Ils foncent tête baissée oubliant d’interroger l’intériorité de leurs valeurs profondes. Leurs gestes énergiques ne peuvent compenser la légèreté de leur contenu irréfléchi. S’écouter soi-même avant d’agir n’est pourtant pas complique : unité de temps, de lieu, d’action.
ON NOUS REGARDE - Le bel accoutrement dont nous aimons nous parer se voit par l’extérieur mais ses fibres nous viennent d’un intérieur ou du moins d’un épiderme profond. Métaphore par laquelle je veux dire que ce n’est pas pour paraître qu’il est important d’être élégant mais que c’est pour se plaire en premier lieu qu’il faut être à l’aise avec ses vêtements. Cette aisance vestimentaire est un de nos instruments pour nous montrer en expression digne et réelle dans cette société qui au départ ne peut voir que ce que l’on lui montre. L’habit ne fait pas le moine mais il en inspire l’idée.
ETRE PRET A ENTENDRE NOS VOIX - Les voix de prédiction trouvent facilement oreilles entendantes alors que nos idées de sagesse nous semblent à contre temps de notre rythme frénétique. Plus tard ! Ce n’est pas le genre de conseil pour le moment. Et ce ne sera sans doute jamais le bon timing. Nous tentons de maîtriser le cours du monde alors qu’il nous vient d’un global environnement ; pour être exécuté particulièrement par nous, ici et maintenant, avec des inspirations de sagesse qui tombent à pic.
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LA VIE, CA NE SE REFUSE PAS - Ce qui nous arrive ne se refuse pas même si nous devons toujours en vérifier l’origine. L’expérience montre qu’il vaut mieux se tromper parfois que de dire non toujours. Le lien à la vie suppose que nous en acceptions les risques que seule une suffisance de langage ose dire qu’il faudrait au contraire en exiger un risque zéro. Ce qui n’empêche pas en raisonnement inverse de se forger par rapport à ce zéro un cent pour cent de travail vigilant pour se tromper de moins en moins.
LAISSER PASSER L’ORAGE S’IL NE PLEUT QUE DEHORS - Les mouvements externes nous agitent et arrivent à pénétrer le profond de nos valeurs. La force de leur agitation est capable de déstabilisations, de chamboulements, voire de casse partielle ou définitive, croyons-nous sur le moment, de certains éléments. La tentation d’immédiate remise en question drastique est l’erreur : agir sous la menace, la contrainte et la peur qui nous viennent comme on vient de le voir d’un extérieur agité. Alors qu’en nous-même le bien et le bon sont intacts. L’orage passé, les mouvements s’apaisent et ne laissent que quelques soubresauts répliques qui donnent encore un léger hoquet. Puis c’est le calme comme si de rien n’était. A croire qu’il ne serait rien passé sur la plage dégagée après la tempête. Croire en soi avant de se précipiter avec des solutions extérieures sur un intérieur bien portant.
TOUS GAGNANTS - La victoire ou la défaite des autres ne nous appartient pas. La projection personnelle que nous faisons pour que l’un gagne ou l’autre perde ne peut être qu’une distraction extérieure dans laquelle nous sommes spectateur sans pouvoir être acteur. Nous ne sommes pas partie prenante de cette compétition, pas plus que d’autres assistants qui peuvent avoir un avis différent devenant source de conflits entre eux et nous. Car pour le coup cet affrontement extérieur crée une situation de conflit entre nous, les contradicteurs. Le pour et le contre sont source d’injures dépassant complètement l’enjeu de départ et investissant le coeur de la personnalité des discutailleurs en opposition. L’adage souhaitant que le meilleur gagne suffit à encourager gagnant et perdant, digne d’éloges ou de commentaires. Gagnant et perdant de compétition sont de toute façon des joueurs qui nous sont supérieurs dans leur domaine. Les prendre à parti c’est les utiliser à contre emploi pour susciter en nous des combats mineurs avec nos contemporains. Si nous voulons être le supporter d’un gagnant cherchons-le en nous, comme le disait une publicité de voiture haut de gamme pour qui seul son propre dépassement était intéressant. Allusion à aimer une perfection de conduite rapide respectant les limites de vitesse
NE RIEN EN DIRE MAIS TOUT DE SUITE LE FAIRE - Le dernier instant de notre vie inspire toutes les stratégies, fantaisies, fantasmes, craintes, ou extatiques bonheurs. C’est le privilège des situations uniques de pouvoir se laisser mettre en scène sans contrainte de cohérence ou de satisfaction. Le mot de la fin n’en supporte pas un de plus. Qu’y dire alors ? Ne rien dire jamais, y penser toujours parce que c’est un état imprévisible, qui peut survenir à l’instant où j’écris. Il est trop tard pour faire un résumé mais il est toujours temps de pouvoir constater, du haut en bas de notre être en passant surtout par la profondeur notre moi interne, que notre machine humaine tourne, bien.... Et que nous continuons à l’instant T de notre constat à y renfourner les bons matériaux de la vie, puisque justement nous sommes dans une phase vérification de marche et non de bilan final. La question est de savoir si nous faisons bien tourner, de la réception intérieure d’informations à l’action extérieure vers le monde, tout ce qui vient à nos sens. Plus encore la question supplémentaire, puisque encore en vie il en est encore temps, est de scruter les domaines où nous pouvons de l’extérieur vers l’intérieur et de l’intérieur vers l’extérieur améliorer la fluidité de notre relation avec le monde. Une fois tout cela pensé la mort vient ou elle ne vient pas. Mais nous y sommes prêts
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jusqu’à la prochaine fois, avec d’autres idées sans doute puisque nous aurons bougé avec tout ce qui nous entoure.
AU DELA DU BON SENS - Le commun est ce que nous partageons et que dans un choix optimiste nous qualifions de bon sens commun ; au contraire d’un mauvais sens commun dont nous n’entendons jamais parler. L’organe corporel de ce sens que nous avons en commun échappe à notre morphologie pour se nicher dans une perception par l’esprit. Pas d’oeil ou de nez senteur commun ! Cette ressource cachée impalpable constitue une base fondatrice de conciliation entre les êtres, puisque ce sens commun est « bon ». Toutefois et sans savoir exactement pourquoi, comme si ce qui est trop simple ne pouvait pas marcher et qu’il faudrait être systématiquement compliqué… ; toutefois le bon sens porte une charge de signification simplette dont notre individualisme arriviste veut souvent se démarquer. Dommage car ce qui est commun, comme le dénominateur lui aussi commun, ne demande qu’à grandir pour devenir communauté de valeurs ajoutées ; au sens d’apports individuels que nous décidons d’amener dans notre union raisonnée avec la société.
LA SAGESSE, C’EST COMBIEN - Les réflexions de sagesse ont la réputation d’amollir notre sens pratique de l’action rapide et mesurable. On met le sage à l’ écart. On ne reconnaît pas à la sagesse de vertus managériales. Et pourtant ! N’est-ce pas avec les bonnes choses qui font plaisir que l’on a le plus de chances d’appâter notre entourage.
CONSOMMER EST LE BUT QUI COMPTE - Vrai et faux sautent à notre évidence alors que bon / mauvais, ou bien / mal trouvent plus difficilement des échelles de références. La tendance du tout permis pour moi d’abord est le message subliminal mais clair de la société de consommation. Le citoyen économique approuve que ce soit un bien alors que l’être humain réprouve ce mal. Pourtant, sans persuasion d’aller au-delà de nos besoins, la machine économique tourne à vide. Il lui faut dès lors éradiquer les préventions à ne pas consommer et glorifier le plaisir de l’avoir, nonobstant le mal que l’on se fait.
COMMENT FAIRE SE COMPRENDRE ENSEMBLE DES HOMMES LIBRES - Deux formes de vie en société s’opposent derrière le masque bien utile encore de la police de nos états-nations. D’un côté la glorification et la mise en pratique de comportements libres de toutes contraintes. Fais ce que voudras. De l’autre côté le réalisme de notre place parmi les éléments humains et nature pour que nous jouissions les uns des autres avec respect. Entre les deux les civilisations qui découvrent au fil des siècles l’explication des phénomènes, la mise en marge des croyances, la supériorité de l’homme…et donc sa prétention à refuser toute allégeance y compris et surtout envers son concitoyen de la Terre. L’Etat de droit, dernière larve des restes de soumission aux croyances, s’essaye tant bien que mal à bricoler des lois de bon sens commun mais n’arrive pas dans sa laïcité neutralisante à faire comprendre à l’homme qu’il n’est libre que s’il est respectueux de la liberté des autres. Le progrès, autrefois oeuvre des hommes mais maintenant drome incontrôlé que l’on n’arrête pas, caracole en tête des opinions favorables. La cité n’arrive plus à s’organiser que pour restreindre et punir, incapable de prévenir et construire.
APPRENTISSAGE - Les voies par lesquelles nous accédons à un lieu, une situation, un bonheur, sont porteurs de tout ce qui advient ensuite de nous. Les parachutages n’ont d’efficacité que pour surprendre un terrain de manoeuvre qu’il faut apprendre normalement
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ensuite. Paraître n’est pas être lorsqu’il s’agit de compétences à exercer dans un service aux autres vérifiable
PRIORITE A L’ESPRIT - Nous sommes prêts à sauter dans un avion pour saisir toutes opportunités d’aller de l’avant ou de nous mettre socialement en valeur. Rien n’est jamais assez démonstratif et rapide pour ce que nous décrétons être prioritaire. Est donc secondaire tout ce qui n’a pas de retombées immédiates matérielles. Un joli repos de l’esprit, une parenthèse pour se décontracter l’intellect, une retraite spirituelle sont des expériences ésotériques reléguées aux temps où il n’y aura vraiment rien d’autre à faire ! Quel dommage de ne pas comprendre que l’ensemble pratique de notre vie, y compris notre trépidation sociale et professionnelle, a besoin d’être lubrifié par l’onctuosité d’un esprit qui se sent bien. Un esprit qui a résolu ses problèmes, qui est prêt pour aider la mécanique de l’organisme dont il est l’intérieur, donnant l’impulsion générale vers les situations et les actes particuliers.
PARLER POUR ECHANGER - L’origine de la conversation se situe dans un art où les versets s’échangent entre les personnes sur une base égale. Leurs arguments leurs paroles et leurs mots doivent passer de l’un à l’autre sur une base d’horizontalité sans inclinaison de supériorité de l’un ou d’infériorité de l’autre. Pourtant on entend qu’un tel a une excellente conversation, sous-entendant des paroles qui nous ont impressionnés. Dans ce cas l’art de l’échange égal est devancé par l’effet de brillance présupposée des pensées, des paroles, de l’éloquence de celui que nous mettons à priori en position de statue dominante et pontifiante de beau-parleur. L’originalité des hasards de la vie est de mettre sur nos chemins de multiples ouvertures pour rencontrer l’expérience de l’autre, pour lui parler, pour prendre de lui, pour lui proposer nos savoirs et nos commentaires. La seule quintessence de l’expérience de l’autre est une richesse disponible comme le fruit sur le chemin qui n’a aucun problème à se laisser cueillir. Il suffit d’y passer, d’y tendre le bras, de ne pas secouer l’arbre, de goûter pour la saveur unique qui n’a pas besoin que nous sachions de quel arbre prestigieux ou de quelque ronce sauvage il vient. Les mots ne sont d’aucune utilité si nous les pré qualifions de belles paroles dont l’esthétique enlève par avance toute signification.
UN ESPRIT EQUIPE TOUT CONFORT - Les biens matériels sont les décors de notre confort de vie sans aucune possibilité physique de pénétrer l’intérieur de notre esprit. Leur encombrement, leur obsolescence, leur vieillissement les rendent impropres à durer longtemps. Le résultat de confort qu’ils assurent doit donc être régulièrement réactualisé par l’acquisition de nouveaux biens. C’est un temps et une énergie considérables qu’il faut consacrer à cette activité d’entretien externe alors que l’esprit se lamente en interne que nous le délaissions et ne nous occupions pas de lui. Injustice flagrante mais surtout déséquilibre de l’ordre de notre fonctionnement où ce n’est que l’esprit qui peut commander au corps, y compris dans son besoin de confort. Nous laissons donc notre corps, en automate téléguidé par le circuit de la consommation, sans passage par la case esprit qui seule peut apprécier si tel confort est bon ou mauvais pour l’une ou l’autre circonstance de la vie. L’opposition corps / esprit n’existe pas si nous mettons en place des mécanismes de bon recueil d’information du monde qui nous entoure, de bonnes réflexions sur nos aspirations, de bonnes adéquations sur nos besoins. Le vide ou la pauvreté d’un côté, et la richesse et l’opulence de l’autre côté n’ont pas de vertus définitives sans que notre esprit se soit d’abord enrichi pour pouvoir fixer ensuite un comportement qui nous ira bien.
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MANGER A SA FAIM - Les yeux plus gros que le ventre nous arrivent souvent par notre fringale de la vie qui se précipite sans d’abord passer par notre case de réflexion esprit. Nous voulons matériellement tout prendre par opportunisme qu’il n’y en ait plus après et par calcul d’accaparer avant un autre ; alors que spirituellement nous ne faisons pas l’évaluation minimale de ce que nous allons faire avec cette prise, avec ce trop gros accaparement qui dépasse notre capacité d’en faire usage. Les nourritures et les jouissances terrestres ne nous sont pas interdites, bien au contraire. C’est de leur respect qu’il s’agit : en considérant que ce sont des biens de la terre en quantité limitée, pour que nous en fassions un usage partagé avec les autres et équilibré avec nous-mêmes.
NOTRE PROCEDURE EST EN COURS - Le plus digne des buts ne peut justifier que nous employons des moyens indignes pour y parvenir. Pas plus que l’on ne peut l’acheter, la vertu n’est pas un état au bout d’un parcours. C’est un chemin dont le premier caillou qui fait mal va être évacué par notre esprit de manière positive pour avancer, ou régressive pour reculer. Par extension, toutes, vraiment toutes, nos expériences de la vie, sont des terrains de manoeuvres dans lesquels nous entraînons notre esprit. Le livre ouvert de la vie s’ouvre à n’importe quelle page qu’il nous appartient de remplir avec passion ; avec les références des penseurs qui nous ont précédés ; mais avec un concernement pratique passionnant dont nous sommes le héros.
VIVRE SON MAL COMME UN BIEN - En prenant comme incontournable le fait que la vie extérieure est un déroulement indépendant de notre volonté nous gagnons immédiatement beaucoup de temps. Inutile de penser que cela pourrait être autrement. Aucune responsabilité directe ne nous est imputable mais la traversée de ce qui arrive va nous concerner de près ou de loin. Ce réalisme nous met en situation de spectateur attentif et s’il le faut d’acteur prudent et prévenu. Le rapport de force nous empêche de nous opposer au déferlement mais l’intelligence nous permet de monter des stratégies d’endurance, de contournement et en tous cas de patience. Et s’il advient que l’événement, décidément plus fort que notre psychisme et notre santé, nous emporte et nous terrasse ce ne sera que l’avènement d’une issue qui arrive à tous ; avec le bonus pour nous de la placidité avec laquelle nous l’aurons laissé venir sans y penser
ET SI C’ETAIT NOUS L’ETRANGER - L’autre que nous ne connaissons pas encore est l’étranger. Son contact provoque la méfiance de tout ce qui nous est inconnu et la crainte que nous aurons à l’aider ou à l’entretenir. Cette deuxième présomption d’avoir à aider et partager concerne notre humanité car nous n’éprouvons jamais une culpabilité du même ordre pour un arbre, pour la mer ou pour un éléphant. La reconnaissance de la qualité d’être humain met en conflit notre condition primaire d’appartenance à l’espèce et notre attribut secondaire sophistiqué de pouvoir faire sentir à l’autre qu’il est étranger à la niche de l’humanité que nous avons réussi à constituer. Et si le contraire faisait penser à l’étranger que c’est nous qui lui sommes étrange ! La relativité de qui est étrange à l’autre s’accentue au fur et à mesure que les niveaux économiques et sociaux se nivellent et abaissent les frontières donc l’étranger.
GONFLETTE INTELLECTUELLE - Nos démonstrations physiques ou intellectuelles font partie d’un exercice de nous même dont le but est notre entraînement et notre satisfaction. L’exhibitionnisme ridiculise celui qui le pratique comme si lui revenait en pleine face le contraste visuel entre son effort physique et la prétention à en faire spectacle.
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INVERSER LA VAPEUR - La vie nous donne des expériences à observer avec un sens mécanique de l’analyse. Le démontage minutieux des pièces de notre fonctionnement prouve que tout s’imbrique pour se compléter. Et que c’est en remplaçant les détails d’un comportement par son exact contraire que l’on peut y remédier. Telle une voiture à l’arrêt sur une pente ascendante dont on bloque une vitesse en marche avant pour être sur qu’elle ne reparte pas en arrière. Tous les phénomènes ne présentent pas la même simplicité dualiste ; mais le bon sens met à notre disposition des tas de remèdes basiques qu’il vaut pour le moins la peine d’essayer. Faire le contraire de ce qui nous fait du mal ne peut aggraver le mal et au contraire être une piste vers le bien.
RICHE DE SOI - Notre désert peut être un royaume dont nous sommes le roi ! Cette auto proclamation de soi à caractère de prime abord égocentrique est l’évidence que le domaine spirituel où nous promenons nos pensées est nôtre royaume. C’est un champ clos qu’il nous appartient d’entretenir et de parcourir en bon gardien des lieux et gentleman farmer de sa jouissance. Dans notre vaste propriété rentre qui nous voulons selon une préséance qu’il nous appartient de fixer. Par opposition nous sommes amenés à pénétrer le domaine d’autres si nous y sommes invités et selon les règles d’autrui. Où sommes-nous le plus en phase avec nous-même est la grande question que nous devons constamment nous poser. Une culpabilisation sociale nous fait penser et dire que la tristesse c’est d’être seul. Mais cela dépend où ? Où nous sentons-nous seul ? Seul chez les autres n’annonce que le manque de repères chaleureux des autres qui nous imposent des codes et références sociaux artificiels. Seul chez nous est plus inquiétant puisque nous ne trouverions pas en nous de quoi nous voir, nous parler, nous comprendre, nous aimer. Pour autant cette découverte d’être seul en nous est porteuse d’un besoin qui ne va pas tarder à être un creusement, une galerie d’accès dans notre tréfonds où nous ne manquerons pas de découvrir nos trésors.
LIEU SOUS NOTRE HAUTE SURVEILLANCE - La paix extérieure s’obtient par à force de civilisation généralisatrice sans pouvoir garantir la paix intérieure de nos consciences individuelles. La première est pourtant nécessaire pour que la deuxième puisse exister et s’épanouir. De sorte que le sage doit en quelque sorte être d’abord un bon citoyen, déférant mais suffisant pour ne pas exiger de l’état ce qu’il lui est impossible de donner. La société organisée arrête ses possibilités de nous rendre heureux là où commence notre intimité. Notre moi ne peut être meublé de l’extérieur par des biens matériels ou de conventions empruntées à la mieux intentionnée des organisations humaines, spirituelle politique ou matérialiste. Il y a en nous une grande place pour notre moi qu’il est indispensable de faire vivre selon des concepts de vie personnelle, sans l’aide de personne, sans craindre la solitude d’un extérieur qui ne peut pas y pénétrer et violer l’intimité.
JOUER AVEC SOI - Les matériaux de notre domaine intérieur sont dans un vaste chantier qui attend notre agilité de constructeur. Pareil à des enfants dans le bac à sable dont le concept informatique moderne traduit le besoin de spontanéité et d’inventivité hors règle dans un champ clos. Nous voici donc en possibilité de bâtir les châteaux en Espagne de notre imagination pourvu que ce soit dans notre espace intérieur. La débauche de nos idées est bienvenue pour que nous expérimentions des délires, des inversions d’habitudes extérieures, des remises en cause. L’avantage immense de notre périmètre intérieur protégé réside dans la souplesse de notre terrain de jeu dont le sable spirituel amortit toutes nos audaces ; dans la discrétion de jouer à couvert du regard critique ou moqueur. Dans notre laboratoire ludique intérieure nous pouvons faire tourner à fond les manettes de nos possibilités et retenir
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comme un jus unique la recette du bien-être qu’il sera temps et prudent alors de faire sortir vers l’extérieur.
C’EST A NOTRE TOUR D’ETRE EN PISTE - Les autres en tant que présence spectatrice de nous ne nous garantissent aucun bien-être. Notre besoin de sociabilité ne doit pas nous rendre infirme dès que nous sommes seuls. C’est vers nous que nous trouverons le meilleur acteur de notre vie.
ATTENTION AUX MARCHES DE NOTRE SUBJECTIVITE - Les effets de notre imagination divertissent sans pouvoir amener de la pertinence à nos décisions. De cette légèreté inoffensive si on ne l’arrête pas en vol peut découler une extrapolation de prévision heureuse ou fâcheuse avec des conséquences de crainte que cela nous touche. Le maniement de notre subjectivité est comme celui des armes dont il faut se prémunir des effets de contre coups.
PASSER NOTRE BARRIERE - Le mot de passe garantit que l’initié a les qualités reconnues pour passer. Dans notre fort intérieur c’est nous seuls qui montons la garde pour que l’extérieur futile et inutile ne nous envahisse pas. Nous examinons ce qui arrive pour identifier en veilleur et demander la nature et la pertinence de ce qui veut franchir notre porte.
UN PETIT BIEN A SOI VAUT MIEUX QU’UN GRAND QUI NE NOUS APPARTIENT PAS - Aller trop vite sur les chemins de la connaissance ressemble à accumuler des bagages que nous ne prendrions pas la peine d’ouvrir. Nous les avons au sens d’acquisition. Nous ne les avons pas au sens d’expérience vécue. Pourtant en chemin, nous voulons exhiber nos livres ou du moins en parler ; déployer nos diplômes pour que les gens nous reconnaissent comme diplômés. Il se peut qu’un public non averti, non exigeant et tout aussi paradeur que nous se laisse prendre et séduire par notre embonpoint de savoirs. Mais qu’il nous arrive, comme c’est le but, de croiser le véritable pèlerin en quête de notre confiance nous risquons de nous sentir bien incapables, infirmes, bref, nul. Alors qu’un seul petit paquet de connaissances bien méditées, comprises, mises en musique avec nous, aurait suffi pour pratiquer un véritable échange avec celui qui nous tendait la main.
BEAU POUR DE VRAI - Seuls les traits objectifs de notre comportement ou de notre personnalité peuvent nous distinguer. Ce que nous avons, ce dont nous venons ne sont que des décors de circonstances indépendantes de notre volonté. Pourtant c’est presque toujours par ce bout de notre étiquette que nous nous laissons identifier au point même de devancer la curiosité en exhibant notre pédigrée. Que ne saurions-nous susciter l’intérêt de nous voir en noblesse d’action, en générosité de partage, en exemplarité de conduite au quotidien, le tout en modestie de réaliser sans faire valoir. Ces vertus de comportement propres au genre humain sont des marques distinctives individuelles ou combinées qui caractérisent avec finesse un homme par rapport à un autre homme. Loin d’une mode passe partout d’où l’on ne reconnaît personne en particulier, le défilé des gens de bien est un spectacle chaud de spécimens dont chacun laisse une trace que l’on a envie de suivre pour la faire sienne.
D’ABORD CHASSER L’INTRUS DE NOTRE ESPRIT - Personne n’est indispensable y compris dans la perversité que la réputation lui prête. La disparition d’un méchant est un soulagement à court terme. Ne plus le voir c’est ne plus avoir à le craindre. Mais nous aurions
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dû de son vivant réussir à l’éradiquer de notre champ prédictif ; et le laisser errer dans un espace hors de notre atteinte.
ON NE PEUT PAS PLAIRE A TOUT LE MONDE - Je préfère changer de trottoir que de rencontrer face à face des personnes que je ne maîtrise pas. Non point que je cherche à les dominer mais simplement je n’arrive pas à avoir avec elles un échange normal qui ne me diminue pas. Ce n’est pas une fuite de la réalité mais un constat d’impossibilité, qu’il vaut mieux reconnaître avant plutôt que d’avoir à réparer une nouvelle fois après, incapable que j’aurais été de contrôler ma rencontre. La modestie de savoir se reconnaître incompétent nous grandit et nous laisse de la place pour notre véritable compétence.
SERRER LES BOULONS - Réparer tout de suite ce qui crée discontinuité des phénomènes de la vie aide grandement à la fluidité de nos actions. Le temps que nous gagnons en ne nous attardant pas sur les défauts pour passer à la dynamique des qualités est une immense réserve de bonheur, sagesse, créativité. Il existe effectivement un positivisme entraînant lorsque l’ensemble des éléments de la vie avance ; tandis qu’il se constitue une gangrène de négativisme lorsque les détails se hérissent et grippent la machine. La marche du monde suppose des esprits accordés sur les grandes lignes dont nous sommes en charge des détails à réparer au fur et à mesure de leur casse éventuelle.
LA FAUTE DE CELUI QUI SE CROIT AVANT D’ETRE - Chacun ses moyens pour convaincre, en ayant à l’esprit que le spectateur qui arbitre des affrontements est un public de sensibilité. C’est avec les sens que l’auditoire apprécie les performances des uns brillants causeurs mettant les rieurs de leur côté, tandis que les autres s’escriment dans un débit inattractif duquel en plus ne transpirent pas d’expériences réelles. Qui croire alors se dit le public ? Celui qui m’amuse ou celui qui m’ennuie. En fait il ne croit de toute façon personne mais il se laisse entraîner dans le cours involontaire naturel du courant. A qui la faute sinon à l’impréparation du meilleur signifiant peut-être, mais qui n’a pas su être le mieux disant. Le public requiert que nous respections ses voies populaires d’accès à ce qu’il est.
SUIVRE SA VOIE SANS SE SOUCIER DES AUTRES - Nous ne voulons pas ressembler à ceux que nous détestons mais nous ne pouvons nous empêcher de leur porter des regards en coin de critique, de comparaison, de convoitise, voire de haine. Une fois notre camp à juste titre choisi, de ne pas ressembler à un tel ou un tel, laissons le tranquille, et surtout cessons de remuer nos arguments pour nous en convaincre encore plus. La voie que nous avons choisie est assez forte et claire pour recueillir toute notre énergie, notre créativité, sans qu’il soit besoin d’en rajouter sur les turpitudes du monde ou celles des uns et des autres que nous avons choisi une fois pour toutes de ne pas suivre et encore moins admirés
ACCUSE A TORT - Les fautes sont à mettre au compte de ceux qui les commettent et non sur la tête de ceux qui les subissent. Les accusés subissent le premier courroux mais n’auront jamais à supporter la faute dont ils ne sont pas coupables. Entre temps la justice des hommes fait son oeuvre pour essayer de remettre les causes et les effets dans leur juste place dont les justiciables ne doivent jamais désespérer. Ces propos lénifiants n’empêchent pas d’avoir à endurer l’accusation dont le dénouement peut être long. Entre-temps il faut résister et s’accrocher au seul fait que la vérité est autre, du côté de celui qui a commis la faute, du côté de celui qui arbitre mal alors que le mal est chez le fauteur qui n’est pas débusqué. Ce qui est
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grave n’est pas d’être accusé mais d’avoir commis la faute. De cela seulement nous pourrions être meurtri.
RESSOURCEMENT - Il est des lieux où souffle l’esprit vers lesquels il faut nous précipiter. Il s’y respire un grand air frais généreux et la nature y parle comme un livre. Plus visibles qu’ailleurs les éléments semblent mener un grand ballet harmonieux dont les danseurs caressent nos sens. Nous n’avons plus qu’à nous laisser porter. Nos impressions se précipitent et s’accumulent vers notre creuset intime de perception, de réflexion et de recréation de notre monde prêt à revivre la vie bien réelle
VENERER L’ELEVE PLUTOT QUE LE MONDE DANS LEQUEL IL DOIT S’ELEVER - L’enfant roi, et plus tard le consommateur qui a tous les droits, éclairent notre conception des rapports entre la vie et les êtres humains. Nous pensons que l’être humain est toujours cet animal supérieur envers lequel les éléments doivent se soumettre. Paradoxalement ce devrait être le monde qui se modifierait ou du moins qui devrait se faire doux pédagogue pour que ses habitants puissent le comprendre et l’accepter. Ainsi fait-on prend le risque de laisser le temps de chaque vie les individus se comporter en parallèle d’un monde qu’ils ne comprendront jamais puisqu’on néglige de leur en apprendre les rudiments. Or, nous naissons en état inné de fonctionnement pour recevoir des informations du monde qui deviendront au fur et à mesure acquises. Cette constitution progressive de notre savoir du monde est un processus d’élévation où nous sommes effectivement les élèves attentifs aux soins prodigués par de véritables précepteurs. Ceux qui ont charge d’enseigner le monde et de le diriger doivent donner le goût de l’acquisition de connaissances et de règles de vie en société. Leur flatterie pour nous faire croire un contraire de confort sans effort est une erreur et une faute. L’élève a besoin d’apprendre par lui-même comme il doit être appris au pêcheur à pêcher seul ensuite. Le monde a besoin de citoyens constitués en responsabilité pour prendre une part personnelle dans la suite de l’édification : laisser les gens en état d’hébétude est une faute.
TIRER LE BIEN DE TOUT - Nous endurons des phases désagréables au cours de notre vie : maladie, chômage, désaffection, séparation, mort. A y regarder de très près nous les traverserons dans une chronologie du temps et nous n’y restons jamais définitivement. Il y a donc toujours deux éléments en jeu qui sont d’une part les décors de vie tels que ces épreuves, et d’autre part notre véhicule de vie que nous conduisons propulsé par la force de notre esprit et les dispositions de nos facultés corporelles et mentales. De cette description il ressort que la vie qui passe autour de nous est une histoire qui nous est extérieure, alors que nous qui la regardons et la vivons pour ce qui nous concerne sommes dans un processus intérieur. Nous pouvons peu et même rien pour ces tableaux externes de maladie, de catastrophe, de déceptions ; mais nous pouvons tout pour que notre fonctionnement interne transcende et féconde notre vécu des choses en expériences supplémentaires de bon choix, de liberté, de retour sain sur le monde extérieur ; afin de prévenir, par notre action personnelle, les maux futurs de la société.
CHERCHER SON MAITRE MEME DANS L’EPREUVE - Celui qui nous veut et fait du mal a tous pouvoirs sauf celui de forcer notre manière d’encaisser ses coups violents. Nous pouvons par exemple ne pas le haïr tout en devant le subir ! La scission opérée entre notre douleur physique et notre ressenti moral allège notre peine en interne ; mais aussi en externe cette séparation des genres avec cet esprit de résistance décrédibilise le malfaisant déçu que ses coups ne cassent pas notre volonté. Le tortionnaire nous rend enfin le service de
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renforcer nos capacités alors qu’aucune autre situation n’eut pu nous contraindre à endurer le mal sans circonstances. Il n’y a pas lieu de remercier les événements qui nous font mal ; mais il y a lieu de se tenir toujours prêts à vivre avec un sens stratégique de l’endurance toutes les expériences que le monde extérieur nous envoie.
LE BIEN PAR LE MAL - Ce qui nous fait du mal ne sait pas que cela nous fait du bien puisque la résistance oblige à construire des moyens de défense et des réflexions sur les motivations de l’agresseur. Curieux en effet que celui qui nous frappe se trouve dans une situation de proximité qui va nous permettre de mieux le voir, le comprendre, l’apprécier. Avec sa force extérieure le pauvre agresseur se met en position de faiblesse puisque nous l’auscultons à nu, dans ses réactions primales. Nous pouvons lui répondre en contrecoup de son agressivité par une violence similaire qui ne serait qu’une revanche. Nous ne serions après cela que dans un match se comptant les points. Au lieu de cette dualité il est possible de s’élever en observateur de la situation pour la comprendre et la faire comprendre
TROP VITE POUR AGIR BIEN - Ce que l’on a envie de propager et partager tout de suite à son entourage vient d’un bon sentiment de ne pas garder pour soi ce que nous pensons utile aux autres. Mais y sommes-nous prêts ? L’expérience de moments forts en nous s’avère souvent intransmissible à des tiers parce que nos émotions sont à vif, sans explications, sans mots pour le dire ; seulement avec notre enthousiasme ou notre effroi qui sont des impressions et non des informations. Si nous voulons transmettre il faut d’abord mettre de l’ordre en nous, qualifier nos savoirs, notre fonctionnement, nos réflexions afin de les neutraliser de leur côté opinion personnelle. L’autre pourra ainsi, lorsque nous serons maître de nos moyens, apprendre de nous par nos outils qu’il devra manier à sa guise personnelle, comme nous les manions à notre façon. L’anticipation pour partager un savoir est une mauvaise voie car elle ampute les informations de leur véritable sens, et elle délivre notre vision toute faite alors que nous devrions aider les autres à se faire leur propre vision et opinion.
L’APPEL DE SOI GARANTIT NOTRE UTILITE - Le ressenti que nous devons être utile aux autres nécessite une analyse très fine de nos constituants internes. La bonne volonté ne suffit pas à se mettre en disponibilité pour la société. Trop de gens autour de nous se cassent le nez en voulant se rendre utiles alors qu’ils n’en sont pas capables. Ils se mettent en avant et faillissent dans des missions difficiles que le public a beau jeu ensuite de trouver impossible à résoudre. C’est en commençant par les fondations de soi que l’on est capable de construire un édifice solide qui émergera petit à petit dans l’horizon de la société. Comme une fleur qui ne montre ses pétales que trois petites semaines après de longs mois concentrée sous terre dans son bulbe. Le monde extérieur est si impitoyable dans son exigence de services rendus impeccables qu’il faut s’y préparer impitoyablement et impeccablement nous aussi. Peu importe le temps où nous éclorons mais que nous y soyons à ce moment là visible et pratique pour cette unique rencontre. La brièveté de notre apparition sera en effet une actualité qui soudain nous reviendra ; mais entre-temps, pour nous construire, nous aurons depuis le début joui du spectacle de la progressivité de nos efforts, du constat de nos améliorations, des essais sporadiques de nos incursions dans le monde extérieur.
AUGMENTER BETEMENT SA DOULEUR - Malheureux est un état que nous nous créons en éclairant un mal réel, que nous subissons physiquement, par une opinion que nous projetons sur nous, pour juger notre souffrance, pour l’amplifier moralement, pour lui donner
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une consistance de principe inacceptable. Et nous voilà avec deux maux : l’un physique, l’autre moral qui est notre création, sans référence pour notre entourage qui ne peut en entendre que les cris. Nous nous enfonçons dans une mollesse de nous même sans autre repère que l’espoir lâche d’être pris en pitié.
ESPACE PENSEUR RESERVE - La vindicte de la société et des hommes peut nous exiler n’importe où dans l’enceinte de son espace temporel. Mais elle ne peut pas franchir la porte de notre domaine intérieur. Là nous sommes à l’abri des autres et au contraire complètement exposé aux principes d’accueil et d’expression de tout ce qui constitue notre personnalité intime. Notre porosité avec les éléments profonds de la vie ne peut être violée par les agressivités externes. Nous y sommes à couvert dans un face à face auquel personne ne peut enlever la proximité et l’intimité.
JAMAIS TROP TARD POUR CROIRE EN SOI - La conviction que nous avons de nous surprend le mécréant méfiant. Il est des gens qui ne veulent pas se voir et croire en eux de peur d’y découvrir trop de désordre ou d’aspiration qu’ils leur semblent trop tard de commencer à nettoyer. Qu’ils se rassurent car le nettoyage est toujours à recommencer de sorte qu’il n’est donc jamais trop tard pour entreprendre. Nous ne sommes pas des locaux définitivement propres ou sales mais des instruments perfectibles au service de cause que nous pouvons selon notre action voir bonne ou mauvaise.
ECRIRE NOTRE LIVRE INTERNE - Les connaissances du monde sont un inventaire statique par rapport aux richesses que recèle la potentialité de notre esprit. Quelque soit l’état d’avancement mesurable de notre ouverture sur l’externe, notre propension à vouloir l’infini traverse tous les rayonnages des bibliothèques de l’univers. Ce que nous cherchons n’est pas une théorie ou une phrase brillante mais une quintescente clef de nous même qui ouvre notre destinée et commande d’y marcher.
MEDITER ET REPARER EST UNE THEHRAPIE POUR SE SENTIR MIEUX - Penser et méditer les données de notre moi interne s’éprouvent en deux étapes dont aucune n’est une contemplation de plaisir. Nous voyons un état des lieux qui n’est pas forcément satisfaisant ; nous devisons sur les travaux de rénovation et de perfectionnement. Pas de douleurs mais au contraire des actes concrets dont l’entreprise est pour nous source d’épanouissement de nos moyens, de découvertes de nos solutions, d’atteinte d’un résultat. C’est une forme de thérapie plaisir de faire vers la guérison.
SORTIE DE PISTE - Nos possessions internes ont toutes les caractéristiques pour nous rendre spirituellement autonomes et heureux. Ce sont nos enfreintes et nos sorties de notre piste externes qui nous exposent à une adversité immaîtrisable justement parce qu’elle nous est extérieure.
OUVRONS LES YEUX, LE SPECTACLE EST FINI - Seule l’habitude nous promet qu’une bonne situation ou qu’un événement agréable se perpétue à notre intention. Cette impression est une construction artificielle de notre esprit qui aura en la circonstance assimilé des éléments extérieurs pour en faire, croyait-il en nous trompant, des constituants définitifs intérieurs. Notre moi interne a en l’occurrence faussement pris possession de ce qui ne lui a jamais appartenu. Notre tristesse de voir ces promesses s’évanouir n’est que le tomber de rideau d’une représentation que nous nous étions faites.
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LE VOYAGE EST LA CONDITION DE NOTRE JEUNESSE - Les lieux changent autour de nous suscitant notre réticence. Pourquoi tourne-t-elle cette foutue terre alors qu’elle pourrait rester exposée au soleil. D’où peut-être l’erreur des anciens mais qui n’a rien modifié de notre propension à vouloir que les êtres et les éléments autour de nous restent pareils. Besoin de possession ou frilosité de changer l’eau du bain dont la température s’était équilibrée avec la nôtre ? En tous cas cet enracinement est un processus à l’envers par rapport à notre naissance aléatoire sous forme d’un embryon dont la progression est un voyage permanent. S’habituer à un lieu, une situation, un entourage humain, c’est refuser de grandir ; ou plus exactement c’est prendre possession et racine, sous prétexte de raison de protection, d’un espace de notre vie qui ne nous appartient pas. Nous n’y risquons plus d’y faire quelque découverte puisque nous arrêtons notre lancée de continuer ailleurs.
L’HUMANISME STRUCTURE LA SOCIETE AVANT LA LOI - Les devoirs que nous contractons socialement, dans le respect des lois qui nous sont proposés, ne nous engagent pas dans un asservissement global. Les structures mises en place par les sociétés ne font qu’encadrer les éventuelles défaillances de notre humanisme qui garde la priorité de penser le monde, d’y réfléchir et d’y agir.
UN MALHEUR NOMME DESIR - Ce que nous désirons n’est pas à notre portée puisque le désir est situé dans un futur qui nous est extérieur. Toute appropriation prématurée, tout rapprochement contraire à notre nature nous met en situation de porte à faux vis-à-vis d’un bonheur qui n’arrive plus à se trouver dans l’ici et le maintenant, remplacé qu’il est par un demain je voudrai malheureux !
SE CONTENTER DE L’IMMENSE BONHEUR DU PRESENT - L’ordre des cycles de la vie fait passer autour de nous les éléments naturels et humains auxquels nous manifestons de l’affection. Aimer au présent doit nous suffire sans nous projeter dans un aimer demain et encore après-demain devenant un attachement injuste, incapable de se produire, mais susceptible de créer une plaie purulente autour d’un événement artificiel créé de toutes pièces par notre imagination.
NE SOUFFRIR QU’ICI ET MAINTENANT - Les nouvelles du monde pleuvent sur nos épaules sans que nous en soyons trempés. Mais notre émotivité en est ramollie, nos sens troublés alors qu’il n’y a rien de présentement changé dans notre vie ici. Ce qui se passe ailleurs peut nous éclairer dans une leçon permanente du monde en cours. Mais c’est une prise en charge totalement inutile de nous en affliger comme si nous en étions les acteurs concernés.
TROMPER SON MONDE - Parler de soi n’est pas un mal mais parler de ce que l’on n’est pas est une usurpation à plusieurs titres. On se trompe soi-même, on trompe les autres, on anticipe des attitudes à notre égard auxquelles nous n’aurons pas compétence pour répondre, on disqualifie les sujets sur lesquels nous nous prétendons experts. C’est une confusion extrême dont nous ne sortirons pas indemnes. Autant l’ignorant qui se tait ne peut être soupçonné de pratiquer un mauvais art à des fins intéressés, autant en revanche celui qui sait sciemment une chose et prétend son contraire pour se mettre en valeur est redevable à la société de toutes les conséquences qu’il engendre. L’usurpation de réputation est un mensonge augmenté du cortége de ce que chacun fait de mauvais lorsqu’il est ainsi trompé.
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NOUS NE POUVONS PAS NOUS METTRE EN MARGE DU MONDE - Nos devoirs d’homme nous donnent des responsabilités civiques immédiates sur les personnes qui nous sont liées : famille, communauté, patrie. Cette définition stricte ne nous affranchit pas d’être en tous lieux, avant même ses devoirs, un homme participant en tous temps dignement à l’histoire de son humanité. Notre conscience d’être au coeur d’un grand tout un creuset d’intelligence nous met dans une confrontation inévitable avec tous les éléments du monde. Nous ne pouvons nous dérober à notre place et rôle. Nous y sommes bons ou mauvais selon nos inclinations passagères ou définitives mais notre présence y est incontournable. Inutile d’essayer de nous cacher derrière notre petit doigt prétextant que nous sommes insignifiants et hors-jeu des affaires du monde. Insuffisant de prétexter que nous nous occupons déjà bien de nos femme, enfants, communauté, patrie. Nous sommes particule élémentaire et complémentaire à la fois d’une grande oeuvre du monde dont nous ne pouvons nous extraire.
MERCI A CELUI QUI NOUS OUVRE LES AILES - La compagnie que nous devons la plus rechercher, la relation que nous devons certainement bien écouter, c’est celle qui nous délivre le plus simple message de liberté. Dès lors que nous sentons dans les propos, l’attitude, ou l’affection d’autrui cette petite clef qui ouvre les ailes pour que nous pensions par nous même nous sommes sur d’être sur notre vraie piste.
S’AIMER COMME SOI MÊME - La soumission aux choses ou aux êtres est une posture inhumaine car seul est admirable pour l’homme que lui-même. C’est au-dedans de soi que nous devons nous prostrer, nous chercher, nous aimer ou nous remettre en question.
MEFIONS-NOUS DE CE QUE NOUS NOUS CACHONS - Les éléments extérieurs de la vie ne nous apparaissent injustes que parce que nous en avons une perception affectée par le filtre de nos sentiments. Ils existent et nous ne devrions vraiment pas leur en vouloir en les traitant de mauvais ou bon augure ; quitte à préférer le soleil à la pluie selon nos préférences ! Les éléments de notre coeur et de notre fonctionnement interne sont par contre plus retord et difficile à cerner. Leur capacité de nous faire bonne conscience est infinie. Ils ne cessent de nous cacher notre vérité et de nous faire emprunter des mauvais chemins de traverse. Ceux-là sont des signes annonciateurs de comportements dont nous aurons à supporter les conséquences.
COMMANDANT DE NOTRE POSTE DE CONTROLE - L’obéissance et la soumission à ce qui est en dedans de nous n’est pas un asservissement : c’est une juste disposition de nous-même pour être en phase mécanique d’accomplissement de ce que nous sommes. Il ne dépend que de notre réflexion interne d’avancer, reculer ou arrêter la mission que nous nous sommes intérieurement confiée. Nous n’avons à être redevable à personne d’être au coeur de notre poste de commande notre vie. Personne ne peut nous en déloger. Nous seul pouvons en disposer.
ACCUEILLIR L’ADVERSITE ET LA RETOURNER EN NOTRE FAVEUR - Il est difficile d’affirmer en postulat péremptoire que les épreuves de la vie nous renforcent et construisent. Nous ne choisissons pas nos souffrances. Nous ne dirigeons pas le parcours inversé du mal qui deviendrait un bien. Pourtant souvent le résultat est là de nous retrouver grandi par l’épreuve que nous venons de vivre. Nous avons trouvé des réserves d’énergie dont nous
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ignorions l’existence. Nous avons inventé des stratégies de préservation de nos forces essentielles. Nous avons relativisé l’important et le futile. Nous avons découvert le miracle du vivant après des frôlements dangereux de la mort. Cette épopée n’a été possible que parce qu’elle fut contrainte et forcée par des événements extérieurs sur lesquels nous n’avions aucune prise en aval mais où nous disposions d’une préparation en amont acceptant la vie comme elle est. Cette disponibilité à la vie est trop souvent considérée comme un fatalisme inconscient alors que c’est ici une garde rapprochée de nos éléments internes. Nous sommes toujours prêts à intégrer en nous les adversités qui nous assaillent, pour les mettre à notre mesure ; et pour témoigner au monde la possibilité de vaillance quand on en prend les moyens.
LA PRATIQUE SERT LA THEORIE A ÊTRE JUSTE - Tandis que d’autres parlent et décrivent certains se taisent et pratiquent. Il n’y a pas de parcours obligatoire dans l’apprentissage de la sagesse car quiconque transporte toujours avec lui la boîte à outils de sa pensée, qu’il peut ouvrir à loisir n’importe où ; sur le chantier de la vie ou à l’académie des beaux esprits. L’un et l’autre lieu ne se comparent pas mais ne se déjugent pas pour autant. Celui qui veut apprendre ne doit pas se sentir abstrait de commencer par l’école ; de même que celui qui pratique ne doit ressentir aucune supériorité d’avoir brûlé l’étape de la théorie. La vie respecte nos rythmes et nous demande seulement de ne pas faillir aux opportunités qui se présentent. Et c’est tant mieux si la théorie ne fait que décrire et conceptualiser la pratique, démontrant par là le bien fondé de la description, le bien aller de la réalisation. L’un et l’autre se complètent et diffusent l’envie de les rejoindre.
VICTOIRE SUR NOUS MÊME - Tout ce qui est visible des autres nous fait entrer dans un champ de comparaison. Quand je me vois je me désole, quand je me compare je me console, dit un proverbe. Notre victoire est modeste et relative de nous trouver pas si mal alors que nous voudrions nous trouver si bien ! Il faut donc placer le curseur de notre compétitivité non pas sur les autres mais sur un nous-même bien analysé dans sa meilleure possibilité de performances. Ce que nous croyons pouvoir faire de mieux est accessible non par désir mais dans une suite logique de nos ingrédients qui peuvent fonctionner vers ce but quand nous y mettons le carburant de notre profond intérieur. LOUE SOIT NOTRE VIE - La beauté et le bien aller de notre fonctionnement interne sont une raison de nous admirer que nous négligeons. Par pudeur. Par modestie. Par oubli. Cette grande roue de nous-même, invisible aux yeux extérieurs des autres, a tout de même besoin de coups de pouce et de signes d’encouragement que nous seuls décemment pouvons formuler. Négliger de nous louanger c’est ne pas huiler notre mécanique et prendre le risque qu’elle se trouve abandonnée de notre considération.
SINCEREMENT NOTRE - Notre grandeur intérieure n’a pas une dimension proportionnelle à l’extérieur. La vie peut nous maltraiter, les événements nous accabler sans que notre disponibilité interne ne doive en être aigrie. Notre bonheur est dans la conviction de nos actes que nous voulons juste. Le meurtrissement des choses matérielles reste dans la case extérieure de notre vie alors que notre case intérieure se réjouit d’être au spectacle de lui-même dans un activisme sincère.
LA REALITE NE NOUS FAIT PAS PEUR - N’est mauvais pour nous que ce que nous craignons et ce que nous désirons. Une fois identifiées toutes les sources de conflit y compris
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venant de nous-même nous sommes face aux réalités qui doivent s’expliquer, se comprendre, devenir nécessité d’action lorsque nous les avons assimilé sans peur et sans reproche.
INSENSIBLE AUX EVENEMENTS - Pour être hors d’atteinte des autres, c'est-à-dire complètement libre, il faut ne rien craindre de la vie y compris sa fin que nous laisserons venir comme les événements précédents sans savoir qu’il est le dernier.
IRREDUCTIBLE - La condition de l’homme dépend de sa résistance physique bandée par sa force morale. Cette pugnacité interne peut ne jamais nous abandonner à condition de placer haut l’idée que nous nous faisons de nous comme une piqûre permanente pour revitaliser notre souffle de vie.
ESCLAVES DE NOTRE COMPORTEMENT - La dépendance des autres s’appelait autrefois l’esclavage. Nous en avons banni le mot et interdit les situations domestiques abaissantes qui caractérisaient ce rapport d’un homme avec un autre homme. Le mot et les circonstances ont bien changé sans pourtant effacer complètement les cas d’asservissement d’un homme à un autre. Il demeure donc des petites dépendances, des grandes, et carrément des assouvissements d’êtres humains pliés à la volonté d’autrui. Des conditions de vie obligent parfois. Mais des immaturités de comportement précipitent souvent les gens vers des solutions dont ils deviennent esclaves.
QUI EST NOTRE CHEF - Regardons qui nous a fait roi et pour combien de temps. Nous devrions souvent remettre en question les fils qui manipulent nos déambulements dans la vie extérieure. A qui devons-nous ce droit de vivre ? A nos diplômes, à nos passe-droits, au privilège de notre naissance, à la protection d’un puissant ; et tout ceci pour quelle durée de bail. Il se peut que tout notre appareillage soit parfaitement verrouillé dans une chaîne de tenants et aboutissants où nous sommes nous-même partie intéressante pour l’autre. Il n’empêche que notre analyse doit vérifier nos degrés de dépendance vis-à-vis des autres ; et faire en sorte que nous en vivions les liens forcés dans une intelligente compréhension et non dans une duperie de nous croire ce que nous ne sommes pas.
AIMER A EN PERDRE LA RAISON - Aimer, en bout de course de toutes autres raisons objectives d’admirer, c’est englober une personne dans son entier, c’est la placer dans un état d’au-dessus de tout en ayant plus besoin d’en faire aucun détail.
GARDIEN DE NOTRE TEMPLE INTERIEUR - C’est à dessein que la société nous fomente des désirs et des craintes. Dans ces situations d’attente inassouvies nous sollicitons et acceptons les mains tendues qui veulent nous prêter assistance en envahissant notre domaine intérieur. Nous baissons la garde. L’assistance des autres la monte à notre place. Ce service de gardiennage de nous-même à un prix : assujettissement aux présupposés des autres, ramollissement de notre réflexion qui n’est plus sollicitée, dévitalisation de nos cellules défensives et agressives dont le travail est fait par désormais par d’autres. Sans paranoïa nous devons savoir que tout ce que nous déléguons à autrui déleste notre humanité d’un poids au moins égal. Il est des choses désagréables à faire que nous pouvons confier. Il en est d’autres qui sont du ressort intime de notre conduite. Voulons-nous être en conduite assistée ?
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GUIDE DE SOI - Les guides nous indiquent le chemin de tout le monde alors que nous ne sommes faitd que pour notre seule voie. Cette simplicité de l’énoncé nous place dans une stricte commande de nous-même : qui sommes-nous, où voulons-nous aller, quelle est notre endurance pour parcourir la distance et ses embûches, de quels moyens disposons-nous ? Le détail de ces questions préfigure que nous seuls pouvons y répondre, en prenant ces interrogations une par une comme si nous nous faisions une check-list avant décollage. Il s’agit d’un véritable point en temps et lieu réels de notre géopositionnement, de notre énergie moteur interne, de notre vision météo externe. Ce n’est que lorsque nous nous sentons cinq sur cinq en adéquation ingrédients internes face aux contraintes externes que nous pouvons nous donner le top de décollage. Ce n’est plus qu’au vent d’améliorer ou de freiner notre trajectoire.
NOUS SOMMES EN CONSIGNE DE NOUS MÊME - Nous avons reçu en dépôt notre paquetage de survie à utiliser le temps de notre service humain. Nous sommes en mission. D’aucun ont précédé tandis que d’autres suivront. Tous laissant intact, et si possible bonifié de leurs expériences, le cadeau de la vie. Inutile et injuste de s’opposer à rendre ce qui nous avait été simplement confié pour bon usage. OCCUPER LE TERRAIN DES LIBERTES - Tant que nous restons attachés aux éléments matériels nous ne sommes pas complètement libre. Plus encore, libre peut-il souffrir d’être relativisé d’un partiellement libre ou d’un complètement libre. Comment peut-on de ce monde s’affranchir de toutes entraves pour ne vouloir que cette liberté ? En en prenant le chemin sans radicalisation qui nous mettrait hors jeu de la société, de notre famille, de notre communauté. La progressivité de nos pas vers la liberté est un premier exercice jouissif. L’atteinte de certains résultats élargissant le domaine des libertés est une deuxième phase concrète que nos contemporains peuvent apprécier en même temps que nous. La lutte intransigeante pour que nos libertés ne soient pas amputées par une circulation extensive d’un progrès aveugle est une troisième action. Tout notre dynamisme focalisé sur la liberté ne garantit pas notre sanctification sur terre mais il procure l’occupation vigilante du terrain que le pouvoir coercitif de la force ne peut plus s’arroger pour lui seul.
L’EXERCICE DU MAL - Existe-il des hommes experts dans l’exercice du mal qui soient contents de leurs conditions ? Qui se disent tous les matins : parfait, j’ai fait très mal hier, je ferais encore plus mal aujourd’hui ! Le mal est un comportement de relâchement qui n’est pas sciemment décidé par ses entrepreneurs. Le méchant pratique sous ordonnance, commandité par d’obscures forces qu’il ne contrôle pas. Il n’est pas libre de s’arrêter ou de continuer. Il est. C’est à la société de lui faire barrage, de le prémunir, de le soigner ; car seul il est abandonné à lui-même, il est enfermé dans son activité.
GRANDE EST NOTRE DEPENDANCE DES GRANDS - Les circonstances grandioses de nos évolutions dans le monde ne nous affranchissent pas des petites bassesses que nous y commettons. Ce n’est pas parce que la cause que nous servons est grande ou que les dirigeants auxquels nous nous soumettons sont puissants que nous sommes exemptés d’examiner la pureté de nos démarches. La liberté ne peut pas être un bouquet final sur une vie qui ne serait pas libre. Il est des notions fondamentales de notre comportement dont la liberté, le courage, la tempérance, la tolérance qui ne supportent pas la demi mesure en encore moins l’usage
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décoratif en maquillage du reste. Chacune de ces vertus commence dans le plus petit détail de nos vies : écouter, penser, réfléchir, exécuter, manger, boire, dormir, aimer, travailler sont des activités dans lesquelles nous devons êtres exacts avec nous-même. Toute dérogation aussi petite soit-elle est un entâchement, un démenti, une pierre mal ajustée dans notre édifice. Nous sommes un tout intègre dans les petites et les grandes oeuvres. L’emprise des grands dans la société nous responsabilise encore plus lorsque nous les côtoyons et les servons. Les résultats de nos actes y sont démultipliés. Nous y portons avec les grands notre part de responsabilité dans la marche de la société, avec d’autant plus d’acuité que nous nous prétendons juste et bon et que nous devons en effet l’être dans cette grande cause.
PERDU, GAGNE - Le seul résultat de notre vie est celui que nous avons et gardons en-dedans de notre conscience. Il faut savoir perdre dans le matériel volatil pour sauver le spirituel durable.
LE BON MOYEN D’ETRE UTILE - Le témoignage de la vie passe par la conscience de ceux qui disparaissent en restant vivant dans nos mémoires. Peu de biens matériels résistent à l’usure du temps alors que l’idée ou la révolte qui en un temps a éclairé le genre humain constitue à jamais la bonne direction que nous avons prise pour sortir des ténèbres. La continuité du monde déroule sous nos pieds d’autres occasions de trouver et de formuler l’évolution et si nécessaire la révolution de notre esprit. ESBROUFFE - Pour se montrer libre l’effronté échafaude des stratagèmes pour s’échapper du réel matériel : aller sur la lune, dépasser les limites de la nature, approcher les extrêmes. La liste des barrières à franchir s’agrandit au fur et à mesure que les contraintes de la vie sociale resserrent leur étau. Le spectaculaire y rejoint la quête intime de sensations y compris spirituelles. Il se peut que ce soit un des chemins mais le danger pour arriver au but ne garantit pas que l’on n’y atteigne sa véritable liberté. Il faut briser nos chaînes internes pour commencer à toucher notre véritable intériorité gardienne quant à elle de toutes nos libertés. .
POURQUOI SE DECEVOIR - Le désir est un état d’attente très fort qui se dégonfle dès que son résultat est atteint. De surcroît le résultat est une réalité qui ne correspond pas forcément à la version virtuelle que nous en faisions. Déception, temps passé, autant d’occupation de notre espace inutilement pris au détriment d’une vie d’accueil, de constat et d’épanouissement dans ce qui se passe ici et maintenant ; sans déception puisque nous n’avons rien prévu, sans perte puisque nous n’avons rien investi.
EMPRUNTER AU BON ENDROIT - Le riche est toujours parcimonieux avec les autres. Sa générosité n’est pas en cause mais il garde un sens de la retenue et de l’investissement. C’est dans cette optique sociale que sa fréquentation est un relais pour continuer la vie matérielle. Au contraire la vie spirituelle requière que nous nous approchions de véritables donneurs de toutes leurs expériences, sans compter, sans mesure, avec seulement la garantie de l’authenticité et du bien aller pour que nous nous en inspirions.
A QUI PLAIRE OU DEPLAIRE - Nous sommes les seuls concernés par nos actes. Evidence pourtant difficile à faire sienne tant souvent nous agissons pour le regard des autres. Il est vrai que ce que l’on attend de nous est, paradoxalement, plus souvent la réussite
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matérielle que la vertu de notre comportement. Pour notre confort personnel, qui nous importe je crois le plus, il vaut mieux placer la vertu en pariant qu’elle n’est pas ennemie du bien-être. De quoi concilier tous nos amis !
ON EST JAMAIS COMPLETEMENT ARRIVE - Les grandes lignes de notre vie sont tracées et nous mènent semblent-ils vers un eldorado spirituel irréprochable. Ainsi croyons-nous être enfin arrivés dans une situation qui bien sur évolue mais dans laquelle nous pensons avoir définitivement la bonne conduite de nous. Mais le détail de la route ou de notre comportement demeure imprévisible. Rien n’est totalement bon tant que nous n’incluons pas en nous la vigilance et la modestie de ne pas se croire infaillible. Au contraire de se sentir humilié par cet état de petitesse, le sentiment d’avoir toujours à faire mieux personnellement me revigore, me donne envie, m’apporte de nouveaux champs de réflexion, et écarte à jamais de moi l’idée qu’il puisse y avoir un état de perfection ou plus prosaïquement une ligne d’arrivée.
NE RIEN DEMANDER, TOUT RECEVOIR - La variété des situations matérielles des uns et des autres pourrait faire jaser notre interrogation et notre envie. Pourquoi un tel est riche ? Pourquoi un tel est pauvre ? Et moi dans tout cela ? Non point qu’il y ait un destin mais une manière de s’ouvrir à la vie et d’y faire de son mieux. Lorsque l’on sait ce que les éléments qui nous entourent nous offrent nous devons les saisir et les assimiler dans notre parcours ; alors que dans l’ignorance nous ne pouvons nous inventer une trajectoire sans références. Dans les deux cas l’acceptation dynamique de son état et la confrontation avec nos moyens nous mettent en position d’agir. REALITE ET REPRESENTATION - Dans notre dialogue intime avec nous-même nous savons bien qui nous sommes : réaliste, plutôt humble. Ce qui ne nous empêche pas en extérieur de prendre des postures de circonstances selon les rencontres à qui nous voulons plaire, selon les situations personnelles dans lesquelles nous estimons pouvoir nous complaire quand nous relâchons notre effort.
EN ROUTE AVEC NOUS - L’état serein n’est pas une phase définitive de notre vie, dans laquelle nous serions une fois pour toutes à l’abri. La description est celle d’un chemin sur lequel nous continuons toujours à admirer le spectacle de la vie en en enlevant au fur et à mesure les obstacles empêchant notre progression.
TOUJOURS MIEUX FAIRE - Les autres tournent autour de nous dans un spectacle de comportements variés. Sur le fond « un chacun sa vie » nous incline à ne croire qu’en nous pour poursuivre notre voie. Dans la forme nous sommes néanmoins curieux et attentifs à ce qui marche et ne marche pas chez les autres. Ce que nous réussissons à faire de mieux étalonne notre progression et nous montre que nous parcourons du chemin. Raison de plus pour continuer et d’insuffler à d’autres qui nous regardent comme nous les regardions que les moyens existent pour progresser.
PRATIQUER LA BONNE VIE - Je préfère toujours la rencontre opportune, celle qui passe sans que nous sachions si elle se reproduira, au livre même très bon que je pourrai rouvrir et lire quand bon me semblera. L’instantanéité des fruits de la vie qui tombent sans nous prévenir ni du jour ni de l’heure nous commande l’exercice ultra simple d’être toujours en état de cueillette de ce qui arrive. Vouloir être là là où se passe la vie est la première
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condition physique pour ne rien louper, pour pouvoir prendre des éléments qui passent ce qui nous convient, sans désirs et sans regrets puisque nous sommes tout simplement là sans usurper notre place.
LE TEMPS DE L’ACTION - Ayant médité, appris, entraîné notre esprit, la vie nous appelle maintenant à agir. Ce n’est pas difficile. Il suffit de continuer notre construction en n’ayant pas peur de la frotter aux éléments extérieurs. La crainte doit se dissiper car nous sommes particulièrement bien prêts pour affronter tous les cas de figure: recueil de l’information nécessaire, aiguisage de nos vertus, réflexion sur la décision à prendre, action. Plus aucune raison d’attendre : d’ailleurs la vie ne nous en laisse pas le loisir. Il en ressortira une performance d’athlète ayant effectué son parcours, du début à l’arrivée, courant éperdument sans crainte que ses moyens s’épuisent et dans désir de voir sa tâche allégée. Dans le bain de la vie l’expérience externe continue le travail interne et y retourne pour l’enseigner avec de vraies situations.
TOUS LES CHEMINS POURVU QU’ILS NOUS MENENT A NOUS - La fixité des êtres et des lieux nous rassurent. Un tel fait ci, un autre est là, le troisième est ailleurs. Nous nous attachons à une ville, à une situation, à des êtres au point de croire qu’ils sont le seul environnement qui puisse nous rendre heureux. En se retournant en dedans de nous même nous découvrons que la vraie ville, la véritable ambiance, l’exact temps est niché au profond de nous-mêmes. Nous déplaçons notre possibilité d’être là ou là mais c’est toujours notre caravane personnelle qui nous sert de cabine de vie, de survie. C’est cette base logistique que nous devons rendre chaque jour performante et agréable, pour rendre nos voyages n’importe où et quand spectaculaire à nos yeux disponibles.
S’OCCUPER N’EST PAS TRAVAILLER - Notre vie éveillée se croit active dès lors que nous nous agitons. Que nous lisions, aimions, mangions, voyagions, discutions feraient de nous des êtres occupés, certes ; mais occupés à quoi ? Le plus souvent nous voici pris par une activité qui requiert nos attention, intérêt, voire asservissement à la société ou à autrui. Mais nous arrive-t-il d’être pris par nous même, d’être accaparé par le rangement minutieux des informations extérieures, par une saisie sensitive exacte de notre imagination, par la qualification juste de notre réflexion, par l’adéquation précise de nos actes en regard des décisions que nous prenons. Tout ce mécanisme est un travail colossal demandant que nous nous y consacrions en priorité, avant de nous agiter à l’extérieur pour faire bonne prestation dans le monde.
QUE NOTRE FÊTE COMMENCE - L’auto célébration n’est pas de mise tant que l’on n’a pas trouvé la véritable jouissance. Les flonflons de la fête scintillent autour des événements superficiels de notre vie : anniversaire, satisfaction matérielle, mérite reconnu par une société extérieure. Intérieurement quelle fête méritons-nous réellement ? De quoi pouvons-nous en toute et seule lucidité vouloir nous réjouir. Notre modestie dut-elle en souffrir il y a paradoxalement beaucoup de raisons de nous congratuler parce que chaque pas en avant dans la vertu est un point d’observation de plus ; une espèce de bougie nouvelle pour éclairer notre gâteau et faire danser notre joie d’être en chemin.
IL Y TOUJOURS PIRE DANS LA VIE - Celui qui nous fait mal ne nous abat jamais complètement sinon nous ne serions même plus là pour en parler. La relativité n’est pas une façon médiocre de prendre les coups. C’est au contraire aiguiser son jugement pour pointer
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avec exactitude l’origine du mal avec ses motivations sa nature et ses opportunités de se renouveler. Donc de nous aguerrir et nous préparer à les éviter la prochaine fois.
CHACUN SON JOB DANS LA VIE - Chaque élément autour de nous a sa place et sa fonction souvent très spécialisée comme c’est le cas dans le règne végétal et animal. On voit peu de déviation entre les espèces alors que l’homme est confronté à sa multi fonctionnalité. multi désirabilité si je puis dire lorsque par exemple il veut voler dans les airs sans en avoir les attributs. N’a-t-on jamais vu une rivière vouloir aboyer ou un chien vouloir être poisson ? L’universalisme de l’homme est mû par une potentialité qui domine toutes les autres activités : l’homme veut tout faire, tout réussir. C’est tant mieux que de vouloir entreprendre à condition d’y mettre les ingrédients de bonne connaissance de ce dont est réellement et seulement capable, et de réunir avec humilité toute l’information permettant de prendre la décision d’agir. A part cela, rien n’est impossible à l’homme.
RECONNAITRE LES HOMMES - Notre amour d’autrui voire notre compassion trouve sa limite dans la malfaisance qu’ils sont capables de nous occasionner. Notre résistance ne doit pas être effrontée au point de croire que notre bonne foi puisse toujours déjouer les malins autour de nous. Il est des plus forts que nous devons-nous reconnaître. Non point que leur force ou leur intelligence nous soient supérieures mais leur malignité a des voies que nous ne soupçonnons pas, que nous n’emprunterons jamais. Cette inégalité de stratégie les rend plus habiles à nous devancer. Nous ne pouvons que le constater et faire de sorte que nos chemins ne se croisent pas.
ETRE SOI MEME PARTOUT - Il est facile de parader dans un environnement qui nous est acquis. S’il en est ainsi c’est que nous l’avons sélectionné pour être sur de ne pas avoir de surprises. La vraie vie ne nous ménage pas ainsi : si nous voulons bien nous y prêter, nous nous y promenons partout en spectateur attentif pour y devenir acteur efficace , à condition de nous être bien préparé et disposé pour l’action.
AU MILIEU DU GUE - La vertu nous tente bien mais entre-temps la brillance du monde nous éblouit encore. La difficulté de virer sa cuti d’une vie purement matérielle au profit d’une démarche orientée vers notre satisfaction spirituelle existe bien. L’hésitation ne fait que traduire une décision qui n’est pas encore prise ; et en remontant la chaîne des causalités c’est parce que la réflexion est toujours en cours, faute d’informations suffisantes et pertinentes sur les mérites respectifs d’une vie uniquement matérielle et une vie uniquement spirituelle. L’opposition radicale que nous mettons prouve bien que notre esprit est à ce stade encore dans l’obscurité. Laissez faire le temps dans le sens de l’ouverture est la seule attitude, et à vrai dire la seule décision, à prendre. Il ne sert à rien de nous forcer. Il n’y a pas d’urgence. C’est le chemin et la recherche que l’on y mène qui importent car nous sommes de toute façon incapables de voir notre progression balbutiante au milieu de cette rivière. Seule une perspective de haut pourrait nous dire de quel côté de la rive nous nous trouvons. De plus haut encore ne faut-il pas laisser notre spécificité prendre son propre cours sous forme d’un mélange de matériel et de spirituel qui convient à nos intimes besoins. Personne ne peut nous exiger une radicalité idéologique. Nous n’avons pas à requérir d’étiquette de bon ou de mauvais. Nous sommes notre seul sauveteur.
TOUT CE QU’IL FAUT POUR ETRE LIBRE - En dedans de nous se sont nichés tous les ingrédients de fonctionnement correct : réflexion intérieure, capacité d’exécution extérieure.
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Ce sont les deux mains de notre liberté pour saisir le monde. Personne ne peut plus nous menotter.
DANS LES MAINS DE CE QUI DOIT ARRIVER - Accepter la vie comme elle vient fait bondir ceux qui, disent-ils, veulent se prendre en mains. L’usage de nos mains pour faire notre vie n’est pas contradictoire dès lors que l’on ne projette aucune possessivité ; et qu’au contraire on laisse place à une totale disponibilité. Ce qui arrive a en effet immédiatement besoin que nous humains nous le prenions en charge, comme si nous devions tout de suite et au fur et à mesure déblayer les alluvions amenées par une marée dont le prochain reflux ne va pas attendre notre bon vouloir. Plutôt que de réfléchir à ce que pourrait, devrait être la vie, notre prise en mains directe nous donne une très grande marge de manoeuvre et d’épanouissement.
HEUREUX LES IGNORANTS - Celui qui sait a théoriquement un avantage sur celui qui ne sait pas sauf si son préalable de connaissance devient une représentation. Au bord d’un ravin que l’on ne voit pas comment avoir peur ? Le vertige ne vient qu’en en voyant le vide et en laissant opérer en soi l’attirance du vide. Le bornage de nos informations à leur stricte réalité stoppe le libre cours de notre imagination.
LE BON USAGE DE SES AVOIRS - Nos belles fonctions ne peuvent continuer à s’auréoler de beauté que si nous les pratiquons avec vertu. La réputation des titres professionnels ou sociaux vient d’un temps mémorial où des qualités spécifiques y étaient requises : député, magistrat, agriculteur, ferronnier d’art, commerçant, sont des mots nobles au pied de leur lettre ! Mais au-delà du mot ainsi défini la différence entre les uns et les autres est dans l’exercice de ce métier Il y faut du courage, de la compétence, de la persévérance, du brio dans la forme, du sérieux dans le fond.
DISTRIBUTION DES PRIX - Les enfants se battent pour ramasser les miettes du gâteau ; les hommes aussi pour s’accaparer les honneurs de la vie sociale. Mais qu’ont-ils donc pour se précipiter ainsi sans mesure ; se donnant en spectacle de loups se jetant sur une seule proie. Il faut vraiment que la communication ait inversé le sens de nos valeurs pour nous faire accepter comme incontournable cette loi de la jungle du meilleur Ŕ meilleur de quoi, à définir ? Ŕ qui gagne. Pourtant impossible d’échapper à la curée lorsque l’on meure de faim et qu’il faut tenter sa chance coûte que coûte. Ce n’est ici que cas extrême de survie alors que nos pouvons souvent ne pas participer à la meute, nous abstenir de cette sauvage distribution et trouver en nous-même des nourritures spirituelles plus civilisées.
UNE VIE TROP ENCOMBREE SAUF PAR LA RAISON - L’accumulation de biens matériels provoque un remplissage de toutes nos cases d’activité dont celles que nous devrions réserver à notre vie intérieure. Le phénomène est physique, volumétrique. Trop c’est trop. Le désir d’avoir, l’acquisition, la possession, la conservation, le tout en boucle permanente qui se renouvelle sans discontinuer…ce tout est un processus prenant l’essentiel de la conscience de son protagoniste. Où voulez-vous aller trouver une place pour autre chose ? Que les objets inanimés puissent avoir une âme évocatrice d’élans spirituels est une vue poétique que l’on peut assumer si l’esprit intérieur a précédé l’acquisition extérieure. Penser son confort peut ainsi améliorer le cadre de ses futures réflexions. Mais l’inverse ne fonctionne pas pour qu’un consommateur malheureusement jamais repu se mette à faire parler et penser les objets dont il n’a plus l’usage. Pensons d’abord et achetons ensuite
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EST-IL ENCORE SERIEUX DE PENSER - Le métier de la pensée a la mauvaise réputation de tout ce qui n’est pas concret, touchable. Ne croire que ce que l’on peut voir fait toujours partie des principes de base de l’homme qui veut se réfugier et se protéger de tout ce qu’il ne comprend pas tout de suite. La virtualité des objets ou des concepts contemporains ne fait rien pour améliorer cette perception de l’abstrait. Donc celui qui pense est à priori suspect de ne pas être dans la réalité. A l’extrême limite on tolère la pensée si elle discourt en temps réel sur la réalité observable. Discours non stop sur ce que font les uns et les autres, ponctué de coup de sondage rapide dans l’opinion pour s’assurer que la pensée ne divague pas hors du réel. Il ne peut rien ressortir de cette navigation à vue sans tracé de comportement bien ancré. Ce qui tient lieu de pensée y flotte injustement, ballottée comme un corps mort
L’ART D’ETRE L’ARTISTE - Les instruments servent à aider le geste, qui est lui-même l’agilité externe de la conception interne. Il n’est donc d’aucune utilité de s’acheter la panoplie du parfait artiste si l’origine de l’art est absente ; quelque soit l’activité professionnelle ! Le commencement de l’acte se situe dans l’interne bouillonnement de nos informations, de nos pensées, de nos réflexions qui trouvent ensuite les instruments, accessoires nécessaires à leur exécution.
CACHE DANS SA GRANDEUR - C’est ce que nous faisons qui est grand. Ce n’est pas la taille de notre maison. Le commencement de notre processus se situe dans le tréfonds de nous-même à l’abri des regards. Non point que nous sommes discrets mais parce qu’il n’y a pour le moment rien à voir. Le processus s’ébranle et s’ébroue dans un extérieur qui ne l’attend pas. Nous y poussons nos forces pour exécuter, faire bouger, et enfin peut-être assister au changement, seul ou avec ceux qui auront la curiosité de vivre avec leur temps. Grand ou petit déplacement dans le chantier de l’humanité ? En tous cas notre contribution y aura été totalement dévouée.
CONNU POUR SON ACTION - Il est des gens inconnus très capables ; de même que des gens connus fort incapables. Par un phénomène de pouvoir proclamer ses intentions d’aucuns deviennent renommés sans même avoir agi ; et même souvent ils gardent une traîne de reconnaissance suite de la proclamation précédente sans toujours avoir commencé quoi que ce soit. Cette désespérante réputation séparée de l’action ne sert à rien puisque en termes de résultat le terrain est toujours nu ! D’autres ne disent rien de ce qu’ils font, même après avoir réussi et laissé de brillants résultats visibles par tous. A peine peut-on savoir leur nom. Mais leur oeuvre existe.
LE TEMPS QU’IL FAUT POUR ECLORE - Le processus de notre vie intérieure est un long parcours à travers des étapes concrètes pour recueillir le monde extérieur, pour le comprendre, pour l’assimiler à nos préférences, pour instrumentaliser en actes concrets. A la vitesse de la lumière, dans ce que l’on pourrait croire être une simple réaction instinctive, nous sommes vitalisés en même temps que nous vitalisons. Cette grisante vibration du monde au milieu duquel nous sommes n’est qu’une illusion. La fluidité de la boucle qui tourne en nous a besoin de calme et de sérénité alors les frottements extérieurs risquent de la déjanter. Il faut du temps, de la lumière faible qui ne nous éblouisse pas trop vite avant que le cycle de notre vie prenne son rythme et puisse enfin se laisser apercevoir.
RETROUVER SA FORME - La dérive naturelle des éléments n’échappe pas à l’homme soumis comme eux au vertige, à la pesanteur ; et à la cupidité en plus quand il s’agit de
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l’humain. Le monde des apparences ne cesse de nous tendre les bras en nous donnant l’impression qu’en son sein, tout de suite, nous existerons et nous y jouirons. En effet ses promesses sont tenues si nous nous y adonnons, le temps d’une éclosion. Puis le plaisir s’estompe et disparaît nous laissant dans un grand vide impossible à combler avec de la pensée juste que nous n’avons plus. Ne reste qu’à recommencer … Cette boucle n’a aucune raison de s’interrompre tant que nous en aurons la santé physique et financière ; mais aussi santé intellectuelle sous la forme justement paradoxale de se fermer la conscience. Le vide de réflexion y fait office de pensée. Jusqu’au jour où l’un de ces éléments de santé saute comme un plomb en surcharge de demande. C’est le temps de l’inversion de tendance pour retrouver la piste simple de notre moi interne. Que voulons-nous vraiment ? Etre heureux bien sur ! Qui est capable de nous rendre heureux sinon les bonnes conditions de notre fonctionnement. Elles sont là forcément, ignorées longtemps mais toujours existantes. Il nous faut les réidentifier, les décaper, les réentrainer, les réorienter vers les buts extérieurs. La machine peut repartir.
LE SALUT EST EN NOUS - Se prendre en mains, se garder en laisse, se relever sitôt qu’à terre, se parler, se consoler, se cajoler, se violenter. Bref, se faire toujours l’acte amical secourable dont notre moi intérieur a besoin. Cette intimité de soi est négligée comme si nous étions incapable de nous occuper de nous et qu’il fallait toujours que ce soit un autre extérieur qui nous regarde. Comme si c’était mal de penser à soi. Ce qui est mal est de se délaisser nous rendant à la fois incapable pour nous-même et inutile aux autres. LA MORT QUAND VOUS VOULEZ - Ne jamais en parler mais toujours y penser, y être prêt pourrait-on dire de la mort. Ne pas en parler parce que la parole est une transmission vers l’autre d’une pensée subjective d’un événement qui ne s’est jamais passé pour nous. Toujours y penser parce que la fragilité de nos dispositifs de vie nous commande à un entretien permanent faute de quoi notre processus s’arrête ; l’arrêt de mort. Cette disponibilité permanente entre la vie et nous est une respiration dont l’air principal ne dépend pas de nous. Il nous appartient de le humer, d’en faire notre flux de vitalisation. Notre présence dynamique peut tout pour prendre de l’air qui lui vient mais elle ne peut rien pour le créer. Le point de notre vie où nous sommes est un long aboutissement d’un voyage entrepris, avec ces étapes concrètes, cette construction de nous, cette jouissance que nous ressentons, cette entité intérieure qui est notre nous profond sensible, réfléchi, actif. Merci à la vie pour tout cela. Voilà dans quel état nous devons envisager la mort : disponible, performant, humble pour constater que nous ne fonctionnons plus très bien, persévérant pour tenir le coup avec des moyens de vie et non de survie raisonnables, acceptant ce nouvel air du temps qui nous dit de passer, de trépasser, remerciant. Etre prêt d’abord, y penser après !
NOUS NE CHOISSISONS PAS LES EVENEMENTS - Nous ne connaissons ni le jour ni l’heure ni la nature de ce que la vie nous réserve. Au lieu d’être affligé de cette incertitude permanente des événements qui nous chamboulent nous pouvons les assimiler globalement dans la certitude que ce qui doit arriver arrive sur notre frêle personne qui ne peut l’éviter. Nous sommes partie prenante des événements qui ont besoin de nous rencontrer pour justement devenir événements ! Dans cette confrontation nous sommes donc deux dont un est, l’événement, imprévisible, et dont l’autre, nous, peut être prêt. Cet éclairage n’introduit pas une notion d’égalité mais une vision d’altérité face à face dans laquelle chacun peut dire son
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mot. Le nôtre est de pouvoir présenter des valeurs claires de sorte que l’événement trouve immédiatement du répondant, de la respectabilité, voire de la résistance. Quelque soit la taille de l’adversité nous pouvons d’abord nous faire entendre. Nous pouvons commencer à nous battre avec des armes différentes de celles qui nous opposent créant ainsi un rapport de force pas forcément défavorable. Plus l’événement adverse est coriace plus sera créative notre envie de résister et de gagner. Même le plus et définitivement inconnu des événements ne nous surprendra pas si nous l’attendons avec nos valeurs qui se battront jusqu’à la mort, puisque c’est d’elle qu’il s’agit parait-il ! DEVENIR BIEN EST UN SACRE TRAVAIL - La société nous éduque à être en grande admiration du travail, du mérite, de l’acquisition des biens. Travailler plus pour gagner plus est une simplette recommandation qui veut mettre au rayon des vertus ce qui n’est qu’une opération arithmétique. Il n’empêche que la progression stakhanoviste dans toutes les formes de la vie matérielle est vénérée, respectée, adulée : le culte du veau d’or est maintenant à Wall-Street pour contagionner en jeu de dominos tombant les uns sur les autres la plus petite pension du plus modeste retraité du fin fond du pays le plus sage. Bref chacun doit s’acharner à la préservation du système qui n’a pas de solution de rechange pour le moment. En contre partie nos états d’âme sont laissés en jachère. Nous serions malheureux à cause de la crise. Mais quel travail fournissons-nous à notre vie intérieure. Quelle analyse scrupuleuse en faisons-nous ? A quelles constructions systématiquement planifiées y procédons-nous ? Quelles réflexions du bien du mal y menons-nous. Nous nous contentons de dire j’ai mal sans nous demander dans quel état nous sommes. La vie intérieure n’est pas un inné paradisiaque dont nous aurions été doté biologiquement à la naissance. C’est un embryon qu’il faut élever, nourrir, entraîner, corriger avec autant sinon plus de travail que ce que requière la vie matérielle. Penser plus pour vivre plus !
ESPRIT SAIN DANS UN CORPS SAIN - La logique d’avoir de bons outils pour effectuer un bon travail se vérifie chez l’homme qui doit être disponible pour agir. Notre animalité évoluée a du bon pour nous ramener aux bons sens de nos fonctions premières de boire, manger, dormir, se chauffer, se prémunir, se nettoyer, se vêtir, être bien pour agir. En opposition, la pensée qui méprise ces bases de notre survie matérielle se donne l’audace de vouloir aller très haut et de prendre le risque de nous couper de notre spécificité d’avoir les pieds sur terre. L’homme animal pensant est un concitoyen obligé à la rencontre et à l’échange avec l’autre. Les principes spirituels qui essaient de nous satelliser au-dessus de la mêlée de nos humains voisins font une erreur de perspective. Ce qui peut nous distinguer et nous habiller avec pertinence doit être un travail personnel que nous faisons dans notre fort intérieur. L’emprunt à l’extérieur de modes qui nous affublent n’est qu’une mascarade inefficace pour nous-même et socialement incorrecte pour les autres qui ont à supporter nos divagations.
LA BEAUTE CA SE VOIT - La société nous voit d’abord à travers la silhouette physique que nous lui présentons. Nous-même nous nous regardons comme une entité qui des pieds à la tête enveloppe notre vie intérieure. Comment négliger cette imbrication du corps et de l’esprit en délaissant le premier qui serait donc inutile au second. Le corps ne pense pas en tant que cellule mais il abrite physiquement, comme un toit de la pluie, le flux de nos pensées qui circulent. Un délabrement externe a une incidence sur la fluidité interne. Mécaniquement les perturbations physiques occupent l’espace et le temps de notre vitalité psychique. En sens inverse l’esthétique du beau fonctionnement devient un accélérateur de nos pensées qui se trouvent mises en valeur dans l’écrin que nous leur dressons. La performance vers ce beau
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s’arrête là où commencent le maquillage et le décor factice ; encore qu’une certaine part de spectacle dont nous ne sommes pas dupes soit un stimulant jubilatoire pour l’esprit.
SERVICE DEPANNAGE INSTANTANE - Décider d’attendre demain pour faire ce qui doit et peut se faire aujourd’hui est un montage de notre pensée, une représentation d’un processus introduisant de la lâcheté au détriment d’un devoir. Le report à plus tard est un acte contre notre nature : nous aurons à traiter deux fois le problème que nous remettons dans un premier temps et que nous aurons à reprendre dans un deuxième temps. La tâche reportée occulte ce que serait devenue la situation réparée : nous aurions pu profiter immédiatement après exécution ; alors que le délai à plus tard remet aussi à plus tard l’avènement du nouveau. Nous y perdons, la société y perd ; un sentiment pessimiste de non réalisation et d’habitude à ne pas faire s’installe ; sans qu’en revanche qui que ce soit n’y trouve un avantage.
NETTOYAGE PAR LE VIDE - Le futile doit vivre sa vie sans que nous y portions attention. Son devenir ne nous intéresse que s’il se hisse au niveau de l’utile. C’est à lui de voir mais il n’existe pas vu qu’il est pour le moment futile.
PLAISIRS ATTENTIONNES - Il vaut mieux entreprendre de bien faire tout ce que l’on fait. Même les plaisirs ont besoin que l’on y mette un effort de disponibilité afin que ses effets nous pénètrent le plus efficacement. La détente est une entente avec nous qui demande notre consentement
SE FAIRE LA COUR A SOI - Quitte à être plaisant commençons par nous plaire à nous même. Encore faut-il avoir constitué en nous des objets désirs, des motifs d’admiration, des éléments spirituels réels que nous nous envierions si nous n’étions pas déjà nous ! L’aisance que nous en ressentons n’a pas à rougir d’une suffisance déplacée car il n’y a en nous qu’un chantier bourdonnant dont nous nous réjouissons.
LA VOLONTE EST LE JET QUI NOUS PROJETTE- En influx sur toutes nos dispositions intérieures un jet puissant propulse la vitalité qui passe en nous et la rediffuse dans le monde extérieur en bien, en mal. Il dépend de ce jet volontariste de faire correctement le travail.
REALISME DU PENSER JUSTE - Personne n’ose tancer la science ou la mécanique en opposant son ignorance à la connaissance. Les preuves ne se discutent pas. En revanche tout un chacun a sa petite idée sur le bien penser et l’essai de vivre juste de ses contemporains. Un relativisme ambiant s’escrime à déstabiliser toutes les tentatives dans un presque rien et un je sais tout attrape mouches populiste habillé de démocratie. Cet égalitarisme ne permet à personne de s’arroger le titre d’arbitre des élégances de la bonne pensée ; sauf nous, qui pour notre domaine, vaste puisque c’est le seul qui nous concerne, pouvons et devons croire au réalisme de la pensée juste en tant que moyen d’avoir pour nous-même et en externe des valeurs de référence.
C’EST L’INTENTION QUI COMPTE EN PREMIER - Pour ne pas commettre d’erreurs il faut d’abord vouloir ne pas en faire. Volonté structurée sur une vision du bon travail que nous voulons et des bons moyens que nous devons y mettre pour le réaliser. Ce bardage protectif de notre pensée volontariste est tout ce que nous pouvons présentement faire. La faute, l’erreur
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qui survient est dans la réalité du déroulement mais pas dans l’intention. Les prochains chantiers qui nous solliciteront seront nourris par l’expérience y compris de celle des erreurs, avec l’intention ferme de ne pas les recommencer.
REMMETTRE SA DECISION EST REFUSER D’AGIR - Lorsque l’on dispose de toutes les informations et de tous les moyens pour commencer un chantier et que celui-ci est disponible notre recul devant l’obstacle veut dire que nous ne sommes pas prêts, que nous ne voulons pas. C’est notre décision mais dans ce cas ne disons pas que nous voulons. La continuation de ce que nous désirons quitter est un contre sens que nous laissons agir dans notre fonctionnement interne. Nous prenons le risque de laisser s’opposer et s’arbitrer toutes seules la bonne décision de changer - fruit d’une profonde analyse - à la facilité de ne pas changer - pourrissement et aliénation interne -. Nous seul pouvons décider entre les deux. Pourquoi attendre si nous en avons tous éléments ?
UN SECRET RIEN QUE POUR NOUS - Si nous ne voulons pas que quelque chose se sache gardons-le strictement pour nous. C’est une loi mécanique qui veut que tout ce que nous laissons partir ne nous appartienne plus. Le secret éventé est réellement porté par des vents qui ne nous demandent jamais la permission d’aller là où ils le veulent. Il n’existe aucun verrouillage pour assujettir le cours d’un secret confié fut-ce avec les plus sures garanties. Les choses doivent ou ne doivent pas être dévoilées à autrui. C’est une de notre grandeur que d’être ce gardien qui ouvre et ferme la porte de notre intérieur, pour laisser sortir et entrer ce que nous seul décidons. EPONGER LA CONFIDENCE DE L’AUTRE - Nous ne pouvons pas agir pour les autres ; mais les écouter n’est pas un acte, c’est une disponibilité. La nature humaine a un besoin de partage qui rend tout un chacun élément auditif et compassionnel de ses contemporains. Le fait d’être là comme un témoin de la vie des autres provoque la bonne ressource. Nous hésitons souvent à nous investir dans cet accueil parce que la peur nous prend de devoir agir pour remédier ; alors que le premier service demandé est que nous écoutions, que nous soulagions momentanément du fardeau en tant que poids physique trop lourd à supporter tout seul. Souvent l’anticipation à proposer notre aide saccage la disponibilité de notre attention pour l’autre écourtée. La proposition de ce que l’on ferait à la place de l’autre est inopérable pour lui. Nous ne sommes pas lui. Il n’est pas nous. Il a des sentiments et une expression dont il ne recherche que la paroi de résonance. A nous ne pas y être des murs.
BRILLANT CAUSEUR - Ceux qui aiment parler et recevoir beaucoup de confidences font partie du monde des relations qu’il ne faut pas confondre avec la possibilité de la pensée. Il faut admettre que la conversation puisse être un divertissement social fait comme un ping-pong oral où l’on s’échange des bons mots sous couvert d’intelligence. On peut y jouer en prenant garde à ce que l’on y met car dès lors que la partie est commencée les mots fusent et confusent sans plus jamais nous appartenir ou nous revenir intact.
*obernai 13 février 2010*